La crise de la Covid-19 a été l’occasion de s’interroger sur les acquis et les faiblesses des secteurs sociaux dans les économies en développement
Rabat – La crise de la Covid-19 a été l’occasion de s’interroger à la fois sur les acquis et les faiblesses des secteurs sociaux dans les économies en développement, souligne une publication récente du think-tank marocain Policy Center for the New South (PCNS), intitulée “Renforcer la résilience des systèmes de santé en Afrique : le référentiel allemand”.
Au-delà des réactions très rapides et efficaces des autorités politiques et des professionnels de santé, cet épisode est l’occasion de faire un diagnostic des systèmes de santé, relèvent les auteurs de ce policy brief, ajoutant que l’enseignement que l’on peut tirer de la pandémie de la Covid-19 est qu’il est indispensable pour les pays de renforcer “significativement” la résilience de leur système de santé.
A cet égard, les auteurs de la publication prennent la résilience du système de santé allemand face à la Covid-19 comme exemple et expliquent que seuls les pays ayant investi “suffisamment” et “efficacement” en matière de santé, “tel est le cas de l’Allemagne”, arrivent à tenir le coup et à paraître plus résilients face à cette pandémie.
En effet, bien que ce pays soit fortement touché par la pandémie, son taux de létalité (4.3%) reste très faible, en comparaison avec l’Italie ou ce taux s’élève à 13,8%, l’Espagne 10,1% ou, encore, la France où il s’établit à 14,8%, font-ils savoir, notant que l’Allemagne est parmi les pays qui allouent une part considérable de leurs budgets au financement de la santé.
Évoquant la part “substantielle” des dépenses de santé allouée à la rémunération du personnel, la publication souligne par ricochet que le pays compte autour de 4,3 médecins pour 1000 habitants.
“Cette densité reste tout de même élevée, en comparaison avec la France et la Belgique où on recense environ 3 médecins pour 1000 habitants”, précise la même source.
S’agissant du nombre d’infirmiers, l’Allemagne se positionne également en tête de liste avec une densité de l’ordre de 12,9 pour 1000 résidents, poursuit l’analyse, révélant que le pays est également doté d’une grande capacité litière (8 lits d’hôpitaux pour 1000 Habitants) et dispose de 28.000 lits de soins intensifs avec assistance respiratoire.
Par ailleurs, dans le domaine de la santé, des résultats importants ont été obtenus sur le continent africain comme le montrent les données récentes en termes d’espérance de vie et de la disponibilité des traitements contre les grandes causes de morbidité, estiment les contributeurs à cette publication.
Ils rappellent néanmoins l’épisode récent de l’épidémie d’Ebola, qui a nécessité la mobilisation de moyens humains et financiers “conséquents” mais surtout de l’aide internationale, et qui a montré que les systèmes de santé restent “vulnérables” à des chocs de grande ampleur.
A leurs yeux, le contexte actuel de la pandémie de la Covid-19 met en évidence le fait que nombre de pays notamment ceux du continent africain ne semblent pas préparés à absorber des chocs d’une telle ampleur.
Quant aux acquis “indéniables” du secteur de santé sur le continent africain, ils nuancent le constat précité en indiquant, entre autres, que l’espérance de vie à la naissance, qui est l’indicateur le plus usuel pour mesurer les performances et l’efficacité des systèmes de santé dans les pays, a connu une progression continue partout, et notamment en Afrique depuis près de 60 ans.
Entre 2000 et 2017, l’Afrique a gagné quasiment 10 années, avec une espérance de vie désormais aux alentours de 60,8 ans, font-ils observer, notant que cette performance, rarement vue depuis les indépendances, est imputable aux progrès en matière de survie de l’enfant, de lutte contre la malaria et à la baisse de la létalité du VIH Sida.
En dépit de cela, les auteurs de la publication jugent plus loin que dans la région Afrique, la performance globale des systèmes de santé -une mesure intégrée de la capacité des pays à améliorer l’accès aux services, la qualité des soins, la demande communautaire de services et la résilience aux flambées- demeure “faible”.
Ils estiment à cet effet que les principales insuffisances résident plus particulièrement dans l’accès aux services essentiels et la résilience des systèmes face aux flambées, deux dimensions pour lesquelles l’indice de performance se situe à hauteur de 0,32.
En ce qui concerne les dépenses par habitant en matière de santé, la publication rappelle que l’Afrique subsaharienne qui dépensait en moyenne 101 dollars par habitant, en 2000, a atteint le seuil des 198 dollars en 2016, soit un bond “significatif” de près de 96%.
“Mais si l’on considère l’Allemagne comme référence, il ressort que les besoins en matière de santé pour les populations sont éloignés du seuil de résilience”, tempèrent-ils.
En définitive, les auteurs de ce policy brief estiment que quels que soient les sous-objectifs et indicateurs retenus, des dimensions principales devront en être les charpentes à savoir l’efficacité des dépenses de santé, la qualité de l’offre de santé et le rôle important des organisations d’intégration régionale.
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