Ramadan à Santiago: la communauté musulmane en quête de spiritualité dans une société de plus en plus matérialiste

Mohammed Tanji
Santiago – En Amérique du Sud, le mois sacré de Ramadan dans la ville de Santiago, forte de près de 7 millions d’habitants, revêt une signification particulière pour les membres de la communauté musulmane, dont le nombre ne dépasse pas 1.500 personnes.

“Que signifie le Ramadan ?”, “Ce n’est pas trop dur pour vous ?”, “Vous pouvez au moins prendre une gorgée d’eau pendant le jeune ?”, sont un échantillon des questions que les Chiliens posent souvent, non sans curiosité, aux jeûneurs.

Au-demeurant, ce mois sacré constitue l’occasion de consolider les liens de solidarité et d’entraide entre les musulmans de tout bord vivant au Chili, et de réaffirmer leur attachement aux valeurs authentiques de l’Islam.

En se rendant aux mosquées, les membres de la communauté musulmane tiennent à emmener leurs enfants en vue de leur inculquer dès leur jeune âge les principes de l’Islam et ses valeurs promouvant la paix, la tolérance et la coexistence.

Dans ce sens, les Iftars collectifs de rupture du jeune représentent un moyen de communication entre les membres de cette communauté et d’échange de vues sur leur vécu quotidien dans ce pays, loin de leurs familles et de leurs pays d’origine.

Pendant ce mois, la mosquée As-Salam de Santiago, l’une des plus grandes du pays, devient la destination privilégiée des fidèles pour accomplir les rites religieux, assister aux séances de prédication et d’orientation religieuse et écouter les récitations du Saint Coran.

“En ce mois sacré, de bienfaisance et de solidarité, quelque 150 personnes de différentes nationalités affluent chaque jour à la mosquée pour prendre part aux repas collectifs de rupture du jeûne”, a confié à la MAP l’Imam de la mosquée, Youssouf Abou Oumair, d’origine sud-africaine.

Des Marocains, Tunisiens, Pakistanais, Malaisiens, Indonésiens, Palestiniens, Syriens, Egyptiens, Jordaniens et Sénégalais, entre autres, se rendent quotidiennement à cette mosquée, qui relève du Centre Islamique du Chili, a-t-il indiqué.

Les repas d’Al Iftar sont financés par les ambassades des pays musulmans accréditées au Chili, notamment le Maroc, le Koweït, les Emirats Arabes Unis, la Jordanie et de l’Irak, ainsi que par le Centre Islamique basé dans la capitale.

De nombreux fidèles assistent chaque jour aux séances de prédication religieuse sur les valeurs de l’Islam et les vertus du mois de Ramadan, avant les prières d’Al Maghrib et après les autres prières quotidiennes, a fait savoir l’Imam.

Ces séances d’orientation religieuse sont dispensées en langues arabe et espagnole, en raison de la présence parmi l’assistance de Chiliens convertis à l’Islam, dont le nombre ne cesse d’augmenter au fil des années, surtout pendant ce mois, s’est-t-il réjoui, ajoutant que le Centre Islamique du Chili dispose d’une école d’enseignement de la langue arabe et d’éducation islamique qui prend en charge une cinquantaine d’enfants musulmans.

Pour Youssef, un Chilien qui s’est converti il y a six ans à l’Islam, le Ramadan “constitue un moment de retrouvailles et une opportunité tant attendue pour pouvoir partager avec les autres membres de la communauté musulmane les repas des Iftars et accomplir ensemble les prières et les Taraouih, avant de rentrer chez nous”.

Il a, toutefois, fait état de difficultés pour trouver des espaces de prière et s’approvisionner en viande Halal.

Tout en s’efforçant de s’exprimer en arabe, Saif El Islam, Ibrahim et Mohamed, des Chiliens convertis également à l’Islam, respectivement depuis six mois, une année et quatre ans, ont, de leur côté, souligné “la piété et la spiritualité qui caractérisent le mois sacré de Ramadan” dans une société sud-américaine de plus en plus matérialiste.