Emissions interactives: Les radios à l’épreuve de la course à l’audience

Emissions interactives: Les radios à l’épreuve de la course à l’audience

vendredi, 5 juin, 2015 à 11:36

Par Bouchra Azour

Rabat- La multiplication des stations de radio au Maroc a donné lieu à un foisonnement d’émissions interactives, l’auditeur devenant l’acteur clé de débats de tout genre portant sur différents aspects liés à la vie quotidienne.
Dans un tel paysage médiatique en mutation, la course effrénée à l’audience pose néanmoins des questions de fond sur le degré de conformité de nombre de stations à la mission première d’information et de divertissement dévolue à ces médiums.
L’interaction avec l’auditeur devient parfois, aux yeux de certains observateurs, non plus un moyen de communication et d’information mais un but en soi, l’objectif étant de garantir le rayonnement de la radio et sa pérennité face à une concurrence de plus en plus forte.
Dans cette course, les radios s’activent pour s’assurer les services des animateurs vedettes et engager à leurs côtés spécialistes et experts pour répondre aux interrogations et prodiguer conseils à toute sorte de préoccupations exprimées par les auditeurs.
Cette tendance qui se justifie certes par le souci de proximité avec le public, ne répond pas moins parfois à des considérations davantage commerciales que professionnelles.
Il est indéniable qu’au Maroc les émissions interactives ont gagné en notoriété tellement elles abordent des problèmes et phénomènes de société et essayent de se focaliser sur le vécu quotidien en traitant de sujets aussi divers que la santé physique ou mentale, aux droits et obligations des citoyens, aux aspects spirituels et religieux, ou encore aux loisirs, à la culture ou l’art.
D’après Aicha Tazi, enseignante à l’Institut supérieur des médias et des communications, les émissions interactives sur lesquelles beaucoup de stations misent pour augmenter leur audience, présentent des aspects aussi bien positifs que négatifs.
Ces programmes ont le mérite d’avoir permis une certaine démocratisation des média du fait que le citoyen marocain trouve désormais sa place dans les médias publics et privés, explique cette ancienne journaliste de la radio.
Cette démocratisation se reflète dans la participation à ces débats de citoyens de différentes catégories d’âge, aussi bien les hommes que les femmes et sans considération pour le niveau culturel ni l’origine géographique, poursuit-elle, ajoutant que l’engouement pour ces émissions s’explique aussi par le fait que l’auditeur a pu accéder à un espace autrefois fermé tant la participation dans les média publics était un privilège.
Selon Mme Tazi, ces programmes ont le mérite d’avoir contribué à promouvoir une certaine culture médiatique au sein de la société en offrant un cadre où chacun peut s’exprimer de manière ouverte et spontanée contribuant ainsi à asseoir une culture de dialogue et d’écoute.
Pour Khadija, une femme au foyer à Salé, la radio offre l’opportunité de réagir en direct aux débats sur divers sujets qui l’intéressent, d’où sa fidélité, dit-elle, à nombre d’émissions en particulier pendant la matinée.
Le même avis est partagé par Nadia, jeune étudiante à la Faculté de droit de Rabat, qui a déjà, dit-elle, téléphoné à une émission pour demander conseils sur un problème liés à ses études, se disant satisfaite de la réponse obtenue.
Diverses sont en effet les émissions de radio, dont certaines se penchent sur les questions de santé tandis que d’autres portent sur des questions juridiques ou sociales. Elles abordent le quotidien du citoyen et tendent à lui permettre d’exprimer ses préoccupations et ses domaines d’intérêt.
Toutefois, certains reprochent à ces émissions un manque de crédibilité et de visibilité. En effet, des stations tentent parfois d’attirer les auditeurs de radios concurrentes et reproduisent les mêmes débats, parfois sans grande utilité.
Pour Aicha Tazi, certaines radios ne sont pas gérées de manière professionnelle de même que des présentateurs ou journalistes qui manquent d’expérience dans ce domaine, ce qui nuit au rôle et à la mission de ces médias de masse.
La majorité des émissions portent sur l’animation et négligent le rôle de sensibilisation et d’éducation, estime-t-elle, ajoutant que le choix de certains invités est souvent inadapté au sujet traité.
Certaines des experts associés à ces programmes jouent parfois plusieurs rôles (psychologue, expert en religion et en questions sociales) sans avoir les compétences nécessaires pour intervenir sur tel ou tel sujet.
Pour Mme Tazi, ces émissions reproduisent les mêmes débats et invitent les mêmes personnes ce qui crée des mythes imaginaires et contribue à redorer le blason de stars imaginaires auprès du public, et ce au moment où des spécialistes dans divers domaines sont jetés aux oubliettes.
Le traitement de sujets dits tabous verse souvent dans la provocation, regrette par ailleurs Mme Tazi, qui souligne que les questions de fond et les véritables préoccupations des citoyens se trouvent ainsi marginalisées.
Les véritables experts et spécialistes de divers domaines portent aussi une responsabilité dans cette situation puisqu’ils laissent le champ libre à des intrus ou à des personnes sans crédibilité, soutient-elle, appelant à encourager l’émergence d’un contre-modèle à ces programmes afin de permettre aux auditeurs de faire la comparaison et développer un message médiatique noble.
Les modèles médiatiques réussis ne sont pas légion, ajoute-t-elle, notant en conclusion que le problème pour la plupart des émissions radiophoniques est le manque de professionnalisme, l’absence de formation adéquate et le non-respect de la déontologie.

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