FNF 2014: Avec Fièvres, Hicham Ayouch veut changer les stéréotypes sur la communauté arabo-muslmane de France

Envoyée spéciale : Amal TAZI

Tanger – Avec son nouveau film “Fièvres”, projeté vendredi soir en compétition officielle du 15-ème Festival national du film de Tanger (FNF), le cinéaste marocain Hicham Ayouch espère contribuer à changer les stéréotypes et les idées reçues dégradants sur la communauté arabo-muslmane de France.

En plus de donner de l’émotion aux gens, “mon défi était d’essayer de les faire voire la communauté maghrébine d’une autre manière, et casser un petit peu les clichés sur les communautés arabo-muslmanes en France et qui vivent dans les banlieues, en particulier”, a-t-il confié à la MAP, en marge de la projection du film.

Ce nouveau long métrage, le troisième après Tizaoul (2006) et Fissures (2009) qui a rencontré un grand succès, a déjà été consacré en décembre dernier au Festival international du film de Marrakech (FIFM), ses deux acteurs principaux, Didier Michon et Slimane Dazi, ayant remporté ex-aequo le prix du meilleur acteur.

Toujours ému après cette première consécration, Ayouch s’est dit “très fier” de ses deux acteurs. “Je trouve qu’ils ont fait un travail fabuleux tous les deux, et le fait qu’ils ont été consacrés par un jury présidé par de Martin Scorces, c’était magnifique”.

Avec “Fièvres”, Ayouch propose, dans le cadre d’une coproduction franco-marocaine, une analyse des rapports sociaux, sur la base de l’histoire d’un petit garçon, Benjamin, placé en foyer, mais dont la vie sera bouleversée le jour où sa mère va en prison et révèle aux services sociaux et à son fils l’existence d’un père qu’il ne connaissait pas, et avec lequel il devrait désormais vivre.

Le petit, à la fois violent et sensible, découvrira alors un père cassé et dépressif, qui réside avec ses grands parents dans une cité de la région parisienne, à Noisy-le-Sec, et toute l’histoire va tourner autour des relations entre ces quatre personnages.

Pour camper ces rôles, Ayouch met en vedette des acteurs français d’origine maghrébine et africaine, notamment Didier Michon, Slimane Dazi, Atika Taoualit, Farida Amrouche, Lounès Tazairt et Tony Harrisson, un casting qui reflète l’identité plurielle du réalisateur.

Un casting qu’il présentait déjà à Marrakech comme “un mélange d’acteurs, français pour la plupart mais avec des origines maghrébine ou africaine: du Maroc, d’Algérie ou du Cameroun”.

L’artiste se décrivait alors comme “universaliste”, étant convaincu que c’est cette vocation que le prédestinait à faire du cinéma.

“Je pense que ce qui est beau dans l’art c’est qu’il n’a pas de frontières. Je suis un cinéaste tout court et je suis fier de toutes mes identités (juive, musulmane, maghrébine, marocaine, française, européenne et berbère)”, avait-il dit dans un entretien précédent à la MAP, soulignant que “notre rôle en tant qu’artistes et créateurs est de faire ce que les hommes ou les politiciens n’arrivent pas à faire: transcender les différences et proposer notre vision du monde”.

Né à Paris en 1976, Hicham Ayouch a débuté sa carrière dans le journalisme (1999 à 2004) à France3 National, Canal Plus, RFO et TF1, avant de découvrir la réalisation en particulier pour l’émission Les Maternelles, sur France 5 (2002).