Fouad Guessous, Quand les perles du Malhoun ornent la langue de Molière !
Par Nizar Lafraoui
Rabat – A l’abri des lumières, Fouad Guessous, fervent passionné de la culture nationale, s’est embarqué dans une aventure qui sort des sentiers battus. Traduire, ou plutôt restituer, des perles de l’art du Melhoun dans la langue de Molière n’est-il pas un défi qui place bien haute la barre de la création littéraire et artistique ?
“Anthologie de la poésie du Melhoun marocain”, un projet pilote dans le domaine de la documentation artistique et de la traduction des joyaux de la culture marocaine populaire, n’a pourtant pas été accueilli comme il se doit par les médias et les institutions concernées par le patrimoine culturel national.
Ce travail hautement culturel est le fruit d’un effort personnel de ce cadre bancaire à la retraite, qui n’a jamais cru pouvoir un jour accéder aux univers de la culture populaire nationale par la porte du Melhoun. Il est d’autant plus impressionnant de la part de quelqu’un qui était incapable de citer ne serait-ce qu’un seul poème du Melhoun, même les plus célèbres. Mais, le hasard ne favorise pas que les esprits préparés, comme diraient certains.
C’est alors qu’il se penchait, un jour, à l’écriture de son roman “le procès du temps”, dont le texte faisait dans un passage référence à une bougie qui fond au fur et à mesure que les minutes s’égrènent, que Fouad Guessous “tomba sous le charme” de la qaçida “Echamaa” (bougie) de Mohamed Cherif Ben Ali, interprété, dans une de ses versions, par “Jil Jilala”. Et c’est ainsi que débuta l’aventure de Fouad Guessous au large de cet océan poétique populaire.
Il se rappelle dans un entretien à la MAP comment sa relation à ce pan du patrimoine culturel oral allait se raffermir, en assistant en 2002 au festival de l’art du Melhoun à Fès. Il s’était mis juste après à traduire des extraits de qçayeds et les remettait à des praticiens et chercheurs, qui l’encourageaient à aller de l’avant.
Son projet veut renvoyer un double message, tente-il d’expliquer. Un adressé aux jeunes marocains qui n’ont pu gouter à la beauté et l’esthétique de ces textes poétiques, et puis au public étranger pour tenter de susciter une reconnaissance internationale à l’art du Melhoun et le faire sortir de sa dimension locale.
Publié avec le soutien de l’association douze siècle de la vie d’un Royaume, l’”Anthologie de la poésie du Melhoun marocain” est un recueil de 63 poèmes traduits en français, tout en gardant la version arabe d’origine. Il passe en revue pas moins de 32 poètes du 15è siècle à aujourd’hui.
Dans ce même élan, l’auteur a aussi publié “le Melhoun marocain dans la langue de Molière” en plusieurs tomes et le “Cerbère-harraz- dans l’imaginaire marocain”.
C’est un homme habité par la poésie du Melhoun qui tente de percer les secrets de cet art.
“Les textes sur lesquels j’ai travaillé démontrent toute la grandeur et l’éloquence du dialecte marocain et se placent au même rang que les créations poétique mondiales les plus sublimes”, explique Fouad Guessous, qui dit parler en connaissance de cause, car il a une bonne idée des chefs d’œuvre poétiques français et anglais.
Sur le fond, les maitres du Melhoun, souligne Guessous, ont abordé des thèmes qui touchent à des univers aussi larges les uns que les autres. Il cite à titre d’exemples “les épreuves de la vie et les secrets de l’âge” dans les textes de Sidi Kaddour Al Alami, la chose politique dans le poème “Ennahla” de Thami Lamdghri, interprété par Nass Al Ghiwan, des invocations éternelles comme “Al Fiachia” de Yahya Chergui ou encore la critique des mutations sociales comme dans une qaçida sur l’apparition de la voiture dans les débuts du siècle dernier.
Parmi les conclusions qu’il tire de ce projet, il note que le Melhoun donne une idée avant-gardiste sur les conditions de la femme et crée sa formule propre de la relation d’amour. “Alors que le destin tragique attend les amoureux dans les textes classiques européens, l’amoureux marocain finit, dans les textes du Melhoun, par rencontrer son âme-sœur”.
Avant lui, des chercheurs français se sont intéressé à la poésie du Melhoun il y de cela un siècle, mais l’auteur marocain fait observer que leurs tentatives n’ont pu dépasser la simple traduction littérale, alors que sa maitrise du contexte culturel et social lui ont permis, lui, de traduire le corps et l’âme du texte, sans sacrifier sa profondeur expressive.
“Le terrain de la recherche en Melhoun est encore vide”, selon Fouad Guessous, qui n’oublie pas pour autant de citer les contributions valeureuses de l’ancienne génération des chercheurs représentée par Mohamed Al Fassi, Abbès Al Jirari ou Ahmed Sehoum.
Enfin, c’est bien regrettable, se désole Fouad Guessous, de délaisser une page lumineuse de la culture marocaine populaire, aussi bien par les chercheurs que par les institutions concernées, qui “n’encouragent pas les initiatives qui célèbrent et valorisent ce pan du patrimoine nationale”.
Lire aussi
Fès: Des experts examinent les enjeux de la santé sur le lieu de travail
Les participants à la 18ème réunion annuelle de l’association Santé au travail (ASAT) ont examiné, samedi à Fès, différents enjeux liés à la question de la santé sur le lieu de travail.
Événement annuel du PMI Maroc: Des experts discutent du rôle de l’IA en tant que nouvel allié des managers
Des experts du Project Management Institute (PMI) ont souligné, samedi à Rabat, l’importance de l’Intelligence artificielle (IA) pour les managers, mettant en avant les usages, différentes opportunités ainsi que les défis, limites et enjeux de cette technologie disruptive.
El Jadida: Tomber de rideau sur la 22e édition des JARHs
Le rideau est tombé, samedi à El Jadida, sur la 22ème édition des Journées Africaines des Ressources Humaines (JARHs Maroc 2024), placée sous le thème “Capital Humain et Développement Durable en Afrique : Le temps de l’Audace !”.
Dernière Heure
-
Fès: Des experts examinent les enjeux de la santé sur le lieu de travail
-
Événement annuel du PMI Maroc: Des experts discutent du rôle de l’IA en tant que nouvel allié des managers
-
El Jadida: Tomber de rideau sur la 22e édition des JARHs
-
Le Festival international du cinéma et immigration d’Oujda souffle sa 12è bougie
-
JARHs 2024: la qualification du capital humain, un “enjeu clé” pour l’Afrique (Panélistes)
-
Sénégal: Cérémonie religieuse à l’occasion de la célébration du 60-ème anniversaire de l’édification de la Grande Mosquée de Dakar
-
Tétouan: Ouverture de la 24è édition du festival national du théâtre
-
Collectivités territoriales : l’AMPCC et l’Association des élus de France s’associent pour renforcer la coopération décentralisée