Covid-19: l’Occident en plein désarroi, une opportunité pour la Chine (Senior fellow au PCNS)
Rabat – La pandémie de la Covid-19 souligne le sentiment que l’Occident est en plein désarroi, a affirmé Len Ishmael, senior fellow au Policy Center for the New South (PCNS), relevant que l’absence de leadership occidental dans la mise en place d’une réponse mondiale à la pandémie a offert une opportunité que la Chine a su saisir, adroitement.
S’exprimant sur l’état actuel de l’ordre mondial face à la crise de la Covid-19 dans la rubrique “questions à un expert” du PCNS, cette ancienne diplomate a soutenu que “la pandémie de la Covid-19 souligne le sentiment que l’Occident est en plein désarroi, et certainement dans sa phase initiale – peu préparé à affronter les nombreuses dimensions de cette crise qui nécessitent une approche coordonnée”, notant que la Chine est entrée dans cette brèche.
L’ordre mondial libéral dirigé par l’Occident, en place depuis 70 ans, est aujourd’hui en crise, et les relations entre les alliés traditionnels sont fracturées, a-t-elle souligné, estimant que même avant la pandémie de la Covid-19, les importantes alliances qui sous-tendent l’ordre mondial actuel étaient sous tension.
L’ordre mondial unipolaire en place depuis la dissolution de l’Union soviétique s’est transformé en un ordre de plus en plus bipolaire avec la montée de la Chine, accompagnée d’un certain nombre d’économies émergentes qui occupent une place de plus en plus importante en tant que puissances régionales, a indiqué Len Ishmael, faisant observer que la pandémie de la Covid-19 a exacerbé la rivalité entre grandes puissances, que se livraient déjà les États-Unis et la Chine, et a dévoilé les profondes fractures et dissensions entre les alliés traditionnels.
Le vide de leadership dans la gouvernance mondiale qui est visible depuis un certain temps est exploité, à la fois stratégiquement et opportunément, par la Chine, a-t-elle noté, faisant remarquer que la mise en œuvre des politiques « L’Amérique d’abord » a pris les alliés par surprise de même que le retrait américain de l’accord de Paris sur le climat et de l’accord visant à poursuivre la désescalade de la menace nucléaire iranienne, ainsi que de plusieurs autres traités et conventions, ont ouvert la voie à la création de partenariats entre la Chine et les alliés des États-Unis.
Ces fissures entre les alliés ont été mises à nu au cours de la lutte pour contenir la menace posée par la Covid-19, a encore dit Len Ishmael, expliquant que la fermeture des frontières américaines aux Européens, apparemment sans grande consultation avec les dirigeants européens, ainsi que d’autres décisions américaines ont donné l’impression aux alliés que les États-Unis sont un partenaire peu fiable, engendrant ainsi un climat de profonde méfiance et une perte de confiance.
De nombreux alliés américains prennent aujourd’hui des initiatives pour protéger leurs propres intérêts stratégiques, a-telle constaté, précisant que ceci ressort clairement de l’approche adoptée par plusieurs alliés pour inclure des composants Huawei chinois dans le déploiement 5G dans leur pays.
Répondant à la question si la Chine a déjà réussi à s’affirmer comme une superpuissance sur la scène mondiale, l’ancienne diplomate a relevé que le chemin vers le statut de superpuissance est long et le pouvoir, en tant que concept, est difficile à mesurer. Elle a, toutefois, noté que la Chine présente de nombreuses caractéristiques d’une superpuissance, à la fois en termes de poids économique et politique et de déploiement de sa puissance douce (soft power) qu’elle étend dans le monde entier.
La Chine avait déjà auparavant fait preuve de réactivité pour saisir les occasions de promouvoir son propre mouvement stratégique au sein de l’ordre mondial, a-t-elle rappelé, soulignant que ce pays a saisi les occasions de consolider et d’étendre sa puissance et son influence dans le sillage de l’effondrement financier international de 2018 qui a durement frappé les pays du sud de la zone euro.
Transformer les crises en opportunités est une caractéristique de la progression chinoise, a-telle estimé, ajoutant que la Chine a été le chef de file de la réponse mondiale à la pandémie mondiale causée par la Covid-19, en fournissant des équipements médicaux, des fournitures et du personnel médical qui faisaient cruellement défaut dans le monde entier.
La montée en puissance de la Chine en termes de développement est sans précédent dans l’histoire de l’humanité, a affirmé l’ancienne diplomate, soutenant qu’elle est une force dans le monde qui ne peut plus être isolée ou ignorée.
Selon elle, la pandémie de la Covid-19 a mis en évidence les caractéristiques du système politique chinois, notamment la capacité de l’État et la culture fondée sur le collectif plutôt que sur l’individu, qui ont joué un rôle important pour aider le pays à contenir le virus.
La réponse rapide de la Chine aux demandes d’aide urgentes dans le monde entier a été appréciée et admirée par beaucoup, a-t-elle dit, précisant que le secteur privé chinois a également joué un rôle important dans ce contexte.
Si des erreurs ont été commises par la Chine et de nombreux autres pays dans leur approche de cette pandémie, sa réponse à la pandémie lui a permis de démontrer ses propres capacités et sa volonté d’assumer un rôle de leader sur la scène mondiale, a insisté Len Ishmael, relevant que ces éléments feront sans aucun doute partie du narratif de la Chine, qui continue à consolider sa place dans l’ordre mondial.
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