Aux mains de Hasnaâ Ferreira, la magie du chocolat opère

Aux mains de Hasnaâ Ferreira, la magie du chocolat opère

lundi, 19 août, 2024 à 10:21

Par Amal Tazi

Bordeaux – “J’ai eu le plaisir de faire de mon rêve ma passion et aussi mon métier”. C’est non sans fierté que Hasnaâ Ferreira revient sur son parcours atypique qui lui a permis de percer dans le club restreint des chocolatiers de l’Hexagone.

A la tête actuellement de deux enseignes à Bordeaux (sud-ouest de la France), avec des projets d’expansion à l’international notamment à Casablanca, sa ville natale, la jeune entrepreneuse a dû essayer “plein de métiers” à son arrivée en France avant de croiser “le chemin du chocolat”, confie-t-elle à la MAP.

“J’ai choisi le métier de chocolatier parce que je suis gourmande et parce que j’apprécie beaucoup cette matière que je trouve extraordinaire”, avoue cette maman épanouie de deux filles.

Mais le vrai “déclic”, précise-t-elle, lui était venu avec la naissance de son aînée, poussée dans son élan par un mari tout aussi passionné qui, graphiste de profession, n’a pas hésité à la rejoindre dans cette aventure familiale en contribuant à la création des écrins valorisant ses gourmandises.

En quête de reconversion, celle qui était mannequin à ses débuts hésitait encore il y a quelques années entre une carrière de chef de cuisine ou de fleuriste, mue par l’envie d’explorer “un produit végétal”, avant de se fixer sur la piste du chocolat en 2012, année de sa participation remarquée à l’émission Masterchef, concours de cuisine amateur à forte audience sur la télévision française.

“Je venais d’avoir ma fille et ce n’était pas compatible de travailler dans la restauration avec ma vie de jeune maman”, explique-t-elle, avant d’enchaîner : “ma passion pour le chocolat a fini par l’emporter dans mon choix de carrière”.

De son passage à Masterchef, la désormais chocolatière confirmée garde le souvenir d’une “belle expérience” qui fut aussi son premier contact avec la gastronomie française, avant d’obtenir une année plus tard son certificat d’aptitude professionnelle (CAP) de chocolatier-confiseur.

Le concours lui a surtout permis, retient-elle, d’”apprendre un peu plus sur comment on envisage le goût et les saveurs” en France, pays mondialement reconnu pour sa gastronomie et son art de vivre.

“C’était vraiment très enrichissant de par le contact avec d’autres candidats et de professionnels”, affirme celle qui, après des stages auprès de chocolatiers français de renom, a pu lancer en 2014 sa propre marque à Bordeaux : Hasnaâ Chocolats Grands Crus.

Très vite, Hasnaâ s’est vue faire un nom en tant que chocolatière, et s’offrir la reconnaissance de ses pairs en France. Dès 2016, elle obtient l’AWARD de la meilleure chocolatière de l’année, équivalent à 3 étoiles Michelin dans le domaine du chocolat, pour accumuler ensuite les récompenses les plus prestigieuses.

Le trophée des femmes de l’économie récompensant les dirigeantes d’entreprises en France, et celui des Marocains du monde qu’elle vient de recevoir cette année à Marrakech demeurent néanmoins, à ses yeux, les distinctions les plus chères à son cœur.

Le secret de sa réussite ? Elle l’attribue à l’originalité de ses créations et la particularité de son approche par rapport à la matière première.

“L’approche que j’ai voulu mettre en valeur en créant mon entreprise c’est de valoriser le côté terroir du chocolat et valoriser la matière première noble sans trop la dénaturer”, détaille cette promotrice de la philosophie “Bean to bar”.

Sa chocolaterie est, en effet, l’une des rares à fabriquer directement “de la fève à la tablette” une très grande partie de sa production, en faisant en sorte de préserver la matière avec le souci d’éviter de rajouter d’éventuelles substances susceptibles d’en altérer la nature. Le cacao utilisé dans ses recettes provient de marchés réputés d’Amérique latine (Brésil, Nicaragua et Pérou), mais aussi d’Asie (Philippines et Inde) et d’Afrique (Ouganda et Tanzanie), autant de contrées et de cultures qu’elle a pu découvrir et explorer grâce au chocolat.

Outre les tablettes “Bean to bar”, présentées comme “produits signature” de sa marque, son offre s’est étoffée avec une gamme dite “classique”, composée d’une variété de bonbons au chocolat, ganache et praliné, vendus dans des écrins de différentes quantités, et une autre dite de “gourmandises” comprenant des confits enrobés (oranges, guimauves, gingembre) et des pâtes à tartiner, dont une à base d’huile d’olive du Maroc.

Une manière d’apporter une touche marocaine à ses créations plébiscitées aujourd’hui par une clientèle bordelaise fidèle qui apprécie l’audace de la chocolatière d’intégrer des ingrédients reflétant ses origines : coriandre, anis…

Plus d’un clin d’œil, Hasnaâ trouve “totalement naturelle” cette tendance de “puiser un peu dans nos souvenirs d’enfants pour pouvoir créer, parce que c’est tout ce qu’on sait”.

“C’est clair et net, quand je touche un produit pour le travailler, mon cerveau va chercher dans ma mémoire lointaine. Ces ingrédients y sont gravés. Donc je ne pouvais pas concevoir effectivement travailler des recettes sans les intégrer”, admet-elle.

Hasnaâ compte aller encore plus loin en imaginant d’ores et déjà des “créations spéciales” pour la prochaine ouverture de sa boutique à Casablanca, qu’elle espère concrétiser d’ici la fin de l’année ou au plus tard au printemps 2025, grandes périodes de vente de chocolat.

Elle table sur ces produits, à base d’argan, de fleur d’oranger ou encore de dattes, pour enrichir sa gamme, à commercialiser aussi bien en France qu’au Maroc.

Celle-ci comprend aussi des tablettes “fantaisie”, dont une avec “de la corne de gazelle” en cours de conception, révèle-t-elle.

A la veille de prospecter de nouveaux marchés, avec également le Japon et les Etats-Unis dans sa ligne de mire, c’est en chef d’entreprise lucide qu’elle assure aujourd’hui que ses ambitions “ne sont pas juste financières ou économiques”, la stratégie de sa chocolaterie étant dictée d’abord, dit-elle, par “la passion et la volonté de voir son entreprise évoluer d’une manière très saine et sereine, pour pouvoir affronter les difficultés de la vie”.

Cette conviction lui permet d’aborder l’avenir avec confiance et le sentiment d’avoir bien fait le bon choix de carrière.

“Le chocolat est vraiment la matière qui m’a réconciliée avec le travail, m’ouvrant une voie que je n’imaginais même pas. En travaillant le chocolat, je n’imaginais pas découvrir autant de pays et autant d’apprentissage”, confirme-t-elle.

Et de conclure : “Si j’ai quelque chose à dire à ceux qui se lancent dans une activité ou en reconversion professionnelle, c’est continuer à croire en soi et surtout être aligné avec ses propres valeurs. C’est très important parce que tout cela se ressent, et le client apprécie cette sincérité et honnêteté”.

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