2020, l’année de tous les chamboulements au Canada

2020, l’année de tous les chamboulements au Canada

samedi, 19 décembre, 2020 à 13:13

– Khadija Benhaddouch –

Montréal – L’année 2020 aura été celle de tous les chamboulements au Canada comme partout au monde, avec comme point culminant la crise du Covid-19 que personne n’a vu venir. Les challenges de portée économique et surtout politique qui en découlent ne sont pas négligeables.

Le pays dirigé par le gouvernement minoritaire de Justin Trudeau a été gagné par les contrecoups de la crise sanitaire, qui a contribué à exacerber d’autres problèmes d’ordre socio-économique et politique.

La question de savoir si les Canadiens pouvaient se rendre aux urnes en pleine pandémie a été posée à maintes reprises, surtout après la prorogation du mandat du Parlement. Une telle décision a donné lieu aux spéculations sur la tenue d’élections fédérales en automne, si l’exécutif libéral échoue au vote de confiance, un test clé pour s’assurer si un gouvernement en exercice a la «confiance» de la majorité pour continuer à gouverner.

Les libéraux ont survécu au vote sur le discours du Trône grâce à l’appui crucial des néo-démocrates et évité le déclenchement d’une campagne électorale, alors que le pays fait face à une deuxième vague de coronavirus.

De fait, la prorogation du Parlement a eu pour effet de geler les travaux des comités parlementaires chargés d’enquêter sur l’affaire de l’ONG WE Charity, à l’origine d’un scandale qui a secoué le cabinet minoritaire de Trudeau et coûté son poste à l’ex-argentier Bill Morneau.

L’organisme, qui a des liens avec les familles Trudeau et Morneau, avait été choisi par le gouvernement pour gérer un programme de bourses qui encourage le bénévolat estudiantin en temps de pandémie. Le programme a été abandonné alors que l’organisme a mis fin à ses activités au Canada.

Si le Nouveau Parti démocratique (NPD, social-démocrate) a choisi à maintes reprises de ne pas oeuvrer à déclencher des élections anticipées, les conservateurs et les nationalistes du Bloc québécois se disaient prêts à faire tomber le cabinet minoritaire dans la foulée de l’affaire WE Charity.

La pandémie a en effet conforté la position du gouvernement qui bénéficie d’un taux de satisfaction de 48%, selon les plus récents sondages de la firme Abacus Data.

A titre d’exemple, son sondage réalisé entre le 16 et le 24 novembre révèle que les Libéraux de Justin Trudeau récoltent 36% des intentions de vote, contre 30% pour le parti conservateur et 16% pour le NPD.

De l’avis des analystes, si des élections fédérales avaient lieu en cette période, les libéraux seraient capables de former un gouvernement majoritaire.

Reste à savoir comment les libéraux pourront maintenir cette avance jusqu’au prochain scrutin alors que les gens rassurés par le vaccin contre la Covid-19, accorderont la priorité à la relance économique.

A cet égard, la vice-Première ministre et ministre des Finances Chrystia Freeland a affirmé que le plan de la relance économique du gouvernement est axé sur «les objectifs consistant à lutter contre la pandémie, à soutenir les Canadiens et à s’assurer, une fois que le virus aura été vaincu, qu’il sera possible d’investir dans la croissance et l’emploi pour tous».

Selon elle, les prochains mois “seront difficiles et il va falloir poursuivre le soutien budgétaire durant une bonne partie de 2021 afin de protéger les emplois et de prévenir des pertes permanentes généralisées dans l’économie”.

Du point de vue budgétaire, le déficit fédéral devrait atteindre un record historique de 381,6 milliards de dollars durant l’exercice financier en cours, sur fond de crise économique aggravée par la deuxième vague de la pandémie de Covid-19.

La dette passera à son tour de 721 milliards de dollars cette année à 1107,4 milliards en 2021-2022, soit 50,7 % du PIB canadien, selon des estimations officielles.

Avec un déficit record, l’exécutif s’est attiré les foudres des partis de l’opposition mais aussi des analystes économiques qui reprochent à Ottawa de n’avoir pas fixé de limites pour les dépenses dans sa gestion de la pandémie.

Des critiques que rejette le Premier ministre pour qui le faible coût de l’emprunt donne au gouvernement la capacité fiscale de continuer à aider les Canadiens et les entreprises pendant la pandémie.

Outre la crise économique, la pandémie a exacerbé les problèmes sociaux dont pâtit le pays nord-américain, notamment parmi les femmes et les jeunes.

Les manifestations organisées suite à la mort sous le genou d’un policier blanc de l’Afro-américain George Floyd, en mai dernier, ont en effet donné un nouveau souffle à la lutte contre les violences policières et le racisme longtemps tolérées.

«Le racisme envers les Noirs, la discrimination systémique, l’injustice, ça existe aussi chez nous», avait reconnu M. Trudeau lors d’un point de presse, relevant que le Canada fait face à “de grands défis” sur ce registre.

Le chef du gouvernement a même pris part à un rassemblement organisé devant le Parlement à Ottawa, en solidarité avec le mouvement «Black Lives Matter» en hommage à George Floyd.

La scène politique a vécu au rythme de débats sur le racisme «systémique» à l’égard des peuples autochtones, surtout suite au décès d’une femme de cette communauté, victime de racisme dans un hôpital au Québec.

Joyce Echaquan (37 ans) est morte peu de temps après avoir diffusé en direct sur Facebook une vidéo d’elle attachée à sa civière alors que deux membres du personnel de l’hôpital lui lançaient des propos insultants et dégradants. Son décès, survenu fin septembre, a suscité une vive indignation, à travers le Canada et relancé le débat sur le racisme à l’égard des Premières nations.

Autre fait marquant de l’année, le débat qui ne cesse de prendre de l’ampleur autour du déclin de la langue française au Québec, devenu une réalité qui se confirme et inquiète un pan entier de la population.

Le débat sur l’avenir de la langue de Molière au Canada, particulièrement au Québec, seule province majoritairement francophone de l’Amérique du Nord, ne date pas d’hier de même que les appels pour sa protection par les gouvernements fédéral et provincial.

Alors que la lutte contre la pandémie de Covid-19 s’avère comme “une priorité absolue”, les groupes environnementaux ont continué de se mobiliser afin de remettre les changements climatiques sur la sellette, pour que la cause climatique ne soit pas éclipsée par le coronavirus.

A cet égard, l’exécutif fédéral a dévoilé un plan climatique intitulé «un environnement sain et une économie saine», lequel prévoit une cible chiffrée de réduction des émissions, estimée de 32 % à 40 % d’ici 2030 par rapport à l’année 2005.

Le gouvernement s’apprête aussi à accroître significativement le tarif sur le carbone dans trois ans pour les provinces qui n’ont pas mis en place un système de tarification du carbone. Le prix plancher de 50 $ la tonne prévu pour 2022 sera haussé de 15 $ par année jusqu’à ce qu’il atteigne 170 $ par tonne de GES en 2030.

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