Pétris d’espoir, les migrants subsahariens au Maroc déterminés à gagner leur vie, à la sueur du front
Par Saad BOUZROU
Rabat – D’aucuns le constatent et le disent : la plupart des migrants subsahariens qui préfèrent s’installer au Maroc et en font désormais une terre d’accueil et non plus un simple point de transit, expliquent leur choix pour des raisons essentiellement liées aux perspectives socio-économiques que leur offre le Royaume dans leur quête d’une vie meilleure.
Cette réalité est attestée par la tendance de leur majorité, surtout durant ces dernières années, à multiplier les “petits” métiers et à apprendre, dans la foulée, le dialecte et les us et coutumes marocains. C’est aussi le symbole d’une résolution de la part de ces ressortissants d’Afrique subsaharienne de faire fi des déboires du passé et de reprendre les choses en main, à zéro.
Fait de plus en plus régulier, la succession de boulots informels ou en pointillé et touchant à divers secteurs d’activité est devenue axiomatique, en particulier dans les centres urbains où ils affluent, tout naturellement, en grand nombre.
Par conséquent, leur présence sur le marché de l’emploi enfile toutes les couleurs : métiers domestiques (chauffeurs, jardiniers, etc…), secteur du bâtiment ou encore celui du commerce de rue et ambulant. Ils ont aussi fait leurs preuves dans des métiers non-manuels comme dans des centres d’appel, pépinières de téléconseillers subsahariens en raison notamment de la maîtrise de langues étrangères, notamment le français.
Assane, un Sénégalais résidant au Maroc depuis maintenant neuf ans et travaillant dans une laverie (pressing) sise quartier d’Agdal à Rabat, raconte dans une déclaration à la MAP qu’il avait fait “le long périple” vers la capitale marocaine dans le seul but de “gagner une vie meilleure”.
Défilant des photos montrant comment il a dû, au début, surmonter des moments scabreux quand il enchaînait des besognes ça et là, notamment en tant qu’apprenti maçon, et par la suite vendeur ambulant d’accessoires et toute la lyre, Assane reconnaît qu’il est aujourd’hui “bien dans sa peau” et que toutes les expériences passées ont fini par le conforter dans ses convictions qu’il ne faut jamais courber l’échine.
Il n’est donc un secret pour quiconque que la recherche d’un premier ou d’un nouveau métier ne passe jamais comme une lettre à la poste, a fortiori lorsqu’il s’agit de le dénicher dans un pays d’accueil.
Toutefois, pour certains, l’horizon se floute quand il est question de se lancer dans une aventure entrepreneuriale avec un statut de migrant.
Nkoy Emma Vanne Cliff, président de la Confédération des jeunes entrepreneurs et cadres d’Afrique subsaharienne du Maroc, une entité qui rassemble près de 200 entrepreneurs et cadres, n’est pas de cet avis et veut étriller les préjugés et les idées toutes faites sur les opportunités de travail des migrants dans le Royaume.
Congolais de nationalité, il arrive au Maroc en tant qu’étudiant en comptabilité financière en octobre 2005 et y trouve bon refuge, jusqu’à aujourd’hui.
Il décidera, dix ans après, de créer sa propre entreprise avec un statut d’auto-entrepreneur, avant d’évoluer vers une société à responsabilité limitée (SARL). La raison derrière sa décision se fonde sur le leitmotiv, crédible, de la grande opportunité que représente le Maroc en termes de business, et à travers lequel il a, dit-il, pu implanter des filiales dans différents autres pays.
Interrogé sur les véritables sources de motivation qui convainquent les Subsahariens de se tourner vers l’entrepreneuriat au Maroc, il répond qu’ils le fassent pour deux raisons : soit par nécessité et exercent dans la restauration, la coiffure ou le trading, soit parce qu’ils ont fait des études au Maroc et veulent se lancer pour leur propre compte.
En termes d’avantages, le jeune entrepreneur congolais explique qu’au Maroc il y a “un grand marché de clients subsahariens et plein de choses qui se font dans le cadre de la coopération Sud-Sud, mais qui ne sont pas encore faites dans nos pays d’origine, sans compter le climat d’affaires qui est propice dans le Royaume”.
Et contrairement à d’autres pays méditerranéens, “on n’a pas besoin, au Maroc, d’avoir un associé marocain pour créer sa propre entreprise et les entrepreneurs marocains sont toujours prêts à collaborer avec leurs homologues subsahariens pour dénicher les marchés au niveau de l’Afrique subsaharienne”, a-t-il renchéri.
Aux blancs-becs, migrants fraîchement installés au Maroc et aussi ceux qui pensent à se convertir à l’entrepreneuriat, Nkoy Emma Vanne Cliff recommande que “c’est le bon moment pour se lancer dans l’aventure”.
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