Le mercenariat, un juteux business en pleine croissance en Floride

Le mercenariat, un juteux business en pleine croissance en Floride

lundi, 5 août, 2013 à 12:11

Par Mustapha El Kadaoui, correspondant permanent de la MAP à Miami

Miami – Ils sont en train d’apprendre à “la Police comment torturer”, titrait il y a quatre ans, un quotidien mexicain, en guise de dénonciation de ces “mercenaires” américains, qui ont abandonné l’uniforme pour s’investir dans le juteux business de la sécurité privée.
Tout est parti d’une séquence vidéo diffusée par la télévision mexicaine montrant une séance de torture, dont les acteurs ne sont ni des narcotrafiquants membres des cartels les plus dangereux, ni des terroristes mais tout simplement d’anciens policiers ou soldats américains en train de “former” leurs collègues mexicains à l’art de la torture, de quoi susciter un tollé général aussi bien au Mexique qu’à l’échelle internationale. Les organisations de défense des droits de l’Homme ont crié au scandale et les hommes politiques ont exigé des poursuites judiciaires. Résultat, le chef de la police de la ville de Leon a été démi de ses fonctions. Mais ce qui a le plus choqué les Mexicains, c’est le visage de cet homme mystérieux de race blanche dirigeant cette “séance de formation” qui travaillait pour la société américaine de sécurité privée qui porte bien son nom Risks Inc, basée à Miami.

Dans un pays qui, comme le souligne le quotidien online Miami New Times, ne porte pas les “Gringos” sur son coeur, après que l’ancien président George W. Bush lui ait accordé plus de 1,5 milliard de dollars pour mener une guerre sanglante contre la drogue, les images montrées à la télévision mexicaine ont été difficiles à digérer.

Selon ce journal, qui a mené une enquête sur le boom du business de la sécurité privée, depuis les attaques terroristes du 11 septembre, les compagnies spécialisées dans ce domaine ont explosé à Miami où leur nombre a dépassé de loin celles implantées dans le reste du pays. Ceci s’explique notamment par la situation géographique de cette ville proche des régions chaudes des Caraïbes et d’Amérique Latine.

New Times qui a ainsi infiltré pendant deux mois ce monde secret et étrange de la sécurité privée, a découvert que Risks Inc, est gérée par un ancien soldat ayant fait de la prison pour désertion. Il nous apprend également que Miami abrite également un ancien espion de la CIA dont sa légion de mercenaires au Moyen Orient a fait de lui un multimillionnaire.

Le premier à soulever publiquement ce sujet a été Edward Snowden, un contractuel de la National Security Agency, qui avait révélé publiquement les opérations d’écoute illégale menée par les autorités. Il a ainsi attiré l’attention sur le pouvoir immense dont disposent les compagnies privées de sécurité sur les affaires nationales et internationales et qui, selon New Times, “gèrent nos prisons, lisent nos courriers électroniques et de plus en plus se mêlent aux guerres que nous menons”. Elles ont ainsi fait de Miami, le hub central de cette industrie lucrative et peu régulée.

L’auteur de “Blackwater: The Rise of the World’s Most Powerful Mercenary Army”, le journaliste d’investigation Jeremy Scahill explique ce phénomène par la perte du monopole de l’Etat sur le contrôle de la violence organisée, qui de plus en plus est laissé au secteur privé.

Selon lui, ces compagnies ne sont nullement motivées par le patriotisme mais plutôt par le profit.

Cinq années après le fiasco à Leon, Wilson apprend toujours aux gens comment combattre, souligne le journal, notant des docteurs qui s’entrainent à l’autodéfense, figurent parmi ses élèves.

Les Américains gardent encore en mémoire les images choc diffusées le 1er avril 2004, montrant une horde d’Irakiens en colère en train d’arracher les membres de quatre de leurs concitoyens avant de bruler leurs corps et les suspendre sur le pont de l’Euphrate avec une banderole indiquant en anglais “Fallujah est le cimetière des Américains ! Ces quatre Américains n’étaient ni des soldats, ni des civils, mais bel et bien des mercenaires payés pour combattre en Irak par une compagnie mystérieuse de sécurité privée appelée Blackwater USA.

L’incident avait alors déclenché une série d’attaques de plusieurs mois sur la ville ayant fait 122 morts chez les Américains et plus de 1400 irakiens.

Le massacre de Blackwater avait ainsi jeté la lumière sur le rôle de ces compagnies et leur travail pour le compte de l’Armée américaine.
Mais Blackwater n’était pas la seule à s’investir dans ce domaine, car, à en croire le journal, des milliers d’autres compagnies s’étaient lancées dans ce juteux business pour se partager ce gâteau de centaines de milliards de dollars. Depuis, le seul comté de Miami compte presque 500 compagnies de ce genre et South Florida dans son ensemble plus d’un millier.

Assis derrière son bureau, Wilson reçoit un appel téléphonique d’un contact à Mexico. Deux personnes ont été probablement kidnappées. Si leur famille ne paie pas 20.000 dollars dans deux heures, elles risquent d’avoir des problèmes, lui lance l’interlocuteur. Wilson ne semble guère intéressé. “Que voulez qu’on fasse? Recruter une équipe pour se déplacer à Mexico. Comment allons faire cela et comment allons nous surtout être payés?”, se demande-t-il avant de poursuivre : “c’est ça la vie. Ceci arrive tout le temps. La famille pense à ses enfants chéris, moi je pense business”.

Le mercenariat a encore de beaux jours devant lui aux Etats-Unis et en particulier à Miami.

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