SIEL 2024 : L’anthropologue Aomar Boum dévoile son nouvel ouvrage “Le dernier Rekkas”

SIEL 2024 : L’anthropologue Aomar Boum dévoile son nouvel ouvrage “Le dernier Rekkas”

samedi, 18 mai, 2024 à 10:55

Rabat – L’historien anthropologue marocain Aomar Boum, installé aux Etats-Unis et membre de l’Académie du Royaume, a dévoilé, vendredi à Rabat, son nouvel ouvrage “Le dernier Rekkas”, chroniques d’un messager-piéton dans le sud du Maroc, dans le cadre de la 29ème édition du Salon international de l’Edition et du Livre (SIEL).

L’ouvrage, publié en arabe, en français et en anglais, a été présenté lors d’une rencontre organisée par le Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME) et l’éditeur du livre “Langages du sud”, dans la section “Un livre, un partenaire”.

Devant un parterre bienveillant d’intellectuels et de lecteurs de tous bords férus d’histoire, la rencontre modérée par Ahmed Skounti, chercheur et écrivain spécialisé dans les domaines de l’anthropologie sociale et du patrimoine culturel, a été une occasion pour l’auteur d’échanger avec le public autour de son œuvre qui retrace, en 24 chapitres, la vie de son père, feu Faraji Ben Lahcen Ben Bourhim Ben Boum qui fut probablement l’un des derniers Rekkas du Maroc, ces messagers qui portaient à pied les lettres avant l’arrivée de la poste.

Un récit “humain”, “bouleversant”, “plein d’émotion”, “éthique”, sont autant d’adjectifs revenus en récurrence dans les nombreux témoignages ayant ponctué des échanges instructifs, riches et nourris avec l’assistance.

Outre la célébration de son père et sa région natale Tata, Aomar Boum a affirmé inscrire cette contribution “auto-ethnographique” qui démystifie un métier méconnu pour les jeunes générations de l’ère numérique, dans une optique de transmission, une démarche confortée par le recours au “récit illustré” avec des dessins réalisés par sa fille Majdouline, née aux Etats-Unis et âgée aujourd’hui de quatorze ans.

“Faraji, le dernier rekkas, ou messager-piéton, a parcouru, depuis son hameau du sud du Maroc, des milliers de kilomètres, au fil desquels il a traversé famines et guerres, et tout un tas d’anecdotes qu’il nous a racontées, et que nous avons ici retranscrites et illustrées”. C’est ainsi que l’auteur et sa fille présentent, en préambule de l’ouvrage, ce récit scellant les liens entre trois générations, entremêlant leur histoire familiale et la grande histoire du Maroc, et éclairant au passage des pans peu connus de notre passé.

Prié de développer cette démarche, Aomar Boum a expliqué s’inspirer des travaux de Mokhtar Soussi sur la région du Souss, pour raconter sa propre région, Tata, en donnant la voix à “des gens ordinaires” dont les témoignages et anecdotes sont “contextualisés académiquement pour raconter l’histoire nationale et globale”.

De par le métier de son père rekkas, son récit revient d’abord “aux origines de la poste marocaine” depuis la période coloniale où, jusqu’à la mise en place du télégraphe, le recours aux services des rekkas restaient indispensables tant de nombreuses régions du Maroc étaient dépourvues de routes et de voies ferrées.

Sur les traces de Faraji et les multiples voyages qu’il effectua à pied ou à dos d’âne, “son fidèle compagnon”, pour livrer à destination des messages écrits ou verbaux, bravant les nombreux dangers et obstacles se dressant sur son chemin, cible privilégiée des assauts de bandits, l’ouvrage se lit comme une revisite de la grande histoire du Maroc.

La narration s’arrête sur de grandes périodes du passé colonial jusqu’à l’Indépendance et l’épopée de la Marche verte, en passant par la mutation du modèle agricole marocain, sur fond de succession de sécheresses, en particulier dans les zones oasiennes du Sud, les spécificités culturelles locales, la diversité et l’ouverture de la société marocaine…

Ce sont autant d’étapes clés qui confirment la place centrale de la question de transmission dans l’oeuvre de cet historien anthropologue qui enseigne à l’Université de Californie, Los Angeles (UCLA), en plus de ses contributions en tant que Professeur Associé à l’Université Internationale de Rabat.

Richement documenté, le livre de Aomar Boum s’appuie, en plus d’entretiens avec Faraji, Mahira, son épouse, et d’autres villageois de l’Anti-Atlas, sur des collections d’archives des périodes précoloniales, coloniales et postcoloniales, des recherches menées dans diverses institutions à travers le monde, dont les Archives du Maroc, le Centre des Archives Diplomatiques de Nantes (CADN) et la UCLA Library.

Préfaçant l’ouvrage, le président du CCME, Driss El Yazami, qui a assisté à la rencontre, relève que l’ouvrage d’Aomar et Majdouline Boum fonctionne aussi comme “une belle leçon d’histoire tout court, nous invitant à revisiter, grâce à l’hommage au dernier Rekkas, quelques angles morts de notre passé proche dont les problématiques des discriminations, de la couleur de peau et du racisme, de l’esclavage, etc.”

Le récit, estime-t-il, soulève “une problématique essentielle aux yeux de tout parent, et notamment au sein des familles de l’immigration, celle de la transmission”.

Titulaire de la chaire Maurice Amado d’études sépharades au Département d’Anthropologie, au Département d’Histoire et au Département de Langues et Cultures du Proche-Orient à UCLA, l’historien anthropologue Aomar Boum est coéditeur de plusieurs revues dont Souffles Monde, Revue d’Études Tamazgha, la série Maroc et son espace méditerranéen: textes et traductions. Il est aussi co-fondateur de l’initiative d’Études Amazighes à UCLA, et co-directeur de l’Initiative d’Études Juives Marocaines à la même université.

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