Le Traité de Marrakech érige les déficients visuels en acteurs actifs de la société

Marrakech – Le traité de Marrakech est un document “historique” qui érige les déficients visuels en acteurs actifs disposant d’un potentiel bénéfique pour l’ensemble de la société, a souligné Omar Hilale, Ambassadeur, Représentant Permanent du Royaume du Maroc auprès de l’Office des Nations unies à Genève.

“Nous sortons aujourd’hui avec un traité historique parce qu’il est le premier du genre, une deuxième génération des droits d’auteur de la doctrine des conventions de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI)”, a souligné M. Hilale dans une déclaration à la MAP à l’issue de la cérémonie d’adoption du traité visant à faciliter l’accès des déficients visuels et des personnes ayant des difficultés de lecture des textes imprimés aux uvres publiées, ajoutant que “c’est la première fois dans l’histoire de l’OMPI que ses membres s’accordent sur des exceptions et des limitations, alors que la doctrine de l’organisation focalise foncièrement sur la protection des droits d’auteur”.

“C’est un grand jour pour Marrakech, pour le Maroc et surtout pour la communauté internationale qui a signé le traité de Marrakech qui ouvre des perspectives importantes pour les déficients visuels”, s’est félicité le diplomate, qui se déclare “très heureux que cela se fasse au Maroc”.

S’agissant du processus qui a mené à la conclusion du traité de Marrakech, M. Hilale a fait observer que “les choses n’étaient pas faciles”. En décembre dernier, a-t-il poursuivi, “peu de gens croyaient à la conclusion d’un tel traité, les divergences étant abyssales” entre pays en développement et pays du Nord.

Pour débloquer une telle situation, le Maroc a proposé que les comités mandatent un facilitateur en la personne du chef de la délégation du Pérou et que les négociations se déroulent en dehors du palais des congrès pour qu’elles restent dans une sorte de conclave, a indiqué M. Hilale, ajoutant que cette approche a été “concluante” dans le mesure où dans l’espace de quatre jours, on avait 38 points de divergences, puis 25, ensuite dix, avant de tout régler dans le respect des positions des uns et des autres .

Selon le diplomate marocain, l’important message royal à la conférence et l’engagement de la délégation du royaume dans les négociations, ont contribué au succès de cette conférence et à la conclusion de ce traité.

En ouvrant la voie à tous les déficients visuels et personnes ayant des difficultés de lecture des textes imprimés dans le monde entier aux uvres protégées par le droit d’auteur, on leur donne la possibilité de devenir des acteurs à part entière dans le développement socioéconomique de leurs pays respectifs, a insisté le diplomate. “Si on leur donne les conditions d’accéder au savoir, les déficients visuels peuvent faire preuve de créativité et de génie”, a-t-il dit, rappelant que “le monde a connu et connaît de grandes personnalités littéraires et scientifiques qui souffrent des déficiences visuelles”.

Grâce aux dispositions de ce traité, les pays vont devoir coopérer entre eux et échanger les bonnes pratiques pour mettre à niveau leurs institutions récipiendaires, les ONGs qui s’occupent des déficients visuels et leurs politiques nationales, a indiqué le diplomate, ajoutant que cela va être possible grâce au programme de coopération qui va être institué par l’OMPI.

A cet égard, les ONGs vont être mises sur pied ou mises à niveau, et ce pour tirer les enseignements des bonnes pratiques dans les autres pays, notamment ceux du Nord, et partant créer des synergies entre elles pour faciliter l’accès des déficients visuels aux textes imprimés, a-t-il relevé.

La dimension coopération est “très fondamentale”, notamment pour les pays en développement qui n’ont pas les moyens ni institutionnels ni techniques, et encore moins les finances, pour venir en aide aux déficients visuels, a fait remarquer M. Hilale, estimant que la signature de ce traité “est un acte politique”, mais sa mise en uvre “requiert des moyens et un savoir-faire”, ce qui ne peut se faire que dans le cadre d’une coopération globale au sein de l’OMPI.

Les Etats membres de l’OMPI ont adopté, jeudi, le traité de Marrakech visant à améliorer l’accès des déficients visuels et personnes ayant des difficultés de lecture des textes imprimés dans le monde entier aux uvres protégées par le droit d’auteur, lors de la Conférence diplomatique pour la facilitation de l’accès des déficients visuels aux uvres publiées, qui s’est tenue dans la cité ocre du 18 au 28 juin.

Propos recueillis par Omar Er-rouch.