Plan Maroc vert : Une révolution pour une agriculture moderne

Par Malika Moujahid

Rabat – Depuis le lancement en 2008 du Plan Maroc vert (PMV), l’agriculture nationale connait une véritable révolution qui vise à propulser ce secteur névralgique dans une nouvelle phase de modernisation et à en faire un levier central de croissance.

La mobilisation active de tous les acteurs autour de la nouvelle stratégie “Plan Maroc Vert” commence à porter ses fruits avec un PIB moyen supérieur à 100 milliards de dirhams (MMDH) par an contre une moyenne de 75 MMDH par an avant 2008.

Depuis la mise en uvre de ce plan ambitieux, un investissement estimé à près de 30 MMDH a été drainé dans le secteur et une valeur ajoutée additionnelle moyenne de plus de 23 MMDH a été réalisée entre la période 2003-2007 et la période 2008-2012.

En toute cohérence, une stratégie propre à chaque filière (céréales, agrumes, olive, maraîchage et fruits, culture sucrière, lait, viandes rouges et viandes blanches) a été adoptée et adaptée aux spécificités régionales.

En effet, la production des olives a enregistré une amélioration de 56 pc entre la période 2007-2008 et celle de 2011-2012, la production des agrumes a augmenté de 46 pc durant la même période, selon un rapport du ministère de l’agriculture et de la pêche maritime, intitulé “l’agriculture en chiffres 2012”.

Pour sa part, la production laitière a connu une hausse de 47 pc entre 2007-2008 et 2011-2012, la production des viandes rouges a gagné 12,5 pc, tandis que la production des viandes blanches a grimpé de 45 pc durant la même période, relève le rapport.

Concernant l’objectif de reconversion des superficies actuellement irriguées en gravitaire vers l’irrigation localisée, fixé à 550.000 Ha à l’horizon 2020, près de 324.000 Ha sont déjà réalisées dans le cadre du Plan Maroc Vert.

Ce plan pragmatique table sur l’amélioration des revenus des agriculteurs, la garantie de la sécurité alimentaire de la population marocaine, la protection des ressources naturelles des différentes régions et l’intégration de l’agriculture marocaine au marché national et international.

Axé sur deux piliers, le Plan Maroc vert vise, en premier lieu, le développement d’une agriculture moderne à haute valeur ajoutée, qui répond aux règles du marché en s’appuyant sur les investissements privés, à travers le financement de 700 à 900 projets d’un coût total de 110 à 150 milliards de dirhams (MMDH).

Concernant le deuxième pilier, l’accent est mis sur le développement de l’agriculture solidaire afin d’augmenter la production des filières végétales et animales des zones défavorisées et améliorer le revenu des exploitants.

Cette stratégie a été bâtie sur le principe de l’agrégation comme outil de développement du secteur agricole, à travers la création d’un partenariat gagnant-gagnant entre l’amont productif et l’aval commercial et/ou industriel.

L’agrégation constitue la solution idoine pour contourner la problématique de l’exiguïté des exploitations agricoles et pour faire face au manque d’organisation dans le secteur agricole, à travers l’organisation des agriculteurs autour d’acteurs privés ou d’organisations professionnelles à forte capacité managériale.

Pour la concrétisation des objectifs fixés en termes de création de richesse et d’emploi et de lutte contre la pauvreté, des partenariats gagnant-gagnant ont été conclus et mis en uvre avec les parties prenantes aux différents niveaux.

Actuellement, 17 contrats programme, qui constituent la colonne vertébrale du plan sont en cours d’exécution, sont signés avec autant de filières (sucre, agrumes, céréales, maraîchage, palmier dattier, lait, viandes rouges, aviculture, semences, oléiculture, arboriculture fruitière, cultures biologiques, apiculture, élevage camelin, arganier, rosier, safran).

Dans le même sens, 16 contrats agricoles régionaux sont signés et mis en uvre en partenariat avec les collectivités locales, les Chambres d’agriculture et les ministères concernés, à côté d’un Project management office pour la gestion des contrats programmes.

S’ajoutent à tout ce volet organisationnel, un schéma directeur pour la mise en place d’un système d’information global du secteur agricole, un système de collecte et de diffusion des prix des produits agricoles sur le marché intérieur (Assaar) et un géo portail pour le partage et la diffusion de l’information géographique agricole.

Pour la valorisation des produits, six agropoles (de Meknès, de l’Oriental, du Tadla, du Souss, du Haouz et du Gharb) sont en projet. Celui de Berkane (Oriental) est livré.

Le Plan Maroc Vert vient ainsi corriger les distorsions que connait la croissance économique, toujours tributaire de la volatilité du secteur agricole, qui contribue à hauteur de 19 pc au PIB national, dont 15 pc dans l’agriculture et 4 pc en agro-industrie.

Ce secteur, qui emploie plus de 4 millions de ruraux et crée environ 100.000 postes d’emploi dans le domaine de l’agro-alimentaire, joue un rôle déterminant dans les équilibres macro-économiques du pays, en supportant une charge sociale importante, étant donné que les revenus de 80 pc des 14 millions de ruraux dépendent de l’agriculture.

Aussi, il est à rappeler la lourde responsabilité qui incombe à ce secteur quant à la sécurité alimentaire de 30 millions de consommateurs, ce qui démontre le rôle crucial que joue l’agriculture dans la stabilité économique et sociale du pays.