Afrique du Sud: Ramaphosa dévoile un programme détaillé pour raviver l’économie

Afrique du Sud: Ramaphosa dévoile un programme détaillé pour raviver l’économie

vendredi, 14 février, 2020 à 12:08

-Par Abdelghani AOUIFIA-

Johannesburg – Au pouvoir depuis deux ans, le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, a dévoilé, jeudi soir, devant le parlement de son pays un programme détaillé visant à raviver l’économie en perte de vitesse depuis plusieurs années.
Interrompu à plusieurs reprises par les députés de l’Economic Freedom Fighters (EFF), le parti de l’opposition né d’une sécession en 2012 d’une faction de l’ANC (au pouvoir) conduite par Julius Malema, Ramaphosa a rehaussé, parfois, le ton face à une crise économique et sociale qui s’enlise, menaçant ce pays, au passé douloureux, d’implosion.
Sans ambages, Ramaphosa a mis le doigt dès le début de son discours, largement suivi par la population d’un pays meurtri par la crise, sur les racines des maux dont souffre l’Afrique du Sud, à savoir les fondamentaux de l’Etat fragilisés par la corruption et la mauvaise gouvernance.
« Cette année, nous allons réparer les fondamentaux », a dit Ramaphosa dans ce discours sur l’état de la Nation, qualifié du « plus important » depuis celui prononcé par l’icône Nelson Mandela en 1994, peu après le démantèlement du régime de l’apartheid.
Le chef d’Etat sud-africain, de plus en plus critiqué pour son manque d’action pour régler les problèmes du pays, s’est, par la suite, lancé dans un exercice d’identification des priorités de son équipe, une sorte de « to-do list».
Dans la foulée, il a annoncé une série de mesures en faveur des jeunes, le but étant de s’attaquer au chômage, cette épine qui fait chanceler l’Afrique du Sud postapartheid.
Le plan présidentiel d’intervention prévoit six priorités orientées vers la création d’opportunités d’emploi et d’auto-emploi.
La nouvelle stratégie intervient quelques jours seulement après la publication de chiffres officiels, indiquant que le chômage se situe à 29 pc de la population active, soit le niveau le plus élevé depuis 11 ans. Dans les rangs des jeunes, le taux grimpe à 53 pc.
Pour placer le pays sur une trajectoire vers la résorption du chômage, Ramaphosa a appelé ses concitoyens à « resserrer les ceintures » pour pouvoir rediriger les ressources nécessaires vers le règlement de ce qu’il a qualifié de « crise nationale du chômage des jeunes ».
Comme attendu, Ramaphosa a évoqué la grave crise de l’électricité dans son pays, avec des coupures du courant devenues quasi-régulières sapant la confiance des investisseurs. Il a reconnu que ces coupures ne devront pas prendre fin prochainement.
Cette crise a eu un impact négatif sur l’économie et sur les citoyens, a encore dit Ramaphosa, ajoutant que les délestages ont porté une grave atteinte aux efforts visant à relancer l’économie et créer des emplois.
En dépit des mesures qu’il a énumérées dans ce contexte, il n’a pas fourni de détail au sujet de la façon dont son gouvernement compte régler les problèmes de la compagnie nationale d’électricité, ESKOM, dont la dette s’élève à plus de 30 milliards de dollars.
Sur le plan financier, Ramaphosa a annoncé la création d’un fonds souverain et d’une banque étatique dans le but d’élargir l’accès des Sud-Africains aux services financiers.
Aucune date n’a été annoncée pour la réalisation de ces deux projets.
L’opposition n’a pas laissé filer l’occasion pour épingler le président, estimant que ce dernier a raté de nouveau l’occasion pour se montrer décisif sur les nombreux dossiers épineux.
Ils ont notamment cité la situation des entreprises publiques qui traversent une grave crise. Pratiquement toutes les grandes compagnies nationales, d’ESKOM en passant par le transporteur national (SAA) et la compagnie nationale d’armement Denel, sont menacées d’effondrement.
Rongées par la corruption et la mauvaise gouvernance, ces entreprises ne survivent, dans leur quasi-totalité, que grâce aux plans de sauvetage du gouvernement.
Dans son discours, Ramaphosa a reconnu que la corruption, la mauvaise gestion et « la Capture de l’Etat » ont sapé les entreprises publiques. En dépit de ce diagnostic, Ramaphosa s’est contenté d’annoncer le début d’une consultation en vue de mettre en œuvre un processus de rationalisation de ces compagnies pour les rendre plus fiables.
Le discours sur l’état de la Nation intervient au moment où l’Afrique du Sud traverse son plus long cycle de ralentissement économique depuis la deuxième guerre mondiale.
En 2019, le pays n’a pas pu faire mieux qu’un taux de croissance quasi-nul de 0,5 pc. Pour 2020, les institutions de Bretton Woods, Banque mondiale et Fonds monétaire international, prévoient une croissance tout aussi faible de 0,8 pc ou, au mieux, de 1 pc.
Les analystes estiment que le discours de jeudi-soir a eu l’allure d’« une déclaration d’intentions » de la part d’un président qui n’a pas cessé, depuis février 2018, de multiplier des promesses jusque-là restées sans lendemain.
Les critiques dirigées contre le président, jusqu’à présent assez timides, pourraient gagner en virulence en cas de nouveau échec de traduire en réalité les promesses contenues dans le long discours prononcé devant les députés de la Nation Arc-en-Ciel.

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