La crise du secteur agricole secoue l’Espagne

La crise du secteur agricole secoue l’Espagne

vendredi, 21 février, 2020 à 12:43

– Par Sanae EL OUAHABI –

Madrid – Depuis plus de trois semaines, les manifestations des agriculteurs et éleveurs se multiplient partout en Espagne pour protester contre la “dégradation” de la situation du secteur et réclamer des prix “justes et équitables” pour leur production.

Coûts de production trop élevés, déséquilibre de la chaîne agroalimentaire, pratiques de concurrence déloyale, coupes dans les subventions et baisse des prix de vente: la liste des maux des travailleurs du secteur agricole n’a cessé de s’allonger.

De quoi pousser des milliers de professionnels à manifester leur colère dans différentes régions du pays ibérique, en particulier dans les Asturies (nord), en Catalogne (nord-est), en Andalousie (sud), ainsi qu’en Estrémadure (sud-ouest) où des tracteurs ont bloqué à maintes reprises plusieurs routes principales.

De plus, les agriculteurs espagnols semblent s’agacer du débat autour de la politique agricole commune sur fond d’éventuelle baisse des financements alloués à la Politique agricole commune (PAC), qui gère les subventions aux agriculteurs et aux éleveurs de l’UE.

Les syndicats agricoles, qui demandent plus de protection et exigent des solutions concrètes et urgentes, critiquent la pression exercée sur les prix par la grande distribution qui ne laisse au final qu’un très petit revenu aux producteurs.

Ils pointent aussi du doigt les barrières commerciales mises en place par les États-Unis sur les olives et l’huile d’olive, provoquant d’importantes pertes pour les agriculteurs, notamment andalous, qui réclament plus de fermeté dans la défense de leurs intérêts.

Côté coûts de production, l’augmentation de 5,5% du salaire minimum interprofessionnel (SMI) à 950 euros par mois, adoptée début février par le gouvernement espagnol, a aggravé le mécontentement des exploitants agricoles, d’autant plus que cette hausse est rétroactive au 1er janvier dernier et s’ajoute à celle de 22% de l’année 2019.

“L’agriculture ne se jette pas à la poubelle”, “la campagne et le monde rural se meurent”, “Pedro, aidez-nous ou nous périrons”, “la campagne unie ne sera jamais vaincue”, “si la campagne meurt, la ville ne mange pas”, pouvait-on lire sur des pancartes et des banderoles dans ces rassemblements, convoqués par les principaux syndicats agricoles.

“Les agriculteurs souffrent de deux choses. D’une part, les coûts de production ont augmenté, et d’autre part, il devient de plus en plus difficile de commercialiser alors que les prix de vente sont plus bas”, a expliqué le directeur technique de la Coordination des organisations des agriculteurs et éleveurs (COAG), José Luis Miguel.

Pour le secrétaire général de l’Union des petits agriculteurs et de l’élevage (UPA), Lorenzo Ramos, le gouvernement doit prendre en considération “les particularités de la campagne”, et adopter des mesures urgentes garantissant des prix justes et une compensation de l’augmentation du SMI.

En réponse à la contestation, le ministre de l’Agriculture, de la pêche et de l’alimentation, Luis Planas, avait réuni début février les principales associations – l’UPA, l’Association agricole des jeunes agriculteurs (ASAJA) et la COAG – à une table de dialogue, durant laquelle il avait proposé une batterie de mesures contre les pratiques de concurrence déloyale et les ventes à perte, et promis de modifier la loi sur la chaîne alimentaire.

Le ministre a également mis en place des tables de négociation avec les producteurs, l’industrie agro-alimentaire et la grande distribution, et proposé la création d’une table interministérielle qui regroupera tous les départements concernés, pour répondre aux revendications du secteur, tout en s’engageant à interdire les ventes à perte avant la fin de ce mois de février.

Pour leur part, le vice-président du gouvernement en charge des questions sociales, Pablo Iglesias, et la ministre du Travail, Yolanda Diaz, ont tenu mardi dernier une réunion avec les représentants de l’UPA, ASAJA et de la COAG, pour convenir de créer une table de dialogue entre ces organisations agricoles et les syndicats en vue discuter des questions liées au travail dans le secteur.

Parmi les questions urgentes qui devraient être traitées par les négociateurs: la création d’un observatoire des prix, qui servira de guide et d’instrument pour surveiller les différences entre les prix payés aux agriculteurs et ceux de vente au public, et la mise en place d’une approche réaliste pour assurer le suivi des fonds de la PAC.

Et sur proposition des participants à la réunion, M. Iglesias a pris l’engagement de transmettre au président du gouvernement, Pedro Sánchez, “l’importance de tenir une réunion le plus tôt possible avec les représentants du secteur et d’élargir la table de dialogue social aux employeurs agricoles”.

Reste à savoir si le processus de négociation débouchera sur des solutions concrètes à même de calmer les professionnels d’un secteur tant stratégique pour l’économie espagnole.

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