Insécurité routière : les initiatives vont crescendo pour faire cesser l’hémorragie

-Par : Abdelilah EDGHOUGHI-

Rabat – Face à la lourde facture socioéconomique de l’insécurité routière, des initiatives voient le jour et se multiplient pour faire cesser l’hémorragie que représente cette “guerre d’usure” des accidents de circulation.

De fait, le lourd fardeau socioéconomique causé par la recrudescence des accidents n’a pas découragé l’État et ses partenaires qui, à travers des initiatives enclenchées à l’occasion de la Journée nationale de la sécurité routière le 18 février, cherchent à ancrer une culture de sécurité routière communautaire et plus englobante.

A cet égard, l’Agence nationale de la sécurité routière (NARSA), célébrant la journée de cette année sous le signe “Mon initiative pour la vie”, a organisé en partenariat avec l’Académie régionale d’éducation et de formation de Rabat-Salé-Kénitra, une rencontre régionale pour la distribution du kit pédagogique pour la sécurité routière.

Cet évènement a été l’occasion pour le lancement d’une série de formations autour de l’éducation routière.

Qualifiant l’axe de l’éducation routière de stratégique, le directeur de la NARSA Benacer Boulaajoul, a relevé que cette opération vise à permettre aux enseignants de dispenser et d’animer des cours et des sessions d’éducation routière au sein des établissements scolaires.

Lors de cette rencontre, à laquelle ont pris part entre autres des représentants de la Gendarmerie royale et de la préfecture de police de Rabat-Salé-Kénitra, une session de formation sur la sécurité routière a été dispensée par deux formateurs régionaux au profit des cadres relevant des établissements scolaires provinciaux.

Sur un autre registre, l’expert en stratégie et sécurité Hassane Saoudi a déclaré à la MAP que “la sécurité routière fait partie des dix-sept (17) Objectifs de développement durable” à atteindre à l’horizon 2030.

“L’ODD onze (11) prévoit dans sa cible deux (2) d’assurer l’accès de tous à des systèmes de transport sûrs et viables à un coût abordable, en améliorant la sécurité routière notamment par le développement des transports publics”, a fait savoir cet ex-colonel de la Gendarmerie royale, notant qu’une attention devra être accordée aux besoins des personnes vulnérables, des femmes, des enfants, des personnes handicapées et âgées.

Par ailleurs, l’année 2020 s’est caractérisée par une baisse significative des divers indicateurs de la sécurité routière, comme conséquence directe des mesures préventives et des dispositifs de sécurité instaurés dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire, selon les statistiques de la Direction générale de sûreté nationale (DGSN).

C’est ainsi que 58.785 accidents physiques de la circulation ont été enregistrés contre 70.915 en 2019, soit une baisse de plus de 18%, un indicateur qui se reflète directement à travers le nombre total des blessés graves et légers dont le nombre a reculé de plus de 23%. Il en est de même pour le nombre de morts en périmètre urbain, avec une diminution dépassant 26,40% en 2020 en comparaison avec l’année précédente.

Cette tendance à la baisse a été relevée au niveau du bilan des opérations de contrôle routier, avec 454.399 procès d’infractions au Code de la route l’an dernier, contre 567.714 en 2019, soit une baisse d’environ 20%. La même baisse a été observée en termes de procès d’infractions et d’amendes forfaitaires et transactionnelles, qui sont passés de 1.456.517 en 2019 à 1.176.954 l’année suivante.

Parallèlement à cette baisse, les services de la police de circulation ont continué d’utiliser des applications informatiques de gestion numérique, à des fins de numérisation et de stockage de documents de contrôle routier, pour englober cette année les villes de Rabat, Salé, Kénitra, Tanger, Tétouan et Al-Hoceima.

Il a été aussi procédé à la mise en œuvre du programme de gestion numérisée des PV relevant des accidents de la route, dans la ville de Kénitra comme étape expérimentale, dans la perspective de le généraliser à l’ensemble du territoire national, dans le cadre d’un projet à court-terme qui mise sur la généralisation de l’infrastructure informatique pour inclure tous les documents liés à la sécurité de circulation et numériser les procédures de suivi et de contrôle.

De même, la DGSN fait observer qu’elle a continué d’équiper la police de circulation d’outils de contrôle routier de pointe qui consistent, cette année, en la distribution d’un deuxième lot de 140 radars mobiles fonctionnels en toute heure et quelles que soient les conditions météorologiques. Sans oublier l’achèvement et la diffusion d’une version révisée du guide du contrôle routier au profit des agents et fonctionnaires de police, afin de garantir leur formation en matière de sécurité routière.

S’agissant des statistiques de la Gendarmerie royale en matière de sécurité routière durant l’année 2020, il a été procédé au contrôle de 3.391.393 véhicules sur 397.107 contrôles routiers, ainsi qu’à la constatation de 1.300.000 infractions reparties entre 1.072.533 amendes transactionnelles et forfaitaires (ATF) et 254.282 procès-verbaux, en exécutant ainsi 2.423.800 heures de services.

Autant dire que la tendance baissière des statistiques des accidents de circulation et le renforcement des contrôles routiers surtout au niveau des zones accidentogènes permettent sans conteste d’améliorer les indicateurs de la sécurité routière et d’accélérer la cadence des actions déployées en vue d’atteindre les ODD d’ici 2030.