Québec: un retour en classes sous le signe de l’incertitude face au coronavirus

Par Khadija Benhaddouch

Montréal – Des millions d’élèves ont repris le chemin de l’école au Québec pour une rentrée scolaire des classes très particulière, l’incertitude étant de mise sur les risques liés à l’évolution de la pandémie de Covid-19.

Masque, lavage des mains, distanciation physique, bulle-classe… tout a été mis au point pour rassurer aussi bien les élèves, les parents que le corps enseignant. La rentrée des classes 2020-2021 est amorcée dans la province francophone du Canada avec à l’esprit les mauvais souvenirs des dégâts significatifs provoqués par un virus qui circule toujours.

Tout en étant conscients du nouveau contexte dans lequel se déroule ce retour en classes, les enfants se réjouissent à l’idée de retourner à l’école et rencontrer leurs amis.

Pour leur part, les parents, qui n’arrivent pas à apaiser leurs craintes entourant la rentrée scolaire et les risques de propagation du virus, en dépit des mesures prises par le ministère de l’Éducation, estiment qu’en général la rentrée s’est déroulée dans de bonnes conditions.

«Je trouve que c’est très bien organisé. Toutes les mesures préconisées par le ministère de la santé ont été prises en considération. Le retour aux classes s’est très bien passé », a déclaré à la MAP Mme. P.Côté, maman de deux enfants au primaire.

«Mon petit en 5éme année devait porter le masque obligatoirement. J’ai été un peu inquiet à ce sujet, mais apparemment les enfants s’adaptent mieux que les adultes», a confié C. Rivero, le père d’un écolier sur un ton amusé.

Toutefois depuis la rentrée, des cas de Covid-19 ont été recensés dans les rangs des élèves et des enseignants dans plusieurs établissements scolaires de la province en particulier à Québec. Aucun bilan officiel n’a été rendu public jusqu’à maintenant alors que plus d’une centaine d’élèves ont été placés en isolement.

Jeudi, le Premier ministre François Legault a affirmé que les données concernant les cas de Covid-19 dans les écoles seront rendues publiques « dans les prochains jours », invitant les Québécois «à être patients ».

Les parents d’élèves estiment que les établissements scolaires doivent renforcer les mesures d’hygiène et d’organisation pour que le retour aux classes soit sécurisé pour tout le monde.

Le ministère de l’Education a notamment rendu obligatoire le masque de protection pour les élèves à compter de la 5ème année du primaire dans les aires communes et dans les transports scolaires. Il a aussi instauré le concept de «bulle-classe» pour tenter de garder ensemble les élèves d’une même classe et, ainsi, limiter la transmission du nouveau coronavirus.

Les activités entre élèves de différentes classes demeurent interdites jusqu’au 14 septembre, date à partir de laquelle les activités sportives et artistiques pourront reprendre normalement «si tout va bien».

Selon le chef de l’exécutif québécois, le concept de bulle-classe, au cœur de la stratégie gouvernementale de la rentrée scolaire, s’est avéré efficace, compte tenu des éclosions survenues dans certaines classes.

«On a juste à fermer une classe plutôt qu’une école. C’était la bonne décision à prendre. On s’attendait à ce qu’il y ait des cas dans les écoles. Pour l’instant, on peut dire que c’est encore sous contrôle», a-t-il dit lors d’une conférence de presse.

Toutefois, la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) n’est pas de cet avis. Selon ce collectif de syndicats du secteur, le concept de bulle-classe perd de son sens dès que les enfants et adolescents sortent de la salle de classe, déplorant la difficulté de faire respecter les mesures barrières chez les jeunes.

Dans des déclarations à la presse, le président de la FAE, Sylvain Mallette affirme que «les élèves ne respectent pas ou très difficilement la distanciation physique lorsqu’ils se retrouvent, ce qui impose, dans certains milieux, une mesure confinement dans la classe même pour les pauses, avec le climat de tension qui en découle».

En outre, le ministre du Travail, Jean Boulet qui entend s’assurer que les consignes sont bien comprises envisage d’organiser des visites régulières dans les écoles par des inspecteurs de la Commission des normes, de l’équité et de la santé au travail.

«C’est important de repasser le message de l’importance des normes sanitaires», a insisté le ministre, relevant que quelque 1.000 agents de prévention et 300 inspecteurs de ladite commission seront mis à contribution.

«On est là pour faire de la pédagogie, de la prévention et aider les personnes à bien appliquer les normes sanitaires et faire en sorte que la rentrée se déroule selon les meilleures normes de sécurité possibles», a-t-il dit.