Karla Osorio, une galeriste brésilienne conquise par l’art marocain, acquise à son émancipation

Karla Osorio, une galeriste brésilienne conquise par l’art marocain, acquise à son émancipation

mercredi, 4 mars, 2020 à 16:07

Par -Khalid ATTOUBATA-
Brasília – A des milliers de kilomètres de Marrakech, son “amour de toujours”, Karla Osorio, une galeriste brésilienne qui a dédié sa vie à l’art contemporain, conserve des toiles d’artistes marocains, des bijoux d’artisanat et des vêtements traditionnels.

A chaque fois qu’elle les montre à ses hôtes, c’est avec émotion, fierté, délicatesse, et un petit discours sur l’amour qu’elle porte à l’égard d’un pays qui l’a marqué à jamais, par sa culture, son ancestralité, la beauté de ses lieux, et surtout par l’œuvre de ses artistes.

Ces objets, notre galeriste chevronnée, qui collectionnait déjà à l’âge de 15 ans, les avait apportés lors de ses multiples périples au Maroc, où elle a été notamment séduite par la ville ocre, ses souks, sa médina et ses édifices qui constituent, dira-t-elle, une belle toile dessinée d’elle-même.

Pour rencontrer Mme Osorio, la tâche n’est pas vraiment chose compliquée. A moins qu’elle soit dans l’un de ses voyages, durant lesquels elle sillonne les galeries et les musées, elle est confinée dans sa galerie “Karla Osorio”, à une dizaine de kilomètre du centre de la capitale brésilienne, à l’abri des pluies imprévisibles ces jours-ci à Brasilia et des sonorités assourdissantes du carnaval.

Dans cette galerie même, une exposition de l’artiste marocain, Hassan Bourkia a été organisée en septembre dernier sur la thématique des “Parcours de la matière”, un projet de cœur de la galeriste de 53 ans, qui estime que “l’art marocain mérite d’être mis en avant et connu à l’international”.

A ce propos, elle affirme, dans un entretien à la MAP à l’occasion de la Journée internationale de la femme, que les œuvres de l’artiste marocain sont toujours exposées un peu partout au Brésil, notamment à Sao Paulo et à Rio De Janeiro.

Au-delà de cette résidence artistique, Karla Osorio envisage d’inviter d’autres artistes marocains, dans le cadre de ce pont qu’elle dit vouloir consolider dans les deux sens entre le Brésil et le Maroc”.

“Je suis intéressée par les œuvres et les artistes engagés dans les thèmes, c’est-à-dire des artistes qui ont quelque chose de nouveau et des messages à présenter”, confie la femme qui a abandonné son métier d’avocate, celui de son père également, pour s’adonner à l’art contemporain, sa “passion”.

Pour la native de Brasília, capitale du Brésil depuis l’an 1960, “il y a beaucoup d’artistes marocains qui méritent d’être connus à l’international, dont notamment ceux qui proposent des travaux très engagés, des œuvres qui, tout en étant esthétiques, frappent par leur force et leur volet poétique”. “Et beaucoup d’artistes marocains ont cette capacité à donner une portée philosophique à leurs travaux”, insiste-t-elle.

A la question de savoir quels sont les artistes marocains préférés de la galeriste brésilienne, elle cite notamment Mohammed Arejdal, Larbi Cherkaoui, Farah Khalil, Safae Erruas, Roumond Hozioune et Laila Essaidi.

Tout en se félicitant de la création du Musée Mohammed VI d’Art Moderne et Contemporain, Karla estime que la scène artistique marocaine connait une véritable dynamique, notamment à Marrakech où plusieurs musées ont ouvert récemment.

Or, l’émotion n’envahit vraiment la galeriste brésilienne que lorsqu’elle commence à se remémorer ses voyages au Maroc, dont le premier fut en 1991. “Depuis lors j’ai commencé à adorer tout ce qui a trait au Maroc, les couleurs, les matières, les saveurs et les traditions”, ajoute-elle, l’aire ému et le ton brusquement bouleversé.

Karla Osorio se rappelle ainsi sa rencontre avec l’artiste marocaine, Laila Essaidi “qui fait un travail magnifique, avec des silhouettes, des couleurs et des lettres, le tout véhiculant des histoires touchantes de femmes de différents horizons”.

“Je ne cesse de raconter cet amour. Je suis fasciné par l’histoire, l’ancestralité et la culture millénaire du Royaume, sans oublier cette convivialité incroyable du Maroc avec l’Occident”, poursuit-elle, incapable de cacher ses grimaces nostalgiques derrière ses lunettes.

“J’admire le Maroc aussi pour la beauté de ses villes impériales, l’architecture et le désert somptueux. Il existe très peu de pays qui ont la richesse et la variété dont jouit le Royaume”, explique la Brésilienne, qui dit qu’à chaque fois qu’elle va au Maroc elle a cette envie de tout ramener avec elle.

Et d’enchaîner qu’”après avoir participé à une biennale à Marrakech il y a six ans, j’ai pu encore une fois me rapprocher davantage de l’art marocain et de connaitre plusieurs de ses hommes”.

Rappelant aussi une visite en 2018 avec la fondation parisienne “quartier”, dont elle fait partie, Karla Osorio affirme que sa volonté “est de faire connaitre davantage l’œuvre des artistes marocains, qui ont des messages forts à passer pour le public mondial, notamment brésilien”.

De si loin du Maroc, la galeriste brésilienne aux sept langues parlées continue de lire sur le Maroc et caresse le rêve de voir les échanges artistiques culturels s’intensifier dans les deux sens entre le Maroc et le Brésil, ce qui ne serait que plaisir et accomplissement pour une femme assoiffée de culture et d’art marocains.

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