Le cinéma marocain a progressé grâce à la politique de soutien et à la conscience de son rôle (Sail)

Le cinéma marocain a progressé grâce à la politique de soutien et à la conscience de son rôle (Sail)

lundi, 30 novembre, 2015 à 11:40

Propos recueillis par Aziz Lamssayeh

Tunis – La production cinématographique marocaine a réalisé un grand progrès reconnu aux plans africain et international, à la faveur de la politique de soutien et à la prise de conscience du rôle culturel et économique de cette industrie, a assuré l’homme de cinéma Noureddine Sail dans une interview à la MAP à Tunis.

“Nous sommes fiers que le Maroc soit reconnu en Afrique et à l’international, occupant avec mérite le deuxième rang continental juste derrière l’Egypte, grâce à une production cinématographique régulière (20 à 25 films par an)”, s’est réjoui M. Sail, qui a présidé le jury de la 26ème édition des Journées cinématographiques de Carthage, dont le Tanit d’or est allé justement au film marocain “L’Orchestre des aveugles”.

Le rayonnement du 7ème art national “est le fruit d’une orientation adoptée depuis des années et qui se poursuit toujours”, a-t-il rappelé, notant que cette politique s’articule autour de la consolidation de la production par le soutien matériel des films et la consécration du rôle du cinéma des points de vue culturel, économique et sociétal.

Désormais, a-t-il plaidé, les pouvoirs publics se doivent de se pencher sur le renforcement des infrastructures en encourageant la construction des salles et des grands complexes de cinéma et de ne pas se limiter à la restauration ou à la numérisation des salles existantes.

L’objectif à terme, a-t-il insisté, sera de faciliter l’émergence d’un marché de cinéma interne et de promouvoir la production nationale et étrangère pour “ne pas s’arrêter à mi-chemin” et, par conséquent, construire un système national dans de secteur.

Il a suggéré la mise en place par les autorités de tutelle d’une stratégie de soutien des potentiels investisseurs en leur accordant des crédits avec des facilités de remboursement et des mesures incitatives au niveau des banques.

L’ancien directeur général du Centre cinématographique marocain (CCM) a déploré que plusieurs villes marocaines ne disposent plus de salle de cinéma, jugeant que le nombre de 50 à 60 grands écrans sur l’ensemble du territoire national reste “insuffisant” pour développer la production nationale, avec ce qui s’en suite comme entraves à la commercialisation du film marocain.

Evoquant, par ailleurs, la situation du cinéma africain, dont il a loué la valeur artistique, Noureddine Sail a déploré une production “très faible et irrégulière”, à l’exception des trois puissances africaines dans ce secteur, à savoir le Maroc, l’Egypte (25 à 30) et l’Afrique du Sud (13 à 15).

Cette situation renseigne sur “l’absence d’un véritable intérêt chez les décideurs dans les pays africains quant à la valeur de cet art et son importance vitale”, a-t-il asséné, stigmatisant la quasi-absence d’infrastructures sur le continent, hormis l’Egypte, avec ses 350 salles et complexes, et l’Afrique du Sud.

A titre d’exemple, il cite le cas de Dakar, l’un des pôles du cinéma africain dans les années 1970, où on ne trouve plus qu’une seule salle de projection, de même pour Abidjan (2 à 3 salles), le Burkina Faso, pays du Fespaco avec ses 6/7 salles, ou encore la Tunisie et l’Algérie (11/12 salles).

A propos de la coopération maghrébine dans le domaine du cinéma, M. Sail a affirmé que le Maroc s’est acquitté “convenablement et avec responsabilité” de sa part du contrat depuis plus d’une décennie, avec un partage de son expérience et “une assistance technique aux productions conjointes avec la Tunisie et l’Algérie”.

Il a, dans ce sens, mis l’accent sur le principe de réciprocité dans les échanges dans ce domaine et de l’encouragement des partenariats entre les producteurs et cinéastes maghrébins, ce qui ne peut qu’être bénéfique pour tous.

S’agissant du rapport parfois conflictuel entre le cinéma et la réalité, Noureddine Sail a estimé que le dialogue, la dialectique et l’interaction entre les deux mondes sont autant de facteurs contribuant à la valeur de l’art, en général, et du cinéma, en particulier.

Il a renvoyé, à cet effet, à la dualité de la liberté et de la responsabilité dans le cinéma, en ce sens que le créateur tend toujours vers la liberté et la déstabilisation des certitudes “de par sa fonction de membre de la société avec laquelle il interagit, mais il est aussi responsable devant le public qui le juge de manière tout à fait normale”.

Livrant le fond d’une pensée affûtée par une très longue expérience, M. Sail souligne que l’art n’a de cesse de vouloir élargir sa marge de liberté, sans laquelle il n’a plus de raison d’être, dans le cadre “de l’écoute, de la dialectique et du dialogue apaisé avec cette réalité, dont il cherche à accompagner l’évolution et les transformations, mais loin de l’anarchie, du nihilisme et d’un radicalisme bafouant tous les déterminants”.

Certains films arabes et africains projetés à Carthage donnaient l’impression “de flirter avec les limites fixées de manière forte et intelligente dans l’ensemble, ce qui reflète la vivacité de ce cinéma”, a-t-il soutenu, défendant de laisser au spectateur le libre arbitre et de respecter son intelligence.

Né en 1948 à Tanger, l’ancien directeur général du CCM est l’un des grands noms ayant marqué l’histoire de la cinéphilie marocaine, du fait qu’il fut notamment le fondateur de la fédération nationale des ciné-clubs et des rencontres du film africain de Khouribga.

Critique de cinéma, Noureddine Sail s’est distingué comme scénariste et producteur, en signant dans des films de Mohamed Abderrahman Tazi, “Le grand voyage” (1981), “Badis” (1988) et “Lalla Hobbi” (1996).
Comme auteur, l’ancien directeur général de la chaîne 2M a écrit un roman “l’ombre du chroniqueur” (1989).

Lire aussi

La dynamique du développement socio-économique au Sahara marocain consacrée par le SG de l’ONU

samedi, 19 octobre, 2024 à 15:37

Pour la 8ème fois, le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres a mis en exergue, dans son rapport annuel adressé aux membres du Conseil de sécurité sur le Sahara, la dynamique du développement socio-économique et structurel au Sahara marocain.

La nomination par SM le Roi de nouveaux ambassadeurs, une Volonté Royale proactive pour consacrer la défense des intérêts suprêmes du Maroc (Cherkaoui Roudani)

vendredi, 18 octobre, 2024 à 23:48

La nomination par SM le Roi Mohammed VI de nouveaux ambassadeurs constitue un mouvement diplomatique substantiel qui traduit une Volonté Royale proactive face aux défis contemporains auxquels le Maroc fait face, en particulier pour la défense de ses intérêts stratégiques et suprêmes, a affirmé le politologue Cherkaoui Roudani.

Espagne: Arrestation de deux présumés partisans de Daech, en collaboration avec la DGST

vendredi, 18 octobre, 2024 à 21:08

La Police nationale espagnole a annoncé, vendredi, l’arrestation dans le nord de l’Espagne, de deux individus présumés membres de l’organisation terroriste Daech, lors d’une opération menée en collaboration avec la Direction générale de la Surveillance du territoire (DGST).