Sport durant le Ramadan : Un véritable engouement aux risques bien réels

Sport durant le Ramadan : Un véritable engouement aux risques bien réels

vendredi, 26 juillet, 2013 à 10:17

Par Khalid Attoubata.

Rabat – Entre coutumes qui subsistent ancrées dans les mœurs et traditions ancestrales ne cessant de perdre du terrain dans la vie moderne des jeûneurs marocains, l’activité sportive se taille une place de choix dans la longue et abrupte journée de ce mois de ramadan estival.

Simple passe-temps pour certains et véritable nécessité corporelle pour d’autres, l’exercice sportif pendant ce mois sacré soulève diverses questions, à savoir, entre autres, si le sport et le Ramadan sont compatibles et si les pot-au-feu et les diabétiques encourent des dangers en entamant un programme occasionnel pendant ce mois.

A quelques dizaines de minutes de la rupture du jeûne, une longue file indienne galope le long de la route du Royal Golf Dar Es Salam, intriguant les usagers de l’avenue Mohammed VI, par le nombre impressionnant de joggeurs venus aviver l’ambiance d’habitude paisible de cette forêt-galerie située à la lisière de Rabat.

Ces jeunes et moins jeunes, hommes et femmes, viennent visiblement de partout de la capitale, comme en témoigne les rangées de voitures stationnées au bord de la route, sous les regards des éléments de la police qui patrouille l’avenue et scrutent les sentiers.

“Si certains croient que le sport et le Ramadan ne vont pas de pair, l’exercice physique m’est personnellement un moyen d’adapter mon corps aux difficultés physiques liées au jeûne”, confie Aziz, un marcheur habitué des espaces verts de Dar Es Salam, approché par la MAP.

“Le sport permet également de se débarrasser des calories superfétatoires, de favoriser l’élimination des toxines de notre corps et de rester au meilleur de sa condition physique”, ajoute-t-il en croisant les mains avec sa femme, férue, elle aussi, de ces chevauchées ramadanesques.

“Une des vertus de ce mois béni, c’est qu’il permet une régularité dans la pratique sportive que l’on ne peut maintenir pendant le reste de l’année pour de multiples raisons liées, pour l’essentiel, au travail et ses horaires peu favorables”, explique-t-il, disant ne pas dépasser une heure d’exercices qu’il programme juste avant la rupture afin d’éviter la déshydratation.

Un peu plus derrière dans la file, deux femmes ont choisi de courir côte à côte, histoire, disent-t-elles, de prendre soin l’une de l’autre en cas de malaise.

“A notre âge, avec cette chaleur de plomb et le jeûne, on aura toujours besoin de quelqu’un à ses côtés”, lance Hind, relevant, par ailleurs, que l’affluence remarquable des joggeurs en ce mois sacré ne la surprend plus. “C’est devenu même un cachet ramadanesque”, fait-elle observer.

Pour ce qui est de la période de la journée propice à l’activité sportive, Sofia affirme de son côté qu’étant donné qu’elles travaillent après le Ftour, elles n’ont d’autre choix que de courir durant la dernière heure précédant la rupture.

Si la majorité de la foule a choisi du jogging ou de la marche, une grande figure du sport national, l’ex directeur technique de la Fédération royale marocaine d’athlétisme, Aziz Daouda a opté, lui, curieusement, pour la bicyclette.

T-shirt serré multicolore et cuissard en élasthanne, Aziz Daouda, qui n’a visiblement rien à envier aux cyclistes pro, explique, en grand connaisseur, qu’il a préféré le vélo pour le travail physique et musculaire équilibrés qu’elle engendre.

L’expert international en athlétisme, qui a marqué de son empreinte l’âge d’or de l’athlétisme national, estime, en outre, que cette foule immense est attirée notamment par l’ambiance agréable des lieux, le trafic réduit des voitures et la sécurité qui y règne.

En effet, durant le Ramadan, l’activité sportive suscite un véritable engouement. Or, que ce soit du football, du jogging, de la musculation ou de tout autre genre sportif, l’effort physique à jeun est non sans risques. Mais alors est-ce le sport et le ramadan sont compatibles?.

A question simple réponse simple. “Le sport et le ramadan sont bien compatibles et même sans aucun risque”, tranche Boujamâa Zahi, spécialiste en médecine du sport, soulignant, néanmoins, qu’il y a plusieurs “consignes de prudence” à respecter pour parer à d’éventuels malaises.

Avant d’entamer tout programme sportif, une consultation du médecin, un bilan clinique, biologique, radiologique et électrique du c ur s’imposent, notamment en ce mois béni qui coïncide cette année encore avec une vague de chaleur torride, relève-t-il dans un entretien avec la MAP.

“Les gens qui ne sont pas habitués à l’effort physique doivent aller doucement et se contenter de la marche dans un premier temps pour une durée de moins de 40 min par jour, tout juste avant la rupture du jeûne”, poursuit l’ex-médecin de l’équipe nationale de football, actuellement président de la Fédération marocaine de médecine du sport.

“Aux personnes âgés, il est recommandé de faire du sport en groupe de manière à s’entraider en cas de malaise, de privilégier la pratique en plein air et d’éviter les jours à forte chaleur”, conseille M. Zahi.

La progression, un temps suffisant de récupération, un bon sommeil et une alimentation équilibrée, sont les composantes fondamentales d’une pratique sportive saine pendant le mois de ramadan, conclut M. Zahi, l’ancien chef de service du centre médico-sportif des FAR.

Pendant chaque ramadan, un autre dilemme persiste. Des personnes diabétiques, auxquels le jeûne peut être déjà extrêmement nuisible, tiennent à poursuivre leurs activités sportives pendant ce mois.

“Normalement, le sport est fortement conseillé pour les diabétiques et peut même favoriser l’équilibre hormonal, mais cela dépend du type de diabète, l’âge du patient et l’existence ou non d’autres problèmes de santé particulièrement de nature cardiaque”, affirme Dr. Jamila Rhandi, endocrinologue-diabétologue à Rabat.

“Il n’y a pas de sports spécifiques à conseiller pour les personnes diabétiques. Les personnes n’ayant pas l’habitude de faire du sport et qui choisissent d’entamer une activité sportive au mois de ramadan sont tenues à commencer doucement et à faire très attention à leur taux de sucre dans le sang, ajoute-t-elle, tout en insistant sur l’impératif de rompre son jeûne au moindre souci.

En ce qui concerne la période propice pour l’activité sportive, Dr. Rhandi préconise que le moment optimal pour ce faire se situe deux ou trois heures après le Ftour, la personne ayant mangé et pris une quantité suffisante d’eau, notant qu’il serait toujours bien préférable de s’entrainer dans des endroits assez aérés.

“Les principaux dangers qu’encourent les personnes diabétiques étant l’hypoglycémie et l’insuffisance rénale, liée à la déshydratation, je conseille les gens de consulter un médecin avant le mois de ramadan, de se faire dresser un bilan médical, de choisir une période propice dans la journée pour pratiquer le sport et de boire énormément d’eau après le ftour”, a insisté Dr. Rhandi, par ailleurs présidente du club endocrino-Rabat.

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