Le SG du CCME met en exergue l’initiative royale d’élaborer une nouvelle politique en matière d’immigration
Rabat- Le Secrétaire général du Conseil de la Communauté marocaine à l’étranger (CCME), M. Abdallah Boussouf a mis en exergue l’initiative royale d’élaborer une nouvelle politique en matière d’immigration.
“Au CCME, nous ne pouvons que saluer cette initiative surtout qu’elle s’inscrit en parfaite harmonie avec les résultats de l’enquête que le Conseil avait réalisées sur le thème de la migration illégale vers le Maroc”, a souligné M. Boussouf dans une interview à la MAP, dont voici le texte intégral :
Question : Après une série de rencontres organisées par le CCME sous le thème “Marocaines d’ici et d’ailleurs”, le conseil s’apprête à tenir une nouvelle édition après avoir ajourné celle de l’année dernière. Dans quel objectif organisez-vous cet évènement et quels sont les résultats attenus ?
Réponse : Cette rencontre s’inscrit dans le droit fil du programme d’action du conseil consacré à l’étude des questions de la femme marocaine dans les espaces migratoires, programme dont la mise en oeuvre est placée sous la supervision du groupe de travail “approche genre et nouvelles générations” composé de femmes parmi les membres les plus actifs du CCME.
Il est à rappeler que l’édition de Dakar intervient dans le prolongement d’un processus amorcé il y a cinq ans dans le souci de dresser un diagnostic scientifique rigoureux de la migration féminine en s’appuyant sur une large approche participative associant, aux côtés des membres du conseil, des acteurs académiques, politiques et de la société civile au Maroc comme dans les pays d’accueil.
Déjà les deux premières éditions de ce rendez-vous, tenues à Marrakech sous le Haut patronage de SM le Roi respectivement en 2008 et en 2009, en présence de plus de 800 participantes venues des quatre coins du monde, ont servi de cadre pour l’échange et le dialogue entre des femmes marocaines et leurs compatriotes expatriées. Ces rencontres ont aussi permis d’établir un premier diagnostic sur les problématiques de la femme marocaine établie à l’étranger, surtout celles se rapportant aux droits de l’Homme.
Compte tenu de la diversité des problèmes auxquels sont confrontées les migrantes d’un espace socio-économique à l’autre et d’un contexte socio-économique à l’autre, il s’est avéré impératif d’analyser de près les questions des communautés d’immigrées en vue de mieux cerner les spécificités de la migration des femmes marocaines dans chaque région du monde.
Dans cette optique, le CCME a organisé des rencontres régionales avec les Marocaines résidentes en Europe et aux Amériques. C’est ainsi que la capitale belge Bruxelles a accueilli un évènement de ce genre en décembre 2010 alors que Montréal a abrité une rencontre régionale en mai 2011.
Il est vrai que les changements survenus au Maroc après l’adoption de la nouvelle Constitution ont incité le conseil à se pencher sur des sujets d’actualité durant l’année précédente et à focaliser son agenda sur une forte participation au grand chantier constitutionnel. Toutefois, le programme d’action a été maintenu et poursuivi.
Le rendez-vous de Dakar, cette année, vient justement parachever cette série de rencontres qui seront couronnées par une réunion consacrée à l’examen des questions de la femme marocaine immigrée dans les pays du monde arabe, laquelle réunion est prévue avant la fin de l’année en cours.
Question : La rencontre de Dakar prévue les 20 et 21 septembre sera dédiée aux Marocaines résidant aux pays d’Afrique subsaharienne, sous le thème “les Marocaines d’Afrique subsaharienne : trajectoires et défis”. Quel objectif fixez-vous pour cette rencontre et quels seront les sujets à débattre à cette occasion?
Réponse : Il faut souligner l’importance particulière qu’accorde le Conseil à cette rencontre. Même si les Marocains établis dans les pays d’Afrique subsaharienne ne dépassent pas les 10.000 personnes, un chiffre qui reste faible par rapport à d’autres continents, il est évident que leur présence dans cette partie du monde prend de l’ampleur par sa qualité, sa forte symbolique et ses spécificités bien établies.
Ces migrants et migrantes sont installés dans les pays du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest, à savoir le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Mali, le Cameroun, le Gabon, la Guinée, l’Afrique du Sud, le Bénin et le Burkina Faso. Il s’agit là d’une présence inscrite dans la durée et bien enracinée au fil du temps, ce qui révèle au grand jour la dimension historique des échanges humains entre le Maroc et son espace africain. Ces interactions remontent aux débuts du Moyen Age avec leur corolaire de brassages socio-culturels et spirituels, une dynamique qui n’a cessé jusqu’à nos jours de raffermir les liens entre les Marocains et les peuples d’Afrique.
Et si la région d’Afrique subsaharienne est demeurée une destination pour les migrants marocains dans la période moderne jusqu’à la fin du 19ème siècle, force est de constater qu’on assistait à un afflux parallèle de subsahariens pour s’établir dans différentes régions du Maroc.
Cette présence marocaine a vu son ampleur changer au cours du 20e siècle dans le sillage des mutations rapides à cette époque. C’est dire que les communautés marocaines résidant dans les Etats subsahariens sont l’illustration même d’un cheminement historique des relations entre le Maroc et ces pays.
Dans ce contexte, les femmes marocaines s’affirment comme étant un acteur clé dès lors qu’elles représentent 34.66 pc de cette communauté, un taux important compte tenu des nouvelles générations de Marocains. A cela s’ajoute le fait que les trois dernières décennies ont connu des changements profonds en rapport notamment avec l’ancrage des migrants dans ces pays et l’émergence de nouvelles catégories socio-économiques, dont des success-stories féminines en matière d’intégration économique, sociale ou politique. En revanche, il y a des femmes qui vivent dans une situation de précarité et se trouvent, de ce fait, privées même de leurs droits.
Le rendez-vous de Dakar se penchera en gros sur l’analyse de la situation de la femme marocaine expatriée dans cette région dans la perspective d’établir un pronostic précis de ces problèmes et d’explorer les solutions possibles afin de lui permettre de jouir de ses droits fondamentaux. De même, il sera question de mener une réflexion sur la valorisation de cette présence de qualité au service bien compris des migrantes, de leur pays d’origine et des pays d’accueil.
Question : Cette rencontre coïncide avec la dynamique lancée au Maroc, conformément aux Hautes orientations de SM le Roi Mohammed VI, concernant l’élaboration d’une nouvelle politique d’immigration, en harmonie avec les valeurs de la société marocaine, les principes des droits humains et du droit international humanitaire. Comment le Conseil perçoit-il cette nouvelle initiative. Est-ce qu’il a contribué dans ce changement qualitatif, en sa qualité d’instance consultative sur les questions de l’immigration en général et celles de la communauté marocaine à l’étranger en particulier ?
Réponse : C’est une décision sage et audacieuse que SM le Roi a prise sur la base du rapport thématique du Conseil national des droits de l’homme (CNDH) sur la situation des migrants issus de l’Afrique sub-saharienne.
Il va sans dire que les Hautes orientations royales, adressées au gouvernement, afin de procéder à l’élaboration d’une nouvelle politique pour mieux appréhender les questions migratoires, reflètent la détermination du Souverain de promouvoir les différents aspects humains de l’approche de la migration en général, et de consacrer la place du Maroc en tant que terre d’accueil et de transit et de brassage socio-culturel, reflétée par l’histoire et confirmée par le présent.
Au CCME, nous ne pouvons que saluer cette initiative surtout qu’elle s’inscrit en parfaite harmonie avec les résultats de l’enquête que le Conseil avait réalisées sur le thème de la migration illégale vers le Maroc, en partenariat avec plusieurs instituts internationaux, comme l’Institut britannique des recherches dans les politiques publiques, le Centre de recherche sur la migration de l’Université britannique de Sussex, le Centre d’accueil des femmes (Grande-Bretagne), la Plateforme internationale de coopération sur les immigrés irréguliers (Belgique), le Centre de développement et de recherche (Niger), avec l’appui de la Commission européenne.
Les résultats de l’enquête, réalisée en juillet 2012, ont été présentés à Rabat en présence de plusieurs experts et responsables. Elle a été sanctionnée par une série de recommandations qui ont mis l’accent sur la nécessité d’une révision des politiques publiques en rapport avec ce dossier. Ce rapport a été publié en juin 2013. Le Conseil de la communauté marocaine à l’étranger a apporté une contribution technique et financière à ce projet, à travers une coordination entre les deux cas examinés, à savoir ceux des immigrés issus de l’Afrique sub-saharienne en situation irrégulière au Maroc et le cas du retour des immigrés illégaux au Royaume. Le Conseil a organisé également un séminaire international sur ce programme en juin 2013 dans la Capitale belge, Bruxelles.
Nous sommes ravis de la concordance des résultats de cette étude avec ceux contenus dans le rapport du CNDH. Nous suivons également avec un grand intérêt les efforts du gouvernement visant à accélérer le rythme de la mise en œuvre des Hautes orientations de SM le Roi concernant une nouvelle politique de l’immigration à travers l’élaboration d’un plan d’action et la constitution de commissions spécialisées.
Le Conseil de la communauté marocaine à l’étranger, en tant qu’institution consultative en matière des questions migratoires, en vertu du Dahir portant sa création, reste disposé à poursuivre sa contribution dans ce chantier national important en mettant son expertise, ses efforts et le réseau de ses partenaires, à la disposition du Gouvernement, en plus de la mise à profit des expériences et des acquis des Marocains du monde accumulés dans les pays d’accueil, qui constitueront sans nul doute une valeur ajoutée dans la mise en œuvre de cette nouvelle politique.
L’élaboration d’une nouvelle politique d’immigration au Maroc aura sans aucun doute des répercussions positives sur la situation des différentes communautés marocaines établies à l’étranger, notamment en ce qui concerne les aspects relatifs aux questions des droits fondamentaux.
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