Présidentielle autrichienne: un second tour à haut risque

Présidentielle autrichienne: un second tour à haut risque

jeudi, 1 décembre, 2016 à 11:48

    (Par Rachid Sami)

Vienne – Les autrichiens qui s’impatientent depuis des mois pour élire leur président, seront appelés dimanche prochain à voter de nouveau pour départager deux candidats diamétralement opposés, en l’occurrence, Alexander Van der Bellen, un homme de gauche de sensibilité centriste et face à lui, pour la première dans l’histoire des élections présidentielles en Autriche, le candidat du parti de la liberté (FPÖ-extrême droite), Norbert Hofer.

Dans les sondages comme dans l’esprit des analystes, les deux candidats sont au coude-à-coude, ce qui renforce l’idée d’un second tour incertain et à haut risque avec l’éventualité d’une victoire de M. Hofer, battu de justesse lors d’un premier scrutin en mai dernier, par la suite annulé en raison de vices de procédure. Ce qui représenterait un véritable séisme politique, non seulement dans ce petit pays alpin, mais dans l’ensemble de l’Europe. Notamment au sein de l’Union européenne qui aura pour la première fois parmi ses membres un pays présidé par un homme politique d’extrême droite.

Dans certains journaux autrichiens, on évoque de plus en plus cette éventualité comme d’ailleurs dans la presse européenne, notamment en Suède où l’éditorialiste du journal ‘’Expressen’’ estimait récemment que le candidat populiste, Norbert Hofer pourrait profiter des effets du Brexit et de l’élection du nouveau président américain, Donald Trump, pour remporter les présidentielles en Autriche, face à son rival écologiste, Alexander Van der Bellen qui peine à mobiliser. Il note aussi que ces échéances pourraient être la première grande épreuve avant des élections cruciales en France et en Allemagne l’année prochaine.

Un pronostic qui peut être confirmé par les urnes, d’autant que le FPÖ, longtemps réduit à ses origines nazies, a réussi le pari de la dédiabolisation, en se proposant comme une troisième voie, une alternative aux sociaux-démocrates et des conservateurs qui se partagent le pouvoir depuis de très longues décennies et dont les candidats au premier tour ont été éliminés d’une manière humiliante. Ajouter à cela que ce parti d’extrême droite a prouvé par le passé sa capacité d’entretenir des rapports opportunistes et mêmes des alliances avec des partis qui ne partagent pas ses valeurs.

Preuve, entre autres, sa coalition avec le gouvernement régional actuel dans le Burgenland (Est d’Autriche) dirigé par les sociaux-démocrates, à l’issue des élections régionales qui ont eu lieu fin mai 2015. Pour légitimer cette alliance contre-nature, le gouverneur de cette région à la lisière de la Hongrie, le social-démocrate, Hans Niessl, avait dit alors qu’il s’agissait d’une expérience à tenter.

De plus, le choix de Norbert Hofer comme candidat renforce les chances du FPÖ dans ce scrutin qui joue les prolongations après une première invalidation du résultat puis un report de la date de sa tenue prévue auparavant le 2 octobre dernier pour une même et seule raison, à savoir des vices de forme ayant entaché le décompte des voix et les bulletins de vote par correspondance. Et pour cause, M. Hofer, troisième vice-président du parti et du conseil national (chambre basse du parlement), est un orateur de talent et qui plus est, l’éminence grise du parti, parvenant facilement à séduire l’électoral populaire, déjà conquise par le discours populiste, et même bien au-delà.

Comme en témoigne la fracassante sortie médiatique du président du groupe parlementaire du parti populaire autrichien (ÖVP-conservateur), Reinhold Lopatka, qui a exprimé publiquement sa préférence pour Norbert Hofer, estimant qu’il a montré en tant de vice-président du conseil national de réelles capacités à assumer de hautes fonctions. Ce qui a été aussitôt dénoncé par le président de l’ÖVP et vice-chancelier, Reinhold Mitterlehner, jugeant que M. Lopatka a montré ainsi qu’il est déloyal envers son parti, lequel, en se défendant, a indiqué qu’il s’agit d’un choix personnel et que de nombreux dirigeants de son parti partagent secrètement cette même opinion.

Une position qui illustre la position fragile de l’ancien leader des Verts autrichiens, Alexander Van der Bellen, qui ne bénéfice jusque-là que du soutien des Verts et de l’appui d’une brochette de personnalités de tous bords, à défaut de consignes de vote claires tant de la part des conservateurs que des sociaux-démocrates.

Cela dit, quand bien même, Norbert Hofer échoue à accéder à la magistrature suprême, il pourra, néanmoins, se targuer d’avoir assurer l’intérim collégial à la présidence aux côtés de la présidente du conseil national, Doris Bures (social-démocrate) et le deuxième vice-président, Karlheinz Koph (conservateur-démocrate), et ce, depuis l’expiration le 8 juillet dernier du mandat du président sortant, Heinz Fischer (social-démocrate). D’autant que son parti qui caracoule dans les sondages depuis des mois, semble plus que jamais déterminé à arracher la victoire lors des élections législatives prévues à l’automne 2018.

Le président du FPÖ, Heinz-Christian Strache, se voit déjà comme le prochain chancelier autrichien, tout en souhaitant pouvoir gouverner avec un président issu de son parti.

Mais d’ici-là, ce scrutin présidentiel s’annonce incertain et surtout crucial pour l’avenir politique d’un pays qui a toujours mis en avant sa diversité culturelle et son cosmopolitisme.

 

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