Effondrement des cours de pétrole en Russie, un choc qui rappelle le souvenir amer de 2016
– Par Issam El Greni-
Moscou – La Russie s’est réveillée lundi avec le souvenir amer de la crise pétrolière du 3 février 2016, assistant à une chute drastique des cours de pétrole et à une volatilité de la monnaie nationale que le pays n’avait pas connu depuis.
Les cours de pétrole se sont effondrés lundi à une vitesse et une intensité vertigineuses avec un prix du brut Brent à 31,47 dollar, et un prix du brut WTI se situant à 27,72 dollars, provoquant un séisme sur le marché ainsi qu’au niveau de l’économie locale et du taux de change du rouble face au dollar et à l’euro.
Mais il semble que la principale victime de ce choc pétrolier est le gouvernement russe, qui a vu son estimation du prix du baril de pétrole à 42,5 dollars au titre du budget de 2020 largement dépassée, laissant planer la menace de ne pas exécuter les différents chantiers nationaux.
Aussitôt, le ministère russe des Finances et la Banque centrale avaient réagi, le premier en assurant que les liquidités du Fonds national de protection sociale (Fonds composé des plus-values réalisées par l’Etat quand le prix du pétrole est supérieur à l’estimation budgétaire) étaient suffisantes pour couvrir “le manque à gagner” des nouveaux prix de l’or noir, et la deuxième en suspendant pour un mois l’achat de devises étrangères afin de protéger la monnaie locale.
Le rouble russe a atteint un seuil de fragilité qui rappelle ses pires périodes, en s’établissant à 75 roubles pour un dollar et à 85 roubles pour un euro, un niveau très supérieur à la norme, qui dépend sensiblement des prix mondiaux du pétrole.
Les “secousses” se faisaient déjà sentir dans les bourses et le marché financier mondiaux dès le 6 mars, où les pays producteurs de pétrole de l’organisation “OPEP” réunis en conclave avec leur alliés de l’” OPEP+” pour décider des mesures à prendre afin de réagir à la baisse vertigineuse de la demande de brut suite à l’épidémie de coronavirus, avaient échoué à parvenir à un accord.
La principale mesure proposée par le premier producteur mondial de pétrole, l’Arabie Saoudite, n’avait pas recueilli le soutien du deuxième producteur mondial d’or noir, la Russie, à savoir une réduction supplémentaire de la production mondiale de l’ordre de 1,5 millions de barils par jour.
Cette proposition n’avait pas été acceptée par Moscou car plusieurs compagnies pétrolières russes étaient déjà réfractaires à la baisse originale décidée par l’OPEP+ pour la maitrise des prix de pétrole (1,7 million de barils par jour), arguant que la Russie s’éloignait volontairement d’un important manque à gagner en acceptant de baisser sa production davantage, et également pour que la Russie maintienne sa part de marché face à une concurrence féroce des pays non membres de l’OPEP (Norvège, Etats-Unis et Brésil).
Face à ce blocage, l’entente entre les deux plus gros producteurs de pétrole, scellée au lendemain de la crise du pétrole de 2016, menaçait de s’effondrer, et donner libre court à une production sans quotas et une volatilité de la demande et de l’offre, comme l’a confirmé le ministre russe de l’Energie, Alexander Novak, indiquant qu’à partir d’avril, date de la fin de l’accord de l’OPEP+, aucun pays ne serait tenu de respecter des quotas de production.
L’Arabie Saoudite a immédiatement réagi en indiquant qu’elle hissait sa production de pétrole à 10 millions de barils par jour, voire même à 12 millions de barils par jour, et en baissant sensiblement le prix de son pétrole, l’Arabian Light, à un niveau sans précédent, à 10,25 dollars de moins que le baril de Brent.
Cette situation a vite bouleversé le marché qui, déjà fragilisé par la baisse de la demande d’or noir liée à l’épidémie du coronavirus depuis le début de l’année, s’est vu confronté à un pétrole abondant et à bas prix.
Cet effondrement des prix du pétrole a coûté aux pays de l’OPEP environ 500 millions de dollars par jour, selon les experts, qui prévoient que cette crise aura d’énormes répercussions à l’échelle mondiale et sur la viabilité financière de plusieurs pays dont l’économie dépend fortement des hydrocarbures.
La Russie justement, s’efforce de plus en plus de réduire la dépendance aux hydrocarbures dans son économie, comme en témoigne l’évaluation basse du pétrole dans son budget (il avait été estimé à 100 dollars par baril en 2015) et les différents chantiers lancés afin de diversifier l’économie en modernisant l’industrie et en misant sur les technologies.
Et pour ne rien arranger, les cours de pétrole devraient rester faibles durablement, face à l’écroulement de la demande en raison des conséquences de l’épidémie du coronavirus (2,7 millions de barils par jour au premier trimestre de 2020) à un niveau plus sévère que la crise financière de 2008, couplé à une progression massive de l’offre de la part des Etats-Unis, de la Norvège et du Brésil (non membres de l’OPEP) et de l’Arabie Saoudite, qui peuvent facilement prédire un recul de la consommation mondiale de pétrole sur l’ensemble de 2020.
Tous ces événements rappellent clairement la situation désastreuse de 2016, mais le gouvernement russe semble avoir appris la leçon, comme l’assure le ministre russe des Finances, Anton Silunaov, en soulignant que la Russie “respectera toutes ses obligations sociales envers les citoyens ainsi que la mise en œuvre des projets nationaux même à des prix de pétrole régulièrement bas”.
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