25-è anniversaire de l’UMA: une profonde léthargie qui prend en otage l’avenir de la région

25-è anniversaire de l’UMA: une profonde léthargie qui prend en otage l’avenir de la région

samedi, 15 février, 2014 à 11:03

Rabat – Vingt-cinq ans après la création de l’Union du Maghreb Arabe (UMA), ni les liens historiques et civisationnels entre les peuples, ni le destin commun, ni les défis économiques et sécuritaires qui se dressent devant les cinq pays de la région n’ont aidé à relancer cette institution. Seule une réelle volonté politique de surmonter les différends et d’avancer sur la voie d’un développement maghrébin équilibré peut sortir cet espace de sa profonde léthargie.

En l’absence d’une véritable union, c’est le citoyen maghrébin qui en paie le coût financier, économique, politique et humain. Et il en est bien conscient qu’il n’y a point d’avenir à ce groupement sans que les pays maghrébins ne décident d’y investir leurs ressources naturelles et humaines d’unir leurs voix.

Partant de l’importance des groupements régionaux dans le monde d’aujourd’hui et des mutations accélérées que connait la région notamment en ce qui concerne la situation sécuritaire dans certains pays de l’UMA et dans la zone du Sahel et du Sahara, l’action commune s’impose tout naturellement.  Une action qui requiert la fédération des efforts de l’ensemble des composantes de l’UMA, non seulement pour des enjeux économiques et de développement, mais aussi pour faire face au danger que représentent les groupes terroristes qui ont trouvé dans la région un terreau fertile pour mettre à exécution leurs desseins.

Dans ce sens, le chercheur et universitaire Manar Slimi, de la faculté de droit de Rabat-Agdal, souligne que malgré les changements dans l’ordre international depuis la fin des années 1980, l’UMA n’a pas connu d’évolution, notant que ‘’la structure existe certes, mais elle ne fonctionne pas.

Les transformations régionales des sept dernières années ont montré que ‘’la paralysie qui frappe cette organisation maghrébine est devenue une source de dangers sécuritaires, a-t-il estimé dans un entretien à la MAP, relevant que cette période a été marquée par le resserrement des rangs de l’organisation d’Al Qaida au Maghreb islamique, l’établissement de liens entre les groupes terroristes et les trafiquants d’armes et de drogues, la naissance du groupe d’Ansar Al Chariaa en Libye et en Tunisie.

A cela s’ajoute, a-t-il poursuivi, le vide religieux dans certains pays maghrébins et la tentative d’Alger d’exclure le Maroc des questions sécuritaires au Sahel, ce qui avait conduit à la crise malienne qui constitue encore aujourd’hui un danger pour la région maghrébine. Il a souligné aussi que le sud-ouest libyen est devenu le point de départ de toutes les organisations terroristes vers le Mali.

De nombreux rapports accablent également dans ce sens l’Algérie pour sa responsabilité dans les erreurs commises dans la région ainsi que son obstination à poursuivre son soutien au ‘’Polisario’’, entité créée par l’armée algérienne et par le régime de Kadhafi et souvent servie pour entraver la construction maghrébine, a-t-il souligné.

Et l’instabilité sécuritaire dans la région ne va qu’aggraver la situation, surtout après ‘’le printemps arabe’’ qui a semé le chaos dans certains pays.

A cet égard, Manar Slimi voit que les pays maghrébins ont emprunté des chemins différents. Contrairement au Maroc, qui vit dans un climat de stabilité en raison des réformes constitutionnelles et politiques qu’il a engagées, et à la Tunisie qui cherche à asseoir un équilibre politique et qui a été rendue possible grâce au compromis trouvé entre le parti Ennahda et les autres formations, l’Algérie vit une situation difficile à cause du conflit interne sur le pouvoir, le vide religieux et les problèmes sociaux et ethniques.

La même incertitude plane sur la Mauritanie, relève l’universitaire, mettant en garde contre la présence sur le sol mauritanien de groupes terroristes qui viennent du sud de l’Algérie et du nord du Mali.

En fait, sans être un expert politique, tout un chacun peut constater que le blocage de l’UMA est dû essentiellement aux tensions dans les relations entre le Maroc et l’Algérie, à cause de la question du Sahara marocain et de la fermeture des frontières entre les deux pays. La renaissance de cet espace dépend donc essentiellement de la résolution de cette question et de l’ouverture des frontières.

A cet effet, Manar Slimi voit que l’Algérie s’obstine à garder les frontières fermées en pensant que le Maroc pourrait être le véritable gagnant. Pourtant, note-il, ‘’le contexte actuel nous apprend que cette ouverture représente un danger pour le Maroc, à cause des contradictions et de l’opacité du paysage politique actuel en Algérie, qui s’apprête à entamer une année difficile’’.

Abondant dans ce sens, l’universitaire a rappelé qu’après avoir hébergé et soutenu le ‘’Polisario’’, Alger est passé durant les deux dernières années à l’étape des provocations dirigées contre l’intégrité territoriale du Royaume, ajoutant que les responsable algériens n’ont pas saisi les messages de la communauté internationale, notamment les retraits successifs de la reconnaissance du Polisario, la résolution onusienne d’Avril 2013, la position du SG des Nations unies qui a qualifié les camps de Tindouf  de ‘’bombe à retardement’’ et le communiqué maroco-américain conjoint pour le financement de projets de développement dans les provinces du sud.

‘’L’actuel pouvoir algérien, qui s’est embourbé en liant le conflit du sahara à son jeu politique interne, refuse d’opérer des réformes internes en Algérie, en se cachant derrière la question du Sahara’’, a souligné Slimi, ajoutant que les dirigeants algériens instrumentalisent cette question pour entretenir la tension avec le Maroc et ajourner les revendications de réforme.

Face à cette léthargie, le Maroc s’est mis à tisser des alliances économiques et stratégiques avec d’autres groupements régionaux et a réussi à s’ériger en partenaire actif notamment au sein du vaste espace africain et de l’union pour la méditerranée, sans oublier son partenariat avec le Conseil de la coopération du Golfe et son statut avancé auprès de l’Union européenne.

‘’La diplomatie marocaine a vite compris que face à l’entêtement algérien, la concrétisation de l’UMA n’est pas pour demain et s’est donc orientée vers le Golfe et l’Afrique, tout en diversifiant ses partenaires’’, a-t-il dit, citant à cet effet l’Union européenne, les Etats-Unis, la Russie et la Chine.

Il a ajouté que le Maroc a réussi à mettre sa position géostratégique au service de sa politique étrangère, en mettant en avant son rôle de trait-d’union entre l’Europe, l’Afrique et l’Amérique.

Enfin, si la renaissance de l’UMA et l’aboutissement du projet d’intégration maghrébine restent tributaires, en premier chef, d’une véritable volonté politique qui dépasse tout égoïsme et calculs étriqués, il importe toutefois de privilégier la langue des intérêts stratégiques mutuels et de relever, ensemble, les défis et dangers qui guettent la région. C’est alors que cette union aura une raison d’être.

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