Afrique du Sud : De Sandton à Alexandra, le confinement à un autre goût
.-Par Abdelghani AOUIFIA-.
Johannesburg – A Sandton, quartier huppé de Johannesburg et centre d’affaires de cette mégapole sud-africaine, tout s’est arrêté dès vendredi, premier jour du confinement national.
Les grandes artères, habituellement bloquées par des embouteillages interminables, sont devenues désertes. Les mendiants qui occupaient les feux-rouges ne sont plus là. Un silence assourdissant encadre ce quartier où se côtoient classe aisée sud-africaine et expatriés venus des quatre coins du monde.
A Sandton City, le flamboyant shopping center qui se dresse majestueusement au cœur du quartier, est devenu une citadelle fantôme. Les restaurants qui entourent l’emblématique Mandela Square sont fermés. Seuls quelques oiseaux sautillent dans la grande place sous le regard de l’imposante statue de Nelson Mandela.
Le convention center, haut lieu de congrès nationaux et internationaux, a fermé boutique. Les immeubles géants avec leur brillante architecture qui l’entourent renvoie l’écho d’une ville des rêves devenue déserte en ces temps de crise sanitaire mondiale.
« C’est le week-end, d’habitude je sors avec mes amis et mes filles pour aller dîner et aller au cinéma. Des moments de détente et de vie à Sandton », écrit Stella, une internaute sud-africaine.
Pour elle, Sandton était son lieu de prédilection pour aller aux restaurants ou faire du shopping. Un accro du shopping, elle déclare que même les achats en ligne ne combleraient pas le vide imposé par le confinement.
« Sandton est un monde à part. Les lumières et le luxe sont ce qui me ramène. C’est triste de voir les rues vides », se lamente-t-elle.
A quelques encablures de Sandton, le confinement est vécu d’une manière totalement différente à Alexandra, un des plus grands bidonvilles du pays abritant près de 300.000 habitants.
A Alexandra ou Alex, où règne une pauvreté des plus abjects aggravée par un surpeuplement qui défie tous les chiffres, les mesures de confinement et les appels à respecter ces mesures tombent dans de sourdes oreilles.
Les médias et les sites sociaux se font l’écho de l’anarchie qui sévit dans le township. En dépit du lockdown, des centaines d’habitants envahissent les rues délabrées.
L’intervention timide des services de police n’ayant servi à rien pour faire entrer les habitants chez eux, les autorités ont fait appel à des éléments de l’armée.
Des soldats sillonnant les rues n’est, toutefois, pas du goût des habitants d’Alex habitués à leur zone hors la loi et fief de délinquance de tout genre.
« Allez-vous-en ! Allez-vous-en ! on n’a pas besoin de vous ici », lançaient à l’adresse des soldats, des habitants du haut des toits de leurs habitations de fortune.
Les médias rapportent des scènes où les soldats, poussés au bout de leurs moyens, ont usé de la force pour obliger les habitants à se conformer aux règles de confinement.
Ces scènes s’apparentaient à une démonstration de force qui cache une réalité totalement différente, celle de faiblesse et de désespoir face à une situation explosive.
Le canton d’Alexandra, comme de nombreuses autres communautés pauvres de cette Afrique du Sud rongée par une crise économique et sociale bien avant l’arrivée du Coronavirus, refuse de se soumettre à une quelconque surveillance ou isolement.
Une explosion de la pandémie dans des townships comme Alexandra sera pour le moins catastrophique dans un pays qui dispose de seulement 1.000 lits de soins intensifs.
Il suffit de visiter Alex, avec ses 300.000 habitants, pour prendre la mesure de l’ampleur de la catastrophe qui attend l’Afrique du Sud dans les jours et les semaines qui viennent, lance un activiste sur la toile.
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