Moubachara Maakoum: Abdellah Laroui appelle à l’usage d’une langue arabe “simplifiée” dans l’enseignement et Nourredine Ayouch plaide pour une langue “médiane” entre le dialecte et l’arabe
Rabat – L’appel à l’usage du dialecte dans l’enseignement préscolaire a été mercredi soir le thème d’un débat télévisé ayant réuni l’historien et écrivain marocain, agrégé de langue et civilisation arabe, M. Abdellah Laroui, et l’acteur associatif et publicitaire, M. Noureddine Ayouch, dans le cadre de l’émission “Moubachara Maakoum”, diffusée par la deuxième chaîne de télévision nationale “2M”.
D’emblée, M. Ayouch, président de la fondation Zakoura-Education, a insisté sur la nécessité de l’utilisation de la langue maternelle dans l’enseignement préscolaire et primaire au profit des enfants au lieu de la langue arabe littéraire, relevant que l’enfant trouve des difficultés à communiquer avec l’enseignant qui fait usage d’une langue totalement différente de celle qu’il entend ou en usage chez soi.
Dans ce cadre, il a fait savoir que la hausse des taux de déperdition scolaire parmi les élèves est due au fait que “l’école ne prend pas en considération la personnalité de l’enfant”, notant que l’UNESCO avait souligné l’importance de l’usage de la langue maternelle dans l’enseignement préscolaire.
Dans l’autre camp, M. Laroui a estimé que l’appel à l’usage de la “darija” dans l’enseignement préscolaire est “une initiative superflue” puisque l’enseignant communique déjà avec l’enfant en dialecte durant les trois premières années d’enseignement, et par conséquent, a-t-il martelé, les appels émanant du colloque organisé récemment sont déjà applicables en réalité.
Il a, en outre, fait savoir que le “principal obstacle qui se dresse devant l’usage du dialecte ou de la darija en enseignement est lié à l’alphabet avec lequel sera écrite cette langue”, rappelant que l’administration coloniale française avait formé en 1934 une commission composée de plusieurs experts pour examiner les moyens d’officialiser le dialecte en tant que langue nationale dans le Royaume. Cette commission avait conclu à l’époque que c’est une option non applicable, a-t-il dit.
Répliquant aux propos de M. Laroui, M. Ayouch a indiqué que “la communication est une chose et l’enseignement en utilisant la langue maternelle en est une autre”, tout en faisant référence à des expériences de plusieurs pays qui ont prouvé l’efficience et l’efficacité de l’usage de la langue maternelle dans l’enseignement préscolaire, notamment dans les pays africains.
Réagissant à cet effet, M. Laroui a soutenu cette thèse en affirmant que “l’usage de la darija entre trois et six ans ne pose aucun problème”, relevant que “le secret de réussite de certains pays européens tels que le Danemark c’est l’intérêt accordé à l’enseignement fondamental”.
Il a aussi fait valoir que le dialecte est un moyen pour faciliter l’apprentissage et la diffusion des informations, insistant sur la nécessité de simplifier les règles d’enseignement de la langue arabe. Dans ce sens, il a mis l’accent sur l’importance de l’organisation de sessions de formation au profit des enseignants pour leur permettre d’enseigner en une langue arabe simplifiée qui sera facile à l’enfant d’apprendre et de comprendre.
De son côté, M. Ayouch a plaidé pour une langue “médiane” entre le dialecte et l’arabe littéraire, ajoutant que l’appel à l’utilisation du dialecte en enseignement vise à donner plus de rayonnement à cette langue comme c’est le cas dans d’autres pays arabes.
M. Laroui a par ailleurs fait part de son rejet de considérer le dialecte comme une langue nationale, arguant que le dialecte ne peut pas être une langue de culture à classer au même rang que les langues étrangères.
A rappeler qu’un colloque sur l’éducation sous le thème “le chemin de la réussite” organisé récemment à Casablanca par la fondation Zakoura avait appelé dans ses recommandations à “faire des langues maternelles dès le préscolaire puis dans les premières années du primaire la langue d’enseignement pour l’acquisition de savoirs”.
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