Oum, quand le retour aux origines se confond avec la défense d’une cause noble

Par : Mustapha Sguenfle
M’hamid El Ghizlane – Sur le site de M’hamid El Ghizlane, près de la kasbah Sidi Khalil, ancien point de départ des grandes caravanes transsahariennes, et sous une tente au milieu des dunes, Oum El Ghait Bent Sahraoui, plus connue sous le nom de Oum, est en train de répéter en compagnie de son groupe quelques heures avant d’illuminer la troisième et dernière soirée de la 5ème édition du festival Taragalte (15-17 novembre).

Aux yeux de cette chanteuse à la voix flutée et timbrée, cette participation pullule de significations. Tout d’abord, elle revêt un caractère essentiellement humain.

“A travers les frères (Halim et Ibrahim) Sbai (respectivement directeur et directeur artistique du festival), j’ai pu établir un lien véritable avec mes origines au Sahara, ce qui m’a permis de mieux connaitre la culture Hassani, sachant qu’en tant que sahraouie d’origine et artiste musicienne, c’est une culture qui m’a intéressé depuis quelques années déjà”, a-t-elle confié à la MAP.

La star de la musique Soul, déjà invitée en tant que marraine du festival lors de la précédente édition, a brillamment canalisé l’émotion que lui a inspirée cette désignation, en la transformant en une chanson célébrant le retour aux origines, un tube baptisé “Taragalte”.

La deuxième signification que revêt cette participation émane de la désignation, par les organisateurs du festival, de Oum en tant qu’ambassadrice du projet Caravane culturelle pour la paix, qui partira fin janvier de M’hamid El Ghizlane, pour se rendre aux camps de réfugiés à Ouagadougou (Burkina Faso) avant d’atteindre le Mali (Tombouctou et Ségou) dans l’objectif d’y animer des soirées artistiques. Oum représentera le Maroc lors de cette initiative à grande portée humanitaire, notamment à travers son dernier album “Soul of Morocco”.

“Cette distinction me touche beaucoup et je pense que c’est aussi une responsabilité. J’espère être à la hauteur pour faire suffisamment la promotion de ce projet humanitaire”, a affirmé Oum, qualifiant le soutien aux réfugiés d'”initiative louable et très importante à rééditer”.

Cette caravane donne une autre dimension au festival de Taragalte, qui ne se résume pas au simple divertissement. “Ce festival a un certain mérite grâce à sa portée écologique (plantation d’un nombre d’arbres chaque année) et sa mise en valeur du travail culturel des femmes”, estime l’artiste native de Casablanca.

A cette occasion, Oum n’a pas omis d’inviter tous les marocains à faire le déplacement à M’hamid El Ghizlane pour y découvrir le berceau de la culture nomade et, partant, explorer un important affluent de l’identité marocaine, à savoir la culture Hassani.

Oum incarne l’artiste dont le retour aux origines est permanent et l’engagement au profit des justes causes humaines sans faille.

Née à Casablanca le 18 avril 1978, elle rejoint, alors qu’elle était très jeune, une chorale de Gospel. A 17 ans, elle écrit et chante son premier titre Tel est ton cœur pour soutenir une opération caritative (Les malades du cœur). En 1996, elle intègre l’Ecole d’Architecture de Rabat et poursuit ses études jusqu’en 2002, année dans laquelle elle est remarquée par Philippe Delmas qui l’invite à Paris où elle passe deux ans. En rentrant au Maroc, en 2004, elle va à la rencontre de nouveaux univers, le Gnaoui et le Hassani, dans lesquels ses origines sahraouies trouvent un écho.