La Bolivie vers une vacance du pouvoir après la démission du président

La Bolivie vers une vacance du pouvoir après la démission du président

lundi, 11 novembre, 2019 à 15:14

Par Hicham Lakhal

 

La Paz – Après près de quatorze ans à la tête de la Bolivie, Evo Morales a été contraint à la démission dimanche sous la pression de manifestations ininterrompues depuis sa réélection controversée pour un quatrième mandat.

Morales a présenté sa démission après avoir perdu le soutien des forces armées et de la police, ce qui laisse libre court aux spéculations sur le leader de la prochaine période transitionnelle d’un pays qui se dirige vers la vacance du pouvoir.

Selon l’article 93 de la Constitution bolivienne, “en cas d’empêchement ou d’absence temporaire du président de la République, avant ou après sa proclamation, il est remplacé par le vice-président et, en l’absence de ce dernier, par l’un des président du Sénat, de la Chambre des représentants ou de la Cour suprême”.

Or, ce qui s’est passé dimanche montre que le pays risque de sombrer dans un vide politique, notamment après l’avalanche de démissions annoncées à la suite du départ de Morales, dont celle de son vice-président, Alvaro Garcia Lenera.

Pis encore, la présidente du Sénat, Adriana Salvatierra, a également rendu le tablier, tout comme le président de la Chambre des représentants, Victor Borda, une vague de démission qui s’étant arrêtée aux portes de la vice-présidente du Sénat, Jeanine Añez, qui a annoncé qu’elle assumera la présidence du pays.

“Il s’agit d’un coup d’Etat…Nous voulons que cette situation cesse”, a dit la présidente du Sénat, ajoutant : “De la même manière que le président Evo Morales et le vice-président Alvaro Garcia Lenera ont annoncé publiquement leur démission, j’annonce ma démission du poste de président du Sénat.”

De son côté, le président de la Cour suprême aurait demandé l’asile auprès d’une ambassade à la capitale bolivienne.

“Je démissionne de mon poste de président afin que (Carlos) Mesa et (Luis Fernando) Camacho ne persécutent pas les dirigeants sociaux”, a déclaré Morales, faisant référence aux dirigeants de l’opposition qui avaient lancé une vague de manifestations après l’annonce des résultats controversés des présidentielles.

Outre les chefs de l’opposition bolivienne, l’armée et la police ont elles aussi exigé la démission de Morales. Une initiative à laquelle le président démissionnaire ne s’attendait pas. En effet, le commandant en chef de l’armée, le général Williams Kaliman, avait demandé à M. Morales de “renoncer à son mandat présidentiel afin de permettre la pacification et le maintien de la stabilité, pour le bien de notre Bolivie”.

De même, le commandant général de la police, le général Vladimir Yuri Calderon, a indiqué se joindre “à l’appel du peuple bolivien de suggérer à monsieur le président Evo Morales de présenter sa démission pour pacifier le peuple de Bolivie”.

Dans une initiative décrite par les observateurs comme le “geste ultime”, Morales avait annoncé, dimanche matin, la convocation de nouvelles élections et la restructuration du Tribunal suprême des élections, une démarche qui n’a aucunement été du goût de l’opposition, notamment Carlos Mesa, le candidat malheureux du premier tour de la présidentielle contestée du 20 octobre dernier.

Dans des déclarations des médias, M. Mesa a affirmé que “si Morales avait un minimum de patriotisme, il devrait se retirer, parce qu’il n’est pas en mesure de tenir de nouvelles élections ou de se représenter”.

De son côté, l’opposant Luis Fernando Camacho, a déclaré que Morales avait violé l’ordre constitutionnel et devait démissionner, appelant à la formation d’un “comité gouvernemental de transition” chargé de “convoquer de nouvelles élections dans les 60 jours”.

La crise actuelle en Bolivie trouve ses racines en février 2016, lorsque Evo Morales a connu son premier revers électoral en plus de dix ans, et les Boliviens ont refusé par référendum de permettre à Morales de se représenter pour un quatrième mandat. Devant ce rejet populaire, la Cour constitutionnelle et le Tribunal électoral lui ont permis de briguer un nouveau mandat jusqu’en 2025.

S’exprimant sur les répercussions de la démission de Morales, le politologue Julio Burdman a estimé que le fossé se creuserait davantage dans la société latine et que le bipolarisme s’auto-imposerait parce que les gouvernements de l’Argentine, du Brésil et de la Colombie soutiendraient l’opposition et l’Organisation des États américains, alors que le “Groupe de Puebla” qui compte parmi ses membres les leaders du centre-gauche, ont soutenu le président bolivien démissionnaire.

À cet égard, le gouvernement mexicain a offert l’asile à Evo Morales après sa démission de la présidence de Bolivie, alors que le ministre des Relations extérieures Marcelo Ebrard, a souligné que l’ambassade du Mexique à La Paz avait reçu une vingtaine de personnalités gouvernementales et parlementaires boliviennes.

L’Organisation des États américains (OEA) avait publié dimanche un rapport faisant état de graves irrégularités dans le processus de calcul des votes des élections, qui ont permis à Morales de remporter un quatrième mandat présidentiel consécutif aux dépens de Carlos Mesa.

L’accélération des événements de dimanche en Bolivie et l’annonce du président démissionnaire qu’un mandat d’arrêt “illégal” avait été émis contre lui, un fait confirmé par le chef de l’opposition Luis Fernando Camacho via les réseaux sociaux, laissent présager de nombreuses surprises dans ce pays d’Amérique du Sud.

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