Mobile ou circulaire, la migration “équitable” a encore du pain sur la planche

Mobile ou circulaire, la migration “équitable” a encore du pain sur la planche

vendredi, 9 août, 2013 à 11:17

Abdellah CHAHBOUN

Genève – Mobilité des travailleurs, migration saisonnière, temporaire ou bien circulaire, les appellations foisonnent dans les couloirs de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) pour dépeindre le mouvement fluide des compétences et de la main d’oeuvre au-delà des frontières.

Hélas, on n’en est pas encore là. C’est du moins ce que donnent à croire les responsables de l’institution qui se gardent visiblement de faire la promotion d’un quelconque modèle de migration.

La conférence mondiale sur les diasporas, que vient de tenir l’OIM à Genève en présence de 140 pays, révèle d’ailleurs à quel point il était laborieux de s’entendre sur les contours d’un partenariat multilatéral de gestion des flux migratoires, sans céder à l’écueil que représente l’obsession sélective des pays du Nord, déplore un expert de l’organisation.

L’évènement a permis de mesurer la profonde inquiétude des pays émergents, y compris le Maroc, face à l’hémorragie des cerveaux à un moment où ils abordent leur transition économique dans un monde hanté par la crise.

“Pour les Etats avancés, la démarche suivie consiste chaque fois à combler leur déficit sectoriel en compétences, ce qui implique un mode de résidence permanente dans les pays d’accueil”, selon Mme Lara White, conseillère en chef de l’OIM en migration et travail.

De ce point de vue, a-t-elle relevé, “l’immigré élit domicile au pays de destination dans le cadre d’un projet de vie durable”.

C’est justement là que le bât blesse : des pays comme le Canada, les Etats-Unis, l’Australie, l’Allemagne et la Suisse sont peu enclins à se départir d’une politique migratoire soucieuse de dénicher les talents, et rien que les talents, pour les créneaux de spécialité et les métiers de haute technicité.

L’irrésistible avidité pour les cerveaux du sud est de ce fait de plus en plus perçue comme l’une des principales causes de la pénurie des compétences dans les pays émergents, ceux-ci mêmes qui en ont supporté le lourd coût de formation et de perfectionnement.

La problématique prend tellement de l’ampleur que les gouvernements du Sud commencent à exiger des partenariats pour des solutions équitables fondées sur le rapatriement volontaire des compétences à leurs pays d’origine, sans perdre leurs droits de retour, ce qu’on appelle communément migration circulaire.

“Ce modèle de gestion des flux migratoires offre une alternative à la fuite définitive des cerveaux et autres travailleurs spécialisés”, estime Mme White qui y voit “le prix à payer” par les pays avancés en mettant à disposition des économies en pleine émergence d’une force motrice dont elles ont grandement besoin.

Encore peu en vogue, les accords de migration saisonnière ou circulaire prévoient d’habitude l’accès adéquat des travailleurs à l’encadrement et l’accompagnement, au même titre que la protection de ses droits contre tout acte de discrimination ou de violation, a-t-elle expliqué.

Pour la conseillère, c’est aussi une solution pour lutter efficacement contre l’immigration irrégulière.

Présente à la première conférence des diasporas, le prestigieux think tank américain Migration Policy Institute (MPI) s’est prononcé en faveur d’”un modèle de migration caractérisé par l’engagement constant du migrant tant dans son pays d’origine que dans celui d’adoption, “une solution qui suppose que les migrants circulaires soient intégrés dans les deux cas”.

Le caractère temporaire décourage l’investissement significatif et rentable sur les personnes, constate le MPI, précisant que les employeurs ont peu d’intérêt à former un migrant qu’ils ne reverront jamais à des compétences ou des responsabilités majeures. Cette situation ne fait que limiter la mobilité des travailleurs migrants.

“Pour les pays de destination, un migrant qui n’a pas la possibilité de devenir membre de la communauté nationale représente un faible enjeu”, observe-t-il.

C’est dire après tout que les cerveaux transfrontaliers sont désormais à l’origine d’un enjeu de taille dans une compétition que se livrent, au nord comme au sud, des économies globalisées avides de compétences.

Et ce n’est pas fortuit que le Maroc est allé jusqu’à proposer lors de la conférence d’envisager la possibilité d’établir des “systèmes de compensation” en faveur des pays en développement pour qu’ils soient en mesure de régénérer leurs cerveaux perdus.

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