Festival des chasses traditionnelles: encourager un mode de chasse respectueux de l’environnement

-Propos recueillis par Fouad BENJLIKA-.

Province de Chichaoua – Une fois n’est pas coutume, la petite commune rurale Sidi Mokhtar (province de Chichaoua) vole la vedette et abrite courant cette semaine la 2ème édition du Festival international des chasses traditionnelles, un patrimoine ancestral et une pratique de la chasse respectueuse de l’environnement.

Cette manifestation, la deuxième du genre organisée au Maroc après celle de Meknès (2010), revêt un caractère à la fois sportif, culturel et touristique.

Au Maroc, la chasse traditionnelle sous toutes ses formes est pratiquée sans armes à feu, avec comme seul instrument de chasse le faucon, l’arc ou les lévriers dont le sloughi.

Dans une déclaration à la MAP, le président de la Fédération Royale marocaine des chasses traditionnelles, Mohamed Soujaâ, souligne que la chasse traditionnelle constitue un véritable patrimoine national immatériel au même titre que les autres patrimoines qui font l’identité authentique des Marocains, source de fierté.

Les objectifs de l’organisation de ce genre de manifestations sportives demeurent la promotion de ce mode de chasse respectueux de la nature et de l’environnement, la sauvegarde de ce patrimoine traditionnel légué par les ancêtres et la promotion du tourisme rural dans cette région à grandes potentialités touristiques, a-t-il ajouté.

En véritable amoureux de la chasse traditionnelle, M. Soujaâ confie à la MAP qu’il compte très prochainement écrire et publier un livre dédié à la chasse traditionnelle pour contribuer à la transmission de ce patrimoine original aux jeunes générations.

Le choix de Chichaoua pour abriter cet événement n’est nullement fortuit, relève M. Soujaâ. En effet cette province est considérée comme le berceau du sloughi. Les Banu Hilal, dont les tribus Sidi Mokhtar de Chichaoua font partie, une tribu arabe qui émigra vers l’Afrique du Nord au XIe siècle, ont été à l’origine de l’introduction au Maroc de cette race canine, connue pour ses performances dans la chasse. Un animal de compagnie et réputés aussi pour ses qualités de berger.

Issu d’une famille de résistants contre le colonialisme dans les tribus de la Chaouia, M. Soujaâ ne tarit pas d’éloges envers le sloughi qu’il qualifie non seulement de race noble mais également de symbole d’élégance, de finesse et de fidélité.

“Autrefois, le cheval et le sloughi faisaient la fierté des ménages et il n’existait pas une maison dans les campagnes marocaines, sans sloughi”, rappelle-t-il.

Véritable “passionné” du sloughi, de chasse traditionnelle et éleveur de cette race, M. Soujaa est aussi président du Centre national de la sauvegarde et de la protection du sloughi. Il souligne que la sauvegarde du sloughi, race canine reconnue par la Fédération cynologique internationale (FCI), requiert des actions soutenues pour valoriser cette race et assurer sa pérennité.

Même son de cloche du côté de Mohamed Bouhssini, président de l’Association Taghsirt de la chasse traditionnelle de Sidi Mokhtar, initiatrice de cet événement, qui appelle à sauvegarder la race marocaine du sloughi contre toutes les tentatives de croisements.

Il a, à cet égard, mis en relief les qualités du sloughi marocain de pure race notamment sa rapidité dans les longues distances et sa longévité (14 à 15 ans) contrairement à ceux hybrides à savoir, le galgo espagnol et le Greyhound ou lévrier anglais, plus rapides dans les petites distances mais dont la longévité ne dépassent guère 6 à 7 ans.

M. Soujaâ et M. Bouhssini n’ont qu’un seul vœu: faire en sorte que l’interdiction de la chasse traditionnelle par le sloughi, forme de chasse qui n’est autorisée aujourd’hui que pour chasser le chacal et le renard, soit levée pour garantir la pérennité de cette race canine.

Autre fait marquant de la 2ème édition du Festival international des chasses traditionnelles, la participation de 2 femmes amatrices de ce genre de chasse issues de la province de Tan Tan, preuve que la chasse traditionnelle n’est pas le monopole de la seule gente masculine.

Cet événement d’envergure internationale de quatre jours connait la participation de pays à traditions dans ce type de chasse dont le Portugal, la France, l’Espagne, la Suisse et l’Angleterre.

Cette manifestation est organisée en partenariat avec la Fédération Royale marocaine des chasses traditionnelles, le Centre national de la sauvegarde et de la protection du sloughi, en coordination avec le ministère de l’agriculture et le Haut-Commissariat aux eaux et forêts et à la lutte contre la désertification.

Prennent part aussi à cette rencontre des associations de la chasse traditionnelle issues des différentes régions et tribus du Maroc, telles que Chiadma, Chaouia, Casablanca, Meknès, Oulad Dlim, Deroua, El Gara, Mnabha, Kelaât des Sraghna.

Au programme de cette édition figurent un concours de la chasse de renard avec le sloughi, un autre de la chasse des pigeons avec les faucons et un troisième dédié à la chasse à l’arc. La manifestation comprend également des spectacles de Tbourida (Fantasia), de musiques folkloriques locales, une conférence sur le sloughi marocain et des visites à des projets socio-économiques de la région.