Le Pont Hassan II, un modèle sophistiqué et cohésif pour des projets d’infrastructures futurs (Jury du prix Aga Khan)

Encadré

Lisbonne – Le Pont Hassan II, qui a remporté vendredi le Prix Aga Khan d’Architecture 2013, est un modèle sophistiqué et cohésif pour des projets d’infrastructures futurs, particulièrement dans les lieux d’urbanisation rapide, a souligné le jury du prix.

Le profil du Pont est bas et semble être une extension horizontale impressionnante d’un plateau déjà existant, tout en respectant les vues de la Tour Hassan, a affirmé le jury pour expliquer son choix de récompenser cet ouvrage d’art, primé cette année avec quatre autres projets sélectionnés dans le monde.

“Construit avec le plus grand soin et une bonne qualité de précision, de détail et de construction, le Pont a un profil fin et une géométrie élégante et fluide. C’est une icône cruciale, renforçant l’identité du lieu et symbolise un nouveau futur progressif pour les villes jumelles”, ajoute le jury composé de neuf membres parmi lesquels d’éminents architectes.

Reliant Rabat et Salé, relève-t-il, le projet est né d’une nouvelle vision de régénération à grande échelle, dans lequel l’amélioration du transport et de la mobilité serait la priorité du plan d’urbanisation, générant des projets d’urbanisation dont l’impact le plus immédiat et le plus significatif sera pour la population des deux villes.

Avec des espaces pour le tramway, note le jury, les véhicules et les piétons, le projet respecte l’horizontalité de son environnement exceptionnel, tout en conservant à la Tour Hassan du XII è siècle sa verticalité prédominante.

Une récompense d’un million de dollars sera partagée avec les quatre autres lauréats du Cycle 2013: le Centre Salam de Chirurgie Cardiaque à Khartoum au Soudan, la Revitalisation du Centre Historique de Birzeit, en Palestine, la réhabilitation du Bazar de Tabriz en Iran et le Cimetière Islamique à Altach, en Autriche.

Pour le directeur général de l’agence pour l’Aménagement de la vallée du Bouregreg, Lamghari Essakel, l’attribution de ce prix est une reconnaissance des efforts et actions de SM le Roi Mohammed VI qui a toujours apporté son soutien à ce projet d’envergure, affirmant que cette récompense constitue aussi un motif de joie et de fierté pour tous les Marocains.

Cette distinction est méritée puisque le pont Hassan II est une réalisation au service du citoyen, qui respecte l’environnement et la profondeur historique du lieu, car il s’agit d’un site historique et un espace écologique de premier ordre, a-t-il dit dans une déclaration à la MAP en marge d’une conférence de presse pour la présentation des projets lauréats du prix.

L’une des bases fondamentales de l’aménagement de la Vallée du Bouregreg, a-t-il fait observer, a été la réflexion sur la question de la mobilité car il s’agit d’un projet urbain d’envergure qui se situe entre deux grandes agglomérations et deux villes impériales ayant un besoin de mobilité très important.

“Nous avons réussi à avoir ce prix car nous n’avons pas voulu seulement imposer notre idée d’architecte ou d’ingénieur mais aussi parce que nous avons pris en considération plusieurs paramètres qui sont hautement symboliques à savoir la nature, l’environnement, l’écologie et l’histoire, outre le citoyen qui a été au centre de notre préoccupation”, a-t-il assuré.

Pour M. Essakel, l’attribution du Prix Aga Khan est de bon augure d’autant que Rabat abritera du 1er au 4 octobre prochain le IVème congrès mondial des Cités et gouvernements locaux unis (CGLU), une rencontre de grande envergure qui se tiendra pour la première fois en terre africaine.

De son côté, Marc Mimram, architecte français qui a conçu cet ouvrage d’art, s’est félicité de l’attribution de ce prix au Pont Hassan II, un projet qui a pour objectif, a-t-il dit, de servir la communauté dans le cadre d’un développement urbain beaucoup plus large.

Il s’agit d’une double reconnaissance pour le Maroc non seulement pour les réalisations accomplies mais aussi pour leur grande qualité, s’est-il réjoui, tout en affirmant que cette réalisation reflète une excellence qui doit servir d’exemple pour toute la planète, car elle montre à quel point un projet d’ouvrage d’art et d’infrastructure peut être au service du développement, d’un paysage, d’une histoire, d’une géographie et d’une société.

La remise du prix aura lieu vendredi soir au Château Sao Jorge à Lisbonne en présence du président portugais Anibal Cavaco Silva et Son Altesse l’Aga Khan.

Le Prix Aga Khan d’Architecture, instauré en 1977 par Son Altesse l’Aga Khan, est décerné tous les trois ans. Il récompense tous types de projets de construction ayant un impact sur l’environnement bâti actuel, des projets modestes de petite taille aux complexes plus importants.

Tout comme les gagnants de ce cycle, le mandat du Prix diffère de la majorité des nombreux prix d’architecture: il sélectionne des projets pouvant aller d’écoles innovantes en terre et bambou à des bâtiments écologiques ultramodernes qui présentent non seulement une architecture d’excellence mais permettent en outre d’améliorer la qualité de vie globale.

Depuis la création du Prix il y a 36 ans, 110 projets ont été récompensés et près de 8000 projets de constructions documentés.

Le Prix Aga Khan d’Architecture fut instauré en 1977 par l’Aga Khan afin d’identifier et d’encourager les concepts de bâtiment qui dressent avec succès les besoins et les aspirations des communautés dans lesquels les musulmans ont une présence significative.

Le Prix identifie les exemples d’excellence architecturale dans les domaines du design contemporain, logements sociaux, développement et amélioration de la communauté, protection historique, réutilisation et conservation de lieu, ainsi que paysagisme et amélioration de l’environnement.