Miami, capitale d’Amérique Latine ?

—Par Mustapha El Kadaoui—

Miami – La nouvelle semble surprendre tout le monde. La population non-hispanique de race blanche dans le comté de Miami-Dade s’est accrue à un rythme accéléré que celle des hispaniques de 2010 à 2012, selon les estimations de l’US Census Bureau publiées récemment.

II faut dire que cette information, reprise par la presse locale, a de quoi étonner. Jusqu’à preuve du contraire, Miami fait bel et bien partie de la Floride qui fait partie des 50 Etats américains. Mais à y regarder de près, on sent parfois et même trop souvent qu’on vit dans une ville latino- américaine.

Miami, ville latino ? Si senor, vous répond sans s’offusquer un sexagénaire qui depuis son débarquement, il y a quelques décennies, dans cette ville, fuyant Cuba, n’arrive pas encore ou ne veut tout simplement pas piper un traitre mot d’anglais. Pas la peine de s’efforcer de parler une langue qui n’est pas la sienne car à Miami, presque tout le monde parle espagnol, même dans les services publics, l’administration, la police, la magistrature, bref partout à l’exception peut-être des haïtiens, trop nombreux eux aussi, et bien évidemment des chinois, des arabes (minoritaires), des turcs, des somaliens, des nigérians…

Et les gringos (population non-hispanique de race blanche comme la surnomment les latinos), où sont-ils? Là, fondus dans cette marée latino-asiatiquo-africano-étrangère. Combien sont-ils ? Le bureau de recensement des Etats-Unis, qui les a casés dans la catégorie “blancs non hispaniques ou latinos”, les estime en 2010 à 11,9 pc de la population totale de Miami, établie en 2012 à 413.892, et 57,9 pc de la population totale de la Floride estimée, elle, à 19.317,568 habitants.

Dans tout ce melting pot, les hispaniques ou latinos arrivaient en tête en 2010 avec 70 pc de la population de Miami et 22,5 pc de celle de la Floride. Ils sont suivis des noirs ou africains américains (19,2 pc à Miami et 16 pc en Floride). Le reste étant constitué d’asiatiques et de tout ce que compte cette planète comme races.

Pour revenir à la nouvelle qui a surpris tout le monde, on apprend que la population totale du comté de Miami-Darde s’est accrue de près de 3,4 pc, passant de 2.504,614 à 2.591,035 entre 2010 et 2012.

Les non-hispaniques de race noire ou les africains-américains se sont maintenus à 17 pc alors que les hispaniques ont perdu 1 pc passant de 65,2 pc à 64,3 pc durant la même période.

“Je n’aurai jamais imaginé cette tendance”, a déclaré à un journal Robert Cruz, un économiste selon lequel le groupe non-hispanique de race blanche s’est accrue de près de 10.000 personnes par rapport à celui des hispaniques.

Il trouve cela inhabituel étant donné que, de 2000 à 2011, le nombre des non-hispaniques qui se sont identifiés comme appartenant à la race blanche avait chuté.

Toujours est-il que cette réduction n’a presque aucun impact sur la configuration de la population du comté qui compte plus d’hispaniques et de latinos que les gringos. Miami, n-a-t-elle pas toujours appartenu à l’Amérique latine ? s’interroge notre vieux bonhomme qui se dit fier d’avoir reconquis ce bout du pays de l’Oncle Sam.

Speak English ? No. Habla espanol ? Claro que si hombre. Alors bienvenu à Miami, la “Capitale d’Amérique latine”. Ce n’est pas de la science-fiction car à en croire les prévisions, en 2050, la population américaine sera en majorité d’origine hispanique ou latino.