“Femmes-Auto” à Dakar : Mains de velours, poings d’acier

“Femmes-Auto” à Dakar : Mains de velours, poings d’acier

jeudi, 3 mars, 2016 à 11:36

Par Abdelatif Abilkassem : Bureau de la MAP à Dakar)

Dakar – Des voitures en phase de réparation, d’anciens moteurs, des pièces de rechange éparpillées ici et là, un sol noirci par le cambouis de véhicules et de graisses résultant de produits d’entretien et un va-et-vient incessant d’employés au milieu d’un brouhaha des grondements de moteurs réparés et remis en marche : à première vue, “Femmes-Auto”, un garage de maintenance automobile dans la capitale sénégalaise, Dakar, ne diffère en rien des autres ateliers de mécanique dans les quartiers populaires de la ville.
De prime abord, rien de particulier ne distingue “Femmes Auto”, au demeurant d’une superficie moyenne et doté de modestes équipements, ni en fait une exception dont on soucierait outre mesure, n’était ce le fait que “le Maître des lieux” n’est pas un homme à la physique bien bâtie comme il est de coutume dans ce genre de métiers, mais une “femme mécanicienne” qui a tenu à bousculer les hommes dans un champ qui leur était exclusivement réservé, balisant ainsi la voie à d’autres filles pour lui emboiter le pas et tenter l’expérience que d’aucuns résument par l’expression “mains de velours dans un gant de fer”.
L’idée de la création de ce projet avait, en effet, effleuré l’esprit de la patronne de l’atelier, Mme Ndey Coumba Mboup, comme elle l’explique elle-même à la MAP, depuis des années lorsqu’elle avait terminé une formation spécialisée en mécanique automobile pendant trois ans, dans les années 90 du siècle précédent à l’institut professionnel Sénégal-Japon à Dakar. Après un passage de plus de dix ans dans des entreprises du domaine, elle a enfin entamé l’expérience de l’auto-emploi.
“J’ai créé mon entreprise +Femme-Auto+ en 2006 avec mes propres moyens”, souligne d’emblée Mme Koumba Amboub, en évoquant le récit de sa vie professionnelle, relevant qu’elle avait choisi de s’ouvrir sur les titulaires de diplômes dans la spécialité de maintenance automobile, notamment parmi la gente féminine.
Sur le choix de ce métier classé d’ordinaire comme relevant strictement du ressort des hommes, elle répond sereinement : “La mécanique, pour moi, est un métier comme bien d’autres. D’aucuns se trompent en estimant que son exercice est l’apanage exclusif des hommes.. Et pour cause : On croit que ce métier demande une force physique, alors qu’en vérité il requiert une vigueur mentale et du savoir-faire”.
Et de faire observer qu'”avec les outils modernes de réparation et d’entretiens de véhicules dont on dispose aujourd’hui, cela est devenu beaucoup plus aisé”.
“A un certain moment, 15 jeunes filles travaillaient avec moi dans l’atelier, mais leur nombre a régressé du fait que la plupart d’entre elles s’étaient mariées et en conséquence n’étaient pas en mesure de réconcilier le travail domestique avec leurs activités professionnelles”, soutient-elle.
Et d’ajouter : “Bien qu’aujourd’hui un grand nombre des employés qui travaillent à l’atelier sont des hommes, les femmes ne sont pas moins compétentes qu’eux”.
Anna Bangoura est l’une des jeunes employées ayant rejoint l’atelier “Femmes Auto” depuis neuf ans après avoir obtenu un diplôme en mécanique automobile. Portant une tenue souillée par les huiles des moteurs, et coiffée d’une casquette de jeunes, elle semble bien concentrée dans la réparation du moteur de l’une des voitures.
“Une femme mécanicienne ?”, Angora n’y trouve rien de surprenant, elle, qui travaille en tant que technicienne dans le domaine de mécanique. “C’est un métier noble et je l’aime beaucoup”, affiche-t-elle.
Bangoura plonge avec aisance ses mains dans les vannes du moteur, l’examine pour détecter l’origine de la panne, joint un fil à l’autre et remet une bougie dans sa place. Confiante, elle assure : “certains clients préfèrent désormais que je répare leurs voitures à chaque fois qu’elles tombent en panne parce qu’ils mesurent bien mon savoir-faire”.
Non loin de Bangoura, se tient son camarade Meryema Sar (19 ans) à côté d’un autre collègue de travail qui inspectait méticuleusement l’un des véhicules. La jeune fille qui vient d’entamer un stage à l’atelier depuis seulement 8 mois, était tout ouïe et attentive aux remarques et diagnostics de son collègue.
Cette expérience, Meryema qui n’avait suivi aucune autre formation au préalable, a voulu la tenter pour acquérir un métier qui la met à l’abri du chômage.
“Ce stage est important pour moi. Ma famille et mes camarades au travail m’y encouragent. Certes la profession est difficile, mais je m’y adapte rapidement”, résume-t-elle.
Bangoura, comme Meryema, ne cachent plus leur joie d’exercer ce métier de réparation et d’entretien des véhicules, comme elles ne cachent pas leur satisfaction du travail dans l’atelier “Femme Auto” et leur ambitions de créer chacune son propre projet, à l’instar de leur patronne et modèle Coumba Aboup.
C’est justement cette ambition que la directrice de “Femmes Auto” s’emploie à inculquer à ses protégées, tout en les incitant à prendre l’initiative et à être courageuses pour franchir le monde des affaires, même les domaines supposés être la chasse gardée des hommes, estimant que le succès de son projet en est la preuve.
Pour le message qu’elle veut adresser aux femmes à l’occasion de leur journée internationale, Coumba Aboup n’y est pas allée par quatre chemins : “Nous devons avoir de la volonté et savoir ce que nous voulons.. C’est de cette façon seulement que nous pouvons contribuer à la construction de notre pays et du monde”.
A ses dires, “chacun d’entre nous doit jouer sa partition pour réaliser le progrès escompté”.

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