Covid-19 : accusé de “laxisme”, le gouvernement britannique tente de se rattraper

Covid-19 : accusé de “laxisme”, le gouvernement britannique tente de se rattraper

lundi, 6 avril, 2020 à 11:40

-Par Nabila Zourara-

Londres – Critiqué pour avoir tardé à imposer un confinement strict à la population au moment où plusieurs pays européens l’ont décrété afin de limiter la propagation de la pandémie du nouveau coronavirus, le Royaume Uni tente de se rattraper en durcissant davantage les mesures de prévention.

Après avoir fermé écoles, lycées et universités, imposé le travail à domicile, ordonné la fermeture des cafés, restaurants et tous les espaces de divertissement, tout en interdisant les déplacements “non essentiels” sauf pour faire des courses, des exercices physiques ou à des fins médicales, le gouvernement menace à nouveau de durcir les mesures de confinement, si celles-ci ne sont pas respectées par les habitants.

Le ministre de la Santé, Matt Hancock, qui vient lui-même de guérir du nouveau coronavirus après sa mise en quarantaine, a exhorté une nouvelle fois les Britanniques qui peinent à résister à la tentation de sortir de chez eux quand il fait beau “à se conformer aux règles “, se disant “offusqué” qu’une “petite minorité” ne respecte toujours pas les règles de distanciation sociale.

“Restez chez vous, ceci n’est pas une demande ! C’est un ordre !”, a martelé le ministre de la santé lors d’un briefing du gouvernement sur la pandémie, notant que “prendre un bain de soleil est contraire aux règles”.

Il a même prévenu que le gouvernement n’hésiterait pas à interdire l’exercice physique en plein air si les mesures de confinement ne sont pas respectées.

De son côté, le premier ministre britannique Boris Johnson, admis dimanche à l’hôpital pour subir des examens supplémentaires après avoir contracté lui aussi, le nouveau coronavirus, avait adressé vendredi une vidéo depuis sa résidence au 10 Downing Street, exhortant les Britanniques à se conformer aux règles, et menaçant “gentiment” qu’il sera contraint à durcir les règles davantage si les instructions ne sont pas appliquées.

Signe de la gravité de la situation dans le pays où la pandémie a déjà fait près de 5.000 décès, la Reine Elisabeth II a adressé aux citoyens du Royaume-Uni et des pays du Commonwealth, un discours exceptionnel les incitant à faire preuve d”autodiscipline” et de “détermination”.

“Ensemble nous allons enrayer cette maladie. Si nous restons unis et résolus nous allons surmonter ce défi. J’espère que dans les années à venir, tout le monde pourra être fier de la manière dont nous l’aurons relevé”, a-t-elle déclarée dans une allocution télévisée.

Le gouvernement britannique a établi un plan national d’urgence visant à faire face à la pandémie, après avoir été critiqué “ne ne pas avoir fourni suffisamment de tests, notamment au profit du personnel soignant”.

Il s’est ainsi fixé un objectif de 100.000 tests par jour d’ici à fin avril pour soulager des hôpitaux débordés et, à plus long terme, sortir du confinement. De même, il promet de fournir dans l’urgence des dizaines de milliers de lits d’hôpitaux, après l’inauguration d’un immense hôpital de campagne à Londres.

D’autres mesures ont été également adoptées dans le secteur du Transport. Le gouvernement prévoit ainsi de verser 167 millions de livres aux compagnies de bus en Angleterre pour éviter des faillites et assurer la continuité du service en pleine pandémie.

Le ministre des Transports Grant Shapps a expliqué dans un communiqué qu’il “était essentiel que des lignes de bus continuent de fonctionner pour transporter les personnes qui ne peuvent pas travailler de la maison”.

Ce plan de soutien au secteur du transport exige toutefois que les compagnies de bus maintiennent un service suffisant qui fasse en sorte que les passagers soient espacés pour éviter les contaminations. De même le gouvernement a annoncé qu’il prendrait temporairement le contrôle effectif des lignes ferroviaires dans le pays pour éviter des faillites face à la chute de fréquentation.

Sur la plan économique, la banque centrale d’Angleterre a abaissé le taux directeur des banques de 0,75% à 0,25%, soit le taux le plus bas de l’histoire. De son côté le ministre britannique des Finances, Rishi Sunak, avait inclus dans son premier budget post-Brexit, un plan de 30 milliards de livres visant à alléger le poids du coronavirus sur l’économie.

Il avait aussi annoncé que 330 milliards de livres sterling de prêts- équivalant à 15% du PIB – seront destinés à aider les entreprises à payer leurs fournitures, leur loyer et leurs salaires. De même qu’il avait promis de payer 80% des salaires des employés qui verront leurs emplois suspendus.

Pourtant, aussi stricte ou audacieuse qu’elle soit, la réaction du gouvernement est toujours jugée “tardive” par une bonne partie des Britanniques qui l’accusent de “ne pas avoir assuré suffisamment de tests de dépistage, notamment au profit du corps soignant”, à l’image de ses voisins européens, l’Allemagne en l’occurrence, qui a réussi à réduire le nombre de décès dus au virus, malgré le nombre de contaminations recensées quotidiennement.

Au tout début, le premier ministre britannique avait préféré de repousser autant que possible le confinement total du pays pour ne pas provoquer un arrêt cardiaque de l’économie, avant le début du “pic”, estimant sur la base des recommandations de ses conseillers scientifiques, que la fermeture des écoles et des établissements scolaires aura “un impact moins bénéfique” pour le pays, si elle est imposée pendant longtemps.

La stratégie du dirigeant conservateur lui a valu des critiques virulentes de la part de la presse et d’une partie de la population l’accusant de : “vouloir sacrifier des vies, en faveur de l’économie” en tolérant une “immunité grégaire” : une méthode scientifique selon laquelle l’épidémie serait enrayée si un certain pourcentage des individus (+ 80%) est déjà affecté par le virus.

Bien que le conseiller scientifique du gouvernement Patrick Vallance eut défendu l’exécutif, en soulignant que les déclarations du gouvernement “ont été mal comprises” et que cette stratégie fait partie du plan d’urgence lancé par l’exécutif pour faire face à la pandémie, mais ne constitue pas le socle de ce plan, cette théorie revient sur scène après une déclaration de Graham Medley, conseiller principal du gouvernement.

M. Medley avait ainsi déclaré au quotidien The Times qu’un confinement prolongé risque de causer plus de dégâts que le virus lui-même, notant que le pays devait faire face “au choix de sacrifier les jeunes ou les personnes âgées”.

Le professeur Medley, membre de l’organisme scientifique clé qui guide la réponse du gouvernement a également déclaré au journal que le “Royaume Uni devait envisager d’autoriser les gens à attraper le virus de la manière la moins meurtrière possible, plutôt que de laisser le chômage, la violence domestique et les problèmes de santé mentale augmenter indéfiniment”.

Ceci dit, cette mesure demeure toujours envisageable. La pandémie s’est même attaquée aux personnalités publiques les plus influentes du pays. En plus du prince héritier Charles, désormais guéri, le Premier ministre Boris Johnson, qui souffre toujours d’une “fièvre”, et le ministre de la Santé, Matt Hancock. Figure aussi sur la liste le célèbre comédien britannique de Star Wars, Andrew Jack, décédé des suites de la maladie.

Par ailleurs, la courbe de contamination continue d’augmenter. Depuis le début de la semaine dernière, le pays marque des records quotidiens de décès dus à la pandémie.

Samedi plus de 700 décès, alors que vendredi 684 décès supplémentaires avaient été dénombrés, après une hausse de 569 jeudi, 563 mercredi et 381 mardi, tandis que le total des contaminations s’approche dangereusement de 50.000 cas, faisant du Royaume Uni, l’un des pays les plus touchés par le virus dans le monde.

Lire aussi

Un quotidien britannique met en lumière les atouts qui font du Maroc “la première destination touristique d’Afrique”

samedi, 16 novembre, 2024 à 13:25

Le quotidien britannique “The Telegraph” a mis en avant, vendredi, la diversité du paysage touristique du Maroc, qui s’est imposé comme “la première destination touristique d’Afrique en 2024”.

Trois questions à Hubert Seillan autour de son nouveau livre «Communauté de destins»

samedi, 16 novembre, 2024 à 12:06

Grand ami et connaisseur du Maroc qu’il considère comme son pays de cœur, Hubert Seillan, avocat et professeur de droit, vient de publier aux éditions “La Croisée des Chemins” le premier tome de son nouveau livre “Communauté de destins”.

Dakhla: Des experts mettent en avant la pertinence du plan marocain d’autonomie

samedi, 16 novembre, 2024 à 11:52

Des experts et universitaires marocains et africains ont mis en avant, vendredi à Dakhla, la pertinence du plan marocain d’autonomie, présenté par le Royaume pour résoudre définitivement le conflit artificiel autour du Sahara marocain.