L’artisanat marocain : Quand la modernité orne la richesse authentique

Par : Youssef Oukhallou

Rabat – En mariant le design et les critères de qualité avec sa riche authenticité intrinsèque, l’artisanat marocain amorce une nouvelle dynamique ascendante, défrichant le chemin vers un marché international qui, rien que quelques années auparavant, aurait été considéré par les artisans eux-mêmes comme une conquête utopique !

En se dotant d’un label national, dont le projet de création est supervisé par le ministère de l’Artisanat, le produit artisanal marocain verra son image de marque et sa qualité valorisées. Ce projet, qui prône les racines ancestrales du métier en les assaisonnant avec les vertus de la modernité, est à même de “propulser le secteur de l’artisanat marocain vers davantage de qualité et de distinction et permettre de catégoriser le produit marocain parmi ceux qui respectent les normes internationales de qualité”, selon le ministre de tutelle, Abdessamad Qaiouh.

Le projet, qui constitue une composante clé de la vision 2015 de l’artisanat, s’ajoute aux réalisations du secteur en matière d’amélioration de la qualité et du rendement et vise également à permettre d’améliorer la situation financière des artisans et de faciliter la traçabilité et le contrôle du respect des normes d’obtention du label, explique le ministre.

Ce label de qualité est élaboré sur la base d’une évaluation du respect par l’entreprise des normes de base de certification, de la protection contre les risques physicochimiques des produits et de la maîtrise des matières premières, des systèmes de production et de création du produit “made in Morocco”.

“L’amélioration de la valeur ajoutée n’est plus une option pour les économies qui se veulent émergentes, mais une nécessité absolue”, ont indiqué à la MAP des chercheurs en économie à l’Université Mohammed V-Rabat.

A l’image de l’industrialisation que connaissent certains produits de base (figues de barbarie, huile d’argan), “l’adoption de critères de qualité et de marketing pour les métiers de l’artisan devrait contribuer significativement à l’endiguement de certains déséquilibres, notamment la balance commerciale”, puisque l’appréciation de leur valeur et leur attractivité devra réconforter les exportations nationales, soulignent lesdits chercheurs.

Dans ce sens, la “Vision 2015” ambitionne de hisser les exportations du secteur à 7 milliards de dirhams (MMDH) au lieu de 0,7 MMDH, avec une augmentation du chiffre d’affaires à 24 MMDH, contre 10,7 MMDH, et une création d’environ 115.000 nouveaux emplois.

Cette stratégie repose également sur une large politique de promotion, visant à miroiter une image d’excellence pour l’artisanat du Maroc auprès des marchés convoités et à introduire les produits artisanaux dans les réseaux de distribution modernes.

Par ailleurs, la création de villages d’artisanat dans plusieurs villes du Royaume, à l’instar de la fameuse Oulja à la ville de Salé semble apporter externalités positives, du fait qu’un seul lieu réunit les artisans, les fournisseurs et la clientèle, ce qui influence positivement sur la compétitivité du produit artisanal made in Morocco, vu que les coûts de transaction sont très faibles.

Toutefois, on ne pourrait parler d’artisanat sans artisans, et donc sans ressources humaines. Ces artisans exercent plus de 70 métiers différents et font preuve d’une grande créativité, alors que leurs métiers n’ont cessé de se renouveler et de se développer pour assurer les besoins quotidiens de la population, satisfaire les attentes des touristes et répondre aux demandes d’exportations vers l’étranger.

Cependant, ce secteur demeure jusqu’à présent marqué par un tissu très fragmenté constitué d’une grande variété d’acteurs dispersés sur le territoire ainsi qu’une prédominance du travail partiel et informel. C’est dans ce cadre que s’inscrit cette stratégie sectorielle à horizon 2015, dans la perspective d’assurer plus d’organisation et, in fine, une amélioration significative des conditions sociales des artisans.