La chute des cours de pétrole provoque un rapprochement entre Moscou et Washington pour stabiliser le marché de brut

La chute des cours de pétrole provoque un rapprochement entre Moscou et Washington pour stabiliser le marché de brut

mardi, 7 avril, 2020 à 11:30

-Par Issam El Greni-

Moscou – La chute des cours de pétrole, qui dure depuis environ un mois, a provoqué, en plus de la pandémie du coronavirus, des dégâts considérables pour l’économie russe, au point de créer un rapprochement entre Moscou et Washington dans le but de convaincre Riyad de stabiliser les prix sur le marché mondial.

En raison du désaccord entre la Russie et l’Arabie Saoudite sur une baisse supplémentaire de la production mondiale dans le contexte de la pandémie, l’accord OPEP+, censé garantir un prix du baril à 60 dollars, a cessé, provoquant une onde de choc qui a réduit de plus de la moitié les cours de l’or noir, causant des dégâts colossaux aux économies de la Russie, de l’Arabie Saoudite et des Etats-Unis.

Les trois plus grands producteurs de pétrole ont subi les dégâts de différentes façons au vu de la différence des techniques et des coûts de production et la dépendance de leurs économies à l’or noir. Néanmoins, un consensus semble se dégager, du moins du côté de la Russie et des Etats-Unis, sur la nécessité de remédier à la situation et stabiliser l’offre et la demande du pétrole.

Le président américain, Donald Trump, a souligné le premier son espoir de voir la Russie et l’Arabie Saoudite “conclure un accord dans un avenir pas si lointain”, précisant que la situation est “très mauvaise” pour Moscou et Riyad si le marché mondial reste incertain.

Cette déclaration faisait suite à l’entretien téléphonique, le 30 mars, entre le président russe, Vladimir Poutine, et son homologue américain au cours duquel ils avaient affirmé la nécessité d’assurer la stabilité des marchés mondiaux de l’énergie et la tenue de consultations russo-américaines au niveau des ministres de l’Energie sur ce sujet.

Le secrétaire d’Etat américain, Michael Pompeo, avait, de son côté, appelé l’Arabie Saoudite à contribuer à stabiliser le marché mondial de pétrole dans un contexte de “grande incertitude économique”.

Ce rapprochement entre les Etats-Unis et la Russie peut surprendre, vu le grand nombre de questions sur lesquelles les points de vue des deux puissances divergent. Cependant, il est de l’intérêt de l’un comme de l’autre de parvenir à un nouvel accord sur la baisse de la production mondiale dans un contexte de ralentissement de la demande due à la pandémie du coronavirus.

Washington voit son industrie de pétrole de schiste souffrir des prix bas sur le marché, en raison du coût élevé et des contraintes techniques de ce type de production, provoquant même la faillite, début avril, de la compagnie spécialisée dans la fracturation hydraulique “Whiting Petroleum”.

Si cette baisse se poursuit encore, plusieurs producteurs de pétrole de schiste devront mettre un terme à leur production, comme en 2016 au Texas, ce qui a poussé le président américain à évoquer un scénario où Washington se chargerait de résoudre la situation, notamment en haussant les droits de douanes américains sur les produits pétroliers des deux pays, pour ne pas perdre son premier rang mondial de producteur pétrolier.

La Russie, de son côté, doit puiser dans son Fonds d’aide sociale afin de combler le manque à gagner entre les prix actuels et les prix budgétisés (42,5 dollars le baril), poussant même le président russe à appeler les principaux producteurs et consommateurs de pétrole à développer des solutions pour atténuer la situation “inquiétante” du marché pétrolier.

Même avec une industrie pétrolière des plus compétitives au monde, dotée de coûts de production moyens atteignant seulement 15 dollars par baril, la Russie s’inquiète du prolongement de cette chute des cours, qui a provoqué de grandes fluctuations dans la monnaie locale et menace, avec la pandémie du coronavirus, de “porter un double coup” à l’économie du pays des Tsars.

Bien que les dégâts économiques soient la conséquence directe de cette crise, il semble bien que les facteurs politiques influencent directement son dénouement, Moscou ayant refusé de baisser sa production pour ne pas céder des parts de marchés à des pays hors-OPEP, comme la Norvège, le Brésil et surtout les Etats-Unis, et Washington, de son côté, n’acceptant d’intervenir pour baisser la production de pétrole que pour garder sa position de leader de la production mondiale, tandis que Riyad annonce l’augmentation de sa production et la baisse prolongée et unilatérale de ses prix, sans doute pour convaincre la Russie d’adhérer à une nouvelle forme d’accord OPEP+.

L’Organisation des pays exportateurs de pétrole devrait, par ailleurs, se réunir avec la Russie et les Etats-Unis en vidéoconférence cette semaine, afin d’étudier la possibilité de baisser la production mondiale de pétrole de 10 millions de barils par jour.

Quels que soient les moyens de juguler ce choc pétrolier qui rappelle les pires moments de l’industrie de l’or noir, le dénouement semble nécessaire afin de redresser l’industrie des énergies fossiles et surtout soulager les économies de nombreux pays producteurs directement touchés par cette situation, dans le contexte de la lutte mondiale acharnée contre la pandémie du coronavirus.

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