En Norvège, violer le confinement peut coûter bonbon !

En Norvège, violer le confinement peut coûter bonbon !

mercredi, 25 mars, 2020 à 12:53

– Par Wahiba RABHI-
Oslo – S’il est vrai que le système de confinement est assez souple en Norvège par rapport à certains de ses pairs, le non-respect des consignes est lourdement sanctionné en revanche. Ici, on ne joue pas à la roulette russe, sinon ça risque de coûter gros !

C’est justement le mauvais sort d’un fêtard le week-end dernier. Déjà testé positif au Covid-19, il a rompu son isolement à domicile pour se rendre à une soirée… et l’amende dont il a écopée est tout aussi bien arrosée: 20.000 couronnes à payer, soit 1.650 euros !

“L’individu s’est vu notifier une amende lundi. Si l’amende n’est pas payée, l’individu encourt 40 jours de prison”, a dit Gunnar Fløystad, un responsable de la police de la région ouest, sans plus de détails sur l’identité du récalcitrant.

Les citadins qui fuient dans leur cabane en montagne est une autre contravention désormais punie par la loi. Pour éviter de submerger les services de santé ruraux, le gouvernement interdit, depuis le 19 mars, les séjours dans les résidences secondaires. Sinon, c’est 15.000 couronnes d’amende ou, à défaut de paiement, 10 jours de prison. Quiconque organise un évènement culturel ou sportif tombe sous le coup de la loi.

Le district de police d’Oslo enquête sur “plusieurs affaires criminelles” liées à la propagation du coronavirus, selon la chaîne TV2. La ministre de la Justice Monica Mæland a demandé à la Direction de la police d’embaucher 300 à 400 officiers supplémentaires pour maintenir les effectifs en raison des niveaux élevés de quarantaine au sein de la force.

“Nous espérons que les gens comprennent la gravité de la situation dans laquelle notre pays se trouve et se conforment aux lois, règles et consignes en vigueur”, a ajouté Fløystad dans communiqué.

Ce n’est pourtant pas compliqué. Les autorités sanitaires le disent et le répètent: la seule manière d’éviter la propagation du virus est de respecter les règles de quarantaine ou d’isolement pour certains, et les mesures de distance et d’hygiène pour d’autres, au moment où le pays scandinave compte officiellement dix décès et 2.566 cas confirmés jusqu’ici, en hausse d’environ 200 personnes en moyenne par jour.

Cependant, le nombre réel de malades serait plus élevé, car les tests ne sont effectués que sur une certaine frange de la population. La majorité des personnes testées appartiennent à des groupes vulnérables ou sont des professionnels de santé.

Le 12 mars, le gouvernement norvégien a introduit une batterie de mesures “strictes” et “radicales” dans l’espoir d’enrayer la pandémie: règles de quarantaine ou d’isolement, fermeture des crèches, écoles et universités, de même que des bars, restaurants et de nombreux autres lieux publics, annulation d’événements culturels et sportifs. Autant de mesures qui viennent d’être prolongées initialement pour deux autres semaines.. jusqu’après les vacances de Pâques.

Restent aussi en vigueur jusqu’au 13 avril les contrôles frontaliers, l’interdiction de voyage à l’étranger pour les personnels de santé, d’entrée sur le territoire de personnes dépourvues d’un titre de séjour, celle de se rendre dans sa résidence secondaire, ainsi que la fermeture de lieux comme les piscines publiques, salles de gym ou autres salons de coiffure.

Tout en rappelant les mesures barrière, le gouvernement a limité mardi à cinq personnes les regroupements en plein air et ordonné une distance minimale de deux mètres entre individus dans les espaces confinés, sauf membres d’un même foyer.

Cela porte à croire que le système de confinement reste assez souple dans ce royaume de 5,3 millions d’habitants. Si les cas suspects ou positifs ne requérant pas d’hospitalisation sont soumis aux réglementations d’isolement à domicile, le reste de la population peut encore sortir assez librement.

Après tout, il est naturel que les citoyens s’inquiètent et s’interrogent sur l’étendue de cette situation dans un contexte où, non seulement la Norvège, mais le monde entier appelle au confinement ! Quand aura-t-on fini, quand pourra-t-on reprendre une vie normale? Hélas, l’avenir est imprévisible face à la propagation inexorable du virus!

“La lutte contre le virus doit continuer”, a déclaré la Première ministre Erna Solberg mardi en annonçant une décision qui était largement attendue. “Si on réussit, on pourra alléger les mesures et revenir à une stratégie plus ciblée”, a-t-elle néanmoins rassuré. Dans l’entre-temps, distance, distance, distance!

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