Trois questions à Aomar Boum, auteur de l’ouvrage “Le dernier Rekkas”

Trois questions à Aomar Boum, auteur de l’ouvrage “Le dernier Rekkas”

mardi, 14 mai, 2024 à 10:12

Rabat-  L’historien anthropologue marocain Aomar Boum, installé aux Etats-Unis et membre de l’Académie du Royaume, décrypte, en Trois questions à la MAP, les enjeux de transmission au cœur de son nouvel ouvrage intitulé “Le dernier Rekkas”, chroniques d’un messager-piéton dans le sud du Maroc.

Dans cet ouvrage, publié en trois langues (arabe, français et anglais) et qui sera présenté vendredi dans le cadre de la 29ème édition du Salon international de l’Edition et du Livre (SIEL) de Rabat, l’auteur retrace la vie de son père, feu Faraji Ben Lahcen Ben Bourhim Ben Boum qui fut probablement l’un des derniers Rekkas du Maroc, ces messagers qui portaient à pied les lettres avant l’arrivée de la poste.

1- Comment présenteriez-vous votre livre “Le dernier Rekkas”: un récit familial, un documentaire ou les deux?

« Le dernier Rekkas » est une biographie familiale et un récit d’événements historiques du point de vue d’un villageois ordinaire du sud-est du Maroc. Avec Majdouline, ma fille qui illustre l’ouvrage, nous utilisons la voix ethnographique de Faraji – mon père et son grand-père – pour raconter une histoire locale passée sous silence ou négligée. Faraji et la région de Tata deviennent, dans cette optique, des points d’ancrage de notre histoire pour raconter l’histoire du Maroc.

2- Au-delà de l’hommage rendu à votre père, son métier de rekkas et sa (et aussi votre) région natale, on a l’impression que l’idée de transmission est centrale dans cette œuvre… Qu’est-ce que vous pouvez nous dire à ce sujet ?

Je suis un éducateur qui croit en l’importance du message et des moyens de transmission pour une transmission réussie des connaissances. En tant que Marocain résidant aux USA, je crois également à l’importance de rester en contact avec le Bled, les parents et la famille. En tant que père, je suis convaincu qu’il est important de maintenir un lien entre ma fille et mon oasis natale.

“Le dernier Rekkas” est un exercice littéraire et artistique de transmission non seulement de la mémoire familiale mais aussi de l’histoire nationale. Le recours au livre illustré ou à la bande dessinée est aujourd’hui une exigence pour pouvoir impliquer la jeune génération largement connectée aux images et aux visuels.

3- A travers cette histoire de famille et les voyages de Faraji, l’ouvrage se lit comme une revisite de la grande Histoire du Maroc, son passé colonial, l’évolution de la poste marocaine, l’Indépendance, l’épopée de la Marche verte… Comment s’opère dans votre récit ce passage d’une histoire individuelle vers une histoire nationale ?

Mon père était analphabète. Il n’a jamais fréquenté l’école, mais il a été témoin en personne de nombreux événements locaux, régionaux et mondiaux. Ce que Majdouline et moi avons essayé de faire, c’est de raconter cette histoire globale depuis sa perspective ordinaire, bien sûr contextualisée de manière académique.

Nous avons choisi de raconter l’histoire comme celle d’un simple villageois du Sud du Maroc, précisément de la région de Tata, qui a fait partie des administrations locales, coloniales puis nationales. Nous terminons par sa participation à la Marche Verte.

Fondamentalement, “Le dernier Rekkas” est l’histoire d’un messager qui a vécu l’histoire marocaine des années 1930 jusqu’en 1975. Il s’agit d’une micro-histoire qui va à l’encontre de la tradition normale de l’écriture historique qui ne se concentre pas sur les gens ordinaires. Le texte historique est accompagné des illustrations de Majdouline et de mes propres photographies de Faraji pour capturer sa vision historique autochtone.

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