Covid-19: L’inquiétude grimpe en flèche en Espagne

– Par : Sanae EL OUAHABI –

Madrid – Face à une courbe exponentielle du coronavirus (Covid-19), l’inquiétude semble grimper en flèche ces derniers jours chez les Espagnols soumis à un confinement des plus stricts, qui doit désormais se prolonger jusqu’au 11 avril.

Quelque 4.517 nouveaux cas confirmés en 24 heures dans le bilan de lundi, 6.584 mardi, 7.937 mercredi: le nombre de personnes contaminées par le virus augmente de jour en jour dans le pays ibérique pour atteindre 47.610, au même titre que les décès qui sont passés de 2.182 à 3.434, du lundi au mercredi.

Ces chiffres alarmants, qui placent l’Espagne au deuxième rang des pays les plus touchés par cette pandémie dans le Vieux-Continent après l’Italie, n’ont fait que raviver les inquiétudes sur la capacité du pays à contenir la propagation du Covid-19, qui aura de lourdes conséquences économiques et sociales.

“Le nombre de cas confirmés a augmenté de 20% mercredi par rapport à la veille, soit un niveau inférieur à celui enregistré une semaine auparavant”, a indiqué le directeur du Centre de coordination des alertes et urgences sanitaires au ministère de la Santé, Fernando Simón, sur un ton rassurant, affirmant que “l’Espagne s’approche de son pic d’épidémie”.

Cependant, les chiffres peuvent continuer à “croître dans les prochains jours”, en raison du décalage entre l’apparition des symptômes et le diagnostic de la maladie, a-t-il averti.

En première ligne de défense, le personnel de santé paie un lourd tribu à la lutte contre la pandémie, au moins 5.400 de ses membres ont été contaminés par le virus, soit 13% du total, selon M. Simón, pour qui la pénurie d’équipements de protection individuelle pourrait être derrière la contamination du personnel soignant.

Pour pallier à cette situation, l’Espagne va acheter pour 432 millions de dollars de matériel sanitaire – masques, gants, respirateurs, tests… – à la Chine, le but étant de doter le système de santé des équipements médicaux nécessaires pour gagner la bataille contre cet ennemi de l’humanité.

“Des chaînes de production entières en Chine vont travailler totalement pour le gouvernement espagnol”, a souligné le ministre de la Santé, Salvador Illa, précisant que ce matériel sera livré “de manière échelonnée” à partir de la fin de cette semaine.

Plus encore, l’exécutif espagnol envisage de créer des réserves nationales stratégiques de matériel sanitaire de base, comme les masques, les blouses jetables, les gels hydro-alcooliques ou encore les respirateurs, à travers l’orientation de certains secteurs industriels vers la fabrication de ces produits, et ce dans le cadre d’une “économie de guerre”.

C’est ce qu’avait affirmé la ministre de l’Industrie, du commerce et du tourisme, Reyes Maroto, qui n’a pas manqué de saluer “l’engagement et la prédisposition” des industriels pour mener à bien ce programme de réserves stratégiques, tout en mettant en avant les initiatives menées par de nombreuses entreprises espagnoles pour la fabrication du matériel sanitaire.

La région de Madrid reste de loin la plus touchée du pays avec 1.825 morts et 14.595 cas, une situation qui a mis son système de santé à rude épreuve en raison de la saturation des hôpitaux et le manque d’équipements médicaux.

En attendant la livraison du matériel commandé de la Chine, des entreprises et laboratoires espagnols ont lancé plusieurs initiatives allant de la fabrication de combinaisons de protection, l’alcool sanitaire, les masques chirurgicaux et des gels hydroalcooliques, jusqu’à la création des prototypes de respirateurs à fabriquer en impression 3D, afin de répondre au plus vite aux besoins des hôpitaux débordés.

Dans le même temps, deux premiers hôtels ont été médicalisés à Madrid et commençaient déjà à accueillir les patients aux profils cliniques les plus légers, pour soulager la pression sur les hôpitaux.

Les autorités madrilènes ont, quant à elles, monté un hôpital de campagne de 1.500 lits dans les grands halls du parc des expositions (IFEMA), qui pourra compter à terme 5.500 lits. Elles ont aussi installé une morgue dans la patinoire d’un centre commercial de la ville, pour accueillir les cadavres de victimes du coronavirus.

Et pour accompagner ces efforts, l’exécutif a annoncé l’ouverture d’environ 370 hôtels et établissements touristiques dans tout le pays, afin de répondre aux besoins d’hébergement et de restauration du personnel chargé de la fourniture des services essentiels pendant la période d’état d’alerte.

Avec la prolongation de l’état d’alerte dans tout le pays pour quinze jours supplémentaires, soit jusqu’au 11 avril, les Espagnols sont appelés à faire preuve davantage de “force”, de “responsabilité et surtout de “patience”, en s’engageant à appliquer minutieusement les consignes des autorités, pour aider le pays à sortir de cette crise sanitaire avec le moins de dégâts possibles.