A l’aller comme au retour, le “Lüfer” piégé dans ses migrations

A l’aller comme au retour, le “Lüfer” piégé dans ses migrations

mercredi, 30 novembre, 2016 à 11:28

Par Khalid ABOUCHOUKRI

Istanbul – Défiant le vent glacial soufflant sur le pont Galata qui enjambe la Corne d’Or, Ozun Idiz est à l’affût, tel un “brigand des grands chemins” avec des dizaines d’autres pêcheurs cramponnés à la balustrade, des “voyageurs aquatiques”.

Du haut de ce lieu des plus animés d’Istanbul et lien mythique entre la culture européanisée de Beyoglu et Taksim et l’ancien “Stamboul”, d’innombrables cannes à pêche sont alignées et agrafées au garde-corps dans l’attente des poissons qui, en automne, fuient les rigueurs de l’hiver avant de revenir, dans leurs premières habitations, au printemps mais sans échapper, à l’aller tout comme au retour, aux hameçons.

Dès l’aurore, Ozun, un fidèle du köprüsü (pont) dressé au-dessus de ce bras de mer du Bosphore, déballe et installe son matériel, imité en cela par des grappes de pêcheurs à la ligne sur les deux côtés du pont, à la traque du “Palamut” (sorte de maquereau) et surtout du “Lüfer” (Tassergal, poisson bleu) qui prolifèrent dans le Bosphore mais aussi dans les mers Noire et Marmara.

Le long de la journée et en toute saison, qu’il vente ou qu’il pleuve, ils se serrent jusqu’à s’emmêler les lignes pour “ramasser” des petits chinchards sous le regard des piétons et des ferry-boats dans leurs navettes incessantes entre les rives asiatique et européenne de la mégapole, les prises diminuant pour cause de pollution et du trafic en croissance dans ce détroit, explique Ozun tout en sirotant entre deux taffes de cigarette l’inévitable “çay” livré brulant par le Çayci (vendeur de thé).

D’autant que même des amateurs, par divertissement ou curiosité, peuvent se glisser dans ce chapelet de “professionnels” et n’ont nul besoin de s’encombrer de tout l’attirail de pêche qui peut-être acquis à même le pont, les “satilik veya kiralik olta” (canne à pêche à vendre ou à louer) ou appâts ne manquent pas, tonne-t-il , puisqu’il doit se taper, par ce temps froid, “des heures supplémentaires” pour garantir ses moyens de subsistance.

Les poissons, fraîchement sortis de l’eau, ne languiront pas trop dans les paniers à pêche ou bacs à eau. Juste au niveau inférieur du pont, des restaurants s’amoncèlent et offrent aux côtés de bateaux-snack amarrés au quai de la Corne d’Or et des vendeurs ambulants des “balik ekmek” (sandwich aux poissons) les prises fraîches d’en haut pour apaiser le petit creux ou se régaler de plats savoureux de “Levrek” (bar) grillé ou cuit à la vapeur servi avec du citron, tranches d’oignon et salade.

Mais c’est surtout le “Lüfer”, surnommé “le sultan du détroit”, qui est le plus apprécié par les stambouliotes mais aussi par de nombreux poissonniers et dont le passage en bancs à travers le Bosphore est toujours “accueilli” par un flot de petites embarcations.

Que ce soit sur les ponts, les quais ou les berges le long des deux rives européenne et asiatique d’Istanbul divisée par le Bosphore et “coincée” entre les mers Noire et Marmara, ils sont par milliers agglutinés avec leur canne à lancer depuis l’ouverture de la pêche, en septembre, et jusqu’au mois d’avril prochain, lorsque l’interdiction de la pêche saisonnière reprend pour permettre la reproduction des poissons.

Un véritable hobby partagé par une grande majorité de stambouliotes qui sont toujours alléchés par les Barbun (rouget), Kiliç Baligi (espadon), Hamsi (anchois) et autres Lüfer et Levrek pour agrémenter leur table à domicile.

Ce poisson symbole du Bosphore porte aussi d’autres noms en fonction de sa taille passant du “Yaprak ” (5-6 cm), “sarikanat” (20 cm), “lüfer” (20-30 cm) à l’introuvable “kofana” de quelques kilos.

Et même à défaut de prises fraîches, les “balik saticisi” (poissonniers) et les restaurants spécialisés pullulent un peu partout dans la mégapole avec une faiblesse pour le Lüfer, menacé d’extinction et qui a même bénéficié, en 2011, d’une campagne pour sauver cette espèce locale de la pêche excessive juvénile provoquant un manque d’adultes reproducteurs dans les mers. Les autorités ayant suivi en limitant la pêche de ce poisson à plus de 20 cm minimum.

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