Tanger séduit les Espagnols comme au bon vieux temps

Tanger séduit les Espagnols comme au bon vieux temps

mardi, 16 juillet, 2013 à 12:37

Par Hicham Boumehdi.

Tanger-  Ville cosmopolite par excellence, Tanger a de tout temps attiré des ressortissants de plusieurs pays venus y élire domicile, un phénomène qui se perpétue grâce au développement économique enregistré dans la région durant la dernière décennie et qui séduit en premier lieu les voisins espagnols.

Rien de plus normal pour une ville à laquelle on a donné, pendant la période coloniale, un statut international ayant consacré sa position de carrefour des cultures et des civilisations et de point de passage entre l’Afrique et l’Europe. Une époque qui a profondément marqué l’esprit et la personnalité de Tanger et en a fait une ville ouverte sur l’autre, terre de rencontre et de cohabitation.

Beaucoup d’Espagnols vivaient à Tanger et ont contribué à forger sa renommée cosmopolite, y érigeant tout un quartier jouxtant la médina et donnant sur la mer, du côté du port et de la plage municipale. L’un des joyaux de cet ensemble architectural n’est autre que le Grand théâtre de Cervantès, témoin de la vie culturelle et mondaine de cette époque.

Si beaucoup d’Espagnols, à l’image des autres communautés étrangères, ont quitté le pays après l’indépendance, d’autres sont restés attachés à leur terre d’accueil, perpétuant la tradition de cohabitation et d’échange avec les Marocains.

Parmi eux, Juan Bernardo Guillen Garcia, né à Tanger en 1929. Cet ancien coiffeur et correspondant de journaux en Espagne et à Tanger, est un témoin vivant des différentes mutations de la ville depuis l’époque internationale jusqu’à nos jours.

En guise de synthèse de sa riche mémoire, M. Garcia retient surtout la profonde amitié et le respect mutuel qui ont toujours marqué les rapports entre Espagnols et Marocains à Tanger. Dans une déclaration à la MAP, il estime que cette entente est facilitée par le fait que de nombreux Tangérois sont hispanophones.

“J’ai vécu les meilleurs années de ma vie ici à Tanger, une ville accueillante dotée d’un charme unique qui ne laisse aucun de ses visiteurs indifférent”, a-t-il dit.

Au fur et à mesure, ces Tangérois de cœur ou de naissance ont été rejoints par de nouveaux arrivants avec de nouveaux profils.

Il s’agit d’abord des entrepreneurs, hommes d’affaires et industriels espagnols venus investir dans un marché jeune et prometteur, situé à quelques encablures de chez eux. Ils ont vite flairé la bonne affaire dans une ville qui se dotait de zones franches et d’un statut fiscal spécial, propice au développement des investissements.

Dans une déclaration à la MAP, le président de la Chambre espagnole de commerce et d’industrie de Tanger, José Estevez, a indiqué que quelque 200 entreprises espagnoles ou à capital mixte avec participation espagnole sont installées un peu partout dans la ville du Détroit.
Les entreprises industrielles se concentrent notamment au niveau de la zone franche d’exportation (TFZ), la zone industrielle de Moghogha et dans d’autres nouvelles zones.

M. Estevez a souligné que les investisseurs espagnols trouvent dans le Maroc un environnement accueillant et chaleureux, tout en bénéficiant du développement des infrastructures industrielles et logistiques, notamment dans la région de Tanger qui s’est dotée durant la dernière décennie d’un port aux dimensions internationales, Tanger Med, et de plusieurs autres infrastructures facilitant le développement des affaires.

Le rapprochement culturel entre les deux peuples et les similitudes dans le mode de vie, notamment avec le Nord du Maroc, contribue à la bonne intégration des Espagnols dans le tissu social de la ville.

Selon M. Estevez, les Espagnols déploient davantage d’efforts qu’il y a 20 ans en matière de rapprochement culturel, y compris à travers l’apprentissage de la langue arabe, et sont fortement impliqués dans les initiatives à caractère social, signe d’une pleine symbiose avec la société marocaine.

Durant ces dernières années, d’autres profils de nouveaux arrivants viennent s’ajouter aux hommes d’affaires, fonctionnaires de l’enseignement et du service culturel espagnol et retraités qui formaient jusque-là l’essentiel de la communauté espagnole installée au Maroc.

Il s’agit de cadres supérieurs et moyens, petits entrepreneurs ou travailleurs dans différents secteurs tels l’ingénierie, le commerce, le bâtiment et la restauration, qui ont choisi de s’installer de l’autre côté du Détroit de Gibraltar dans le sillage de la crise économique dont souffrent plusieurs pays d’Europe, y compris l’Espagne.

Toutefois, ce phénomène assez récent reste difficilement quantifiable, en l’absence de chiffres actualisés faisant la distinction entre travailleurs, touristes de longs ou courts séjours et autres profils.

L’Institut national espagnol de la statistique avait indiqué dernièrement que le nombre d’Espagnols installés au Maroc, deuxième communauté étrangère après les Français, a été multiplié par 4 entre 2003 et 2011, atteignant plus de 10.000 personnes.

A noter que le ministère de l’Intérieur a récemment recommandé aux ressortissants de pays européens, qui séjournent ou travaillent au Maroc à titre temporaire ou permanent, de remplir les formalités relatives à leur séjour et à leurs occupations professionnelles. Il s’agit d’améliorer les conditions de séjour de ces étrangers, de veiller sur leur sécurité et de leur assurer leurs droits.

Même si on ne peut parler d’un afflux de migrants venus de la rive Nord de la Méditerranée, le fait que de plus en plus d’Européens, notamment des Espagnols, choisissent de s’installer au Maroc, renseigne sur le potentiel économique du pays, perçu comme une terre d’opportunités en pleine évolution.

A Tanger, cette tendance vient simplement confirmer la vocation de cette ville généreuse et ouverte sur le monde en tant que croisée des chemins et haut lieu de brassage culturel, un trait de caractère qui l’a accompagné tout au long de son histoire.

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