Ces traversées qui n’en finissent pas d’endeuiller la Manche

Ces traversées qui n’en finissent pas d’endeuiller la Manche

mercredi, 4 septembre, 2024 à 14:20

Paris  – C’est vraisemblablement, le drame le plus meurtrier après celui du 24 novembre 2021 qui avait coûté la vie à 27 personnes en tentant de traverser la Manche pour gagner l’Angleterre. Une embarcation s’est disloquée au large de Wimereux (Nord), faisant 12 morts, 2 disparus et plusieurs victimes hospitalisées dans un état grave.

Le canot s’est trouvé en difficulté au large du Cap Gris Nez, en fin de matinée de mardi, avec plus de 60 personnes à bord, selon la préfecture maritime de la Manche, citée par les médias de l’Hexagone. Parmi les personnes décédées en mer, on dénombre essentiellement des femmes.

Faisant partie des plus fréquentés au monde, le détroit du Pas-de-Calais a été le théâtre de nombreux naufrages ces dernières années.

Depuis 2019, au moins une centaine de migrants ont trouvé la mort par noyade ou sont portés disparus en mer, un comptage macabre qui donne la mesure de l’intensité des drames qui surviennent depuis plus de 5 ans sur cette nouvelle route maritime des traversées clandestines après celle de la Méditerranée.

Mais la cadence est montée d’un cran depuis le début de l’année 2023 où les chiffres de la mortalité au large du Pas-de-Calais ont été particulièrement élevés, défiant la vigilance des 1700 policiers et gendarmes mobilisés pour la surveillance du littoral. Le phénomène s’est développé en réponse au verrouillage croissant du tunnel sous la Manche et du port de Calais pour enrayer les intrusions de migrants. Ce rythme confirme aussi une évolution des méthodes des passeurs dans la zone, qui n’hésitent plus à utiliser de plus grandes embarcations surchargées pour multiplier les profits.

En 2024, le nombre de victimes s’est intensifié, avec 22 morts en huit mois, dont 10 au large de Wimereux, le 14 janvier, puis le 23 avril. Ce jour-là, trois hommes, une femme et une fillette de 7 ans, avaient trouvé la mort lors d’une traversée à bord d’une embarcation surchargée avec 112 personnes à son bord.

Se rendant à Boulogne-sur-Mer, commune dont relève la zone du naufrage de mardi, le ministre de l’Intérieur en affaires courantes, Gérald Darmanin, qui a assuré que tous les services de l’Etat sont mobilisés pour retrouver les disparus et prendre en charge les victimes, a fustigé les passeurs et appelé à la signature d'”un traité migratoire entre la Grande-Bretagne et l’Union européenne” pour tenter de mettre un terme à ces aventures meurtrières.

 

 +Un problème qui dépasse la seule frontière France-Angleterre+ 

En 2021 déjà, le Président de la République Emmanuel Macron avait déclaré que son pays “ne laissera pas la Manche devenir un cimetière”, mais est ce que le traitement de ce phénomène est du seul ressort de la France ?

Pour Emmanuel Dupuy, président de l’Institut Prospective et Sécurité en Europe (IPSE), dans ce bras de mer très fréquenté partagé entre la France et l’Angleterre où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, le sujet n’est pas seulement bilatéral.

“La responsabilité est partagée entre les deux pays de transit et d’accueil, mais aussi celle de l’agence Frontex”. “Il faut travailler de manière plus efficace et plus cohérente pour traiter le sujet en amont et lutter contre le phénomène des passeurs”, a-t-il plaidé dans une déclaration à la MAP.

Pour cet expert des questions de défense et de sécurité, notamment dans une perspective eurafricaine, “l’agence Frontex est sous armée, même si ses effectifs ont été multipliés par deux et malgré une augmentation de son budget qui va atteindre un milliard d’euros cette année. Mais c’est lilliputien par rapport à l’immensité des trafics qui accompagnent la désespérance humaine que nous vivons avec ce phénomène”.

Ces données sont étayées par un récent rapport annuel de l’agence européenne de police criminelle (EUROPOL) qui précise que les organisations criminelles qui jouent aux passeurs en Méditerranée ou dans la Manche rapportent près de 5 milliards d’euros par an, a expliqué ce professeur à l’Université catholouque de Lille.

Déplorant une année 2024 particulièrement meurtrière sur cette route maritime d’immigration clandestine, le professeur Dupuy a aussi pointé une responsabilité politique, dans la mesure où chaque gouvernement qui arrive change d’approche en matière migratoire soit dans le sens du durcissement ou dans celui de l’assouplissement.

M. Dupuy pointe, dans le même contexte, une conjoncture politique française qui fait que depuis plus de cinquante jours, le pays ne dispose pas d’un ministre de l’Intérieur de plein exercice pour traiter cette question dans sa profondeur.

Il a également relevé que la responsabilité doit être perçue sous l’angle de la politique étrangère, dans la mesure où les flux migratoires sont souvent les conséquences de conflits armés notamment en Afrique face auxquels la diplomatie européenne devra jouer un rôle plus dynamique.

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