El Ghiwan : une révolution artistique ancrée dans la réalité socio-culturelle marocaine

El Ghiwan : une révolution artistique ancrée dans la réalité socio-culturelle marocaine

jeudi, 12 septembre, 2024 à 9:49

Casablanca- El Ghiwan est l’un des mouvements artistiques phares de la musique marocaine contemporaine. Fondé dans des années 1970 qui marquaient les prémisses de la “belle époque” celle du phénomène des groupes, El Ghiwan a non seulement réinventé la musique dans le Royaume mais a aussi joué un rôle dans le façonnement de la culture populaire pendant plusieurs décennies.

Le groupe El Ghiwan est né dans un contexte socio-politique assez singulier. À la fin des années 60 et au début des années 70 du 20è siècle, le Maroc était en pleine mutation aux niveaux politique, social et culturel, avec de grandes aspirations nourries suite à la libération du joug du colonialisme. Ce climat de changement a favorisé l’émergence de nouveaux mouvements culturels qui reflétaient les désirs et les frustrations des jeunes générations.

Selon le professeur de journalisme et des médias à la faculté des lettres et des sciences humaines Ain Chock (FLSH-UH2c), Hassan Habibi, Nass El Ghiwane se sont distingués par leur approche artistique innovante qui a profondément influencé la culture populaire et les formes musicales traditionnelles. Laquelle influence a transcendé les frontières et gardé une longévité exceptionnelle.

Leur succès n’a pas été le fruit du hasard, mais le résultat d’un échange entre plusieurs jeunes artistes de différentes disciplines artistiques (acteurs, humoristes, musiciens..). Tous ont joué un rôle crucial dans le soutien et la formation de ce projet artistique audacieux, a-t-il soutenu.

C’est un groupe qui naissait grand, transcendant la superficialité commerciale et créant une musique qui célèbre les valeurs collectives tout en s’opposant au narcissisme et à la célébrité excessive.

“Leur musique n’était pas simplement une expression artistique détachée de la réalité, mais un parcours réfléchi, profondément enraciné dans le patrimoine populaire marocain. En capturant les moments lumineux et la générosité émotionnelle de ce patrimoine, ils ont réussi à révéler et à libérer des énergies souvent cachées ou marginalisées”, a estimé M. Habibi dans un entretien accordé à la MAP.

La force de l’expérience de Nass El Ghiwane procède des milieux modestes qui ont forgé ses membres. Issus de classes défavorisé de Casablanca, notamment du quartier mythique de Hay Mohammadi, ils portaient chacun un background culturel différent.

“Leur art a incarné une approche sincère et audacieuse, vouée à révolutionner la musique marocaine tout en restant fidèle à la réalité sociale du Maroc qui est aussi la leur. L’impact de leur musique a été retentissant”, a-t-il dit.

Tout d’abord, la passion et la détermination de membres comme Boujemiâ et Laarbi Bâtma ont été décisives. Leur acharnement à puiser dans le patrimoine, des contes populaires et des “Aïtas” témoigne de l’attachement à la terre et au patrimoine des ancêtres. Ces choix ont valu à Nass El Ghiwane une popularité surréaliste, jamais démentie.

Il faut dire aussi qu’Abdelaziz Tahiri a contribué significativement à consolider a singularité du groupe en apportant toute cette splendeur de l’art malhoune qui venait en rajouter de la magie à un métissage artistique jamais osé auparavant.

Selon M. Habibi, cette contribution a ajouté une profondeur supplémentaire à l’œuvre, enrichissant le répertoire d’El Ghiwane avec des éléments traditionnels qui avaient eux aussi besoin d’une nouvelle vie.

De leur côté, Omar Sayed et Allal Yaâla ont concentré leurs efforts, eux, à l’exploration des rythmes et chants traditionnels menacés de disparition, selon M. Habibi. Cette diversité de talents et de centres d’intérêt au sein de Nass El Ghiwane leur a permis de développer une alternative esthétique remarquable.

Pour Mohamed Belhaj, ancien directeur de Nass El Ghiwan, le groupe, en introduisant une nouvelle forme de musique populaire totalement revisitée, a créé une nouvelle dynamique culturelle qui a marqué la scène musicale au Maroc et ailleurs.

Il a également eu une influence importante au niveau politique et social, a estimé M. Belhaj, notant que leurs chansons au ton critique, étaient le porte-voix des préoccupations populaires et un facteur de façonnement d’une conscience sociale et politique au Maroc.

“L’héritage d’El Ghiwane perdure aujourd’hui”, a-t-il insisté, soulignant que le groupe a non seulement laissé une empreinte indélébile sur la musique marocaine, mais a aussi inspiré de nombreux artistes contemporains. Leur influence se fait sentir dans la musique populaire marocaine moderne, où les jeunes artistes continuent d’explorer et revisiter ce patrimoine musical.

Les paroles de leurs chansons sont particulièrement sensibles aux attentes des classes sociales défavorisées, emplis de métaphores et de références aux réalités quotidiennes, a-t-il souligné, ajoutant : “Les concerts de rétrospective, les albums de compilation, et les hommages rendus à Al Ghiwane témoignent de la reconnaissance éternelle à l’endroit de leur oeuvre”.

Ainsi, s’est réjoui M. Belhaj, El Ghiwane demeure une icône intemporelle, léguant un héritage durable qui continue de résonner dans la société marocaine contemporaine. Leur parcours illustre comment la musique peut servir de vecteur puissant pour l’expression culturelle et le changement.

Lire aussi

La Première ministre de la RDC salue l’excellence des relations maroco-congolaises et plaide pour leur renforcement

mardi, 26 novembre, 2024 à 17:50

Le Premier ministre de la République démocratique du Congo (RDC), Suminwa Tuluka Judith, a salué, mardi à Rabat, l’excellence des relations bilatérales entre le Maroc et son pays, aspirant à les renforcer davantage dans un esprit de coopération Sud-Sud.

ADM : Démarrage des travaux de transformation des nœuds autoroutiers de Ain Harrouda et de Sidi Maarouf

mardi, 26 novembre, 2024 à 17:38

La Société nationale des Autoroutes du Maroc (ADM) a annoncé, mardi, le démarrage des travaux de transformation des nœuds autoroutiers de Ain Harrouda et de Sidi Maarouf, pour un investissement global de 1,1 MMDH.

Casablanca : Ouverture des travaux de la 7ème Conférence Internationale TIM’24

mardi, 26 novembre, 2024 à 16:47

La 7ème édition de la Conférence Internationale sur les Technologies de l’Information et la Modélisation (TIM’24) s’est ouverte mardi à la Faculté des Sciences Ben M’Sick, relevant de l’Université Hassan II de Casablanca (UH2C).