Washington: Une rentrée politique avec en point de mire des élections de mi-mandat à hauts risques pour le Président Obama

-Par Fouad ARIF-.

Washington – Il y a un an, le Président Barack Obama a été réélu pour un second mandat à la tête de l’Exécutif américain, une victoire qui a entrainé dans son sillage une progression -bien que modeste- des Démocrates à la Chambre des représentants, avec la promesse de traduire sur le terrain un agenda législatif des plus ambitieux en matière de santé, d’éducation, d’immigration, de contrôle des armes à feu, de création d’emplois, de réformes fiscales et de relèvement de salaires minimums ou encore de changement climatique.

Une année plus tard, ces projets de réformes font les frais d’un blocage qui a atteint dans sa gravité une dimension historique au Congrès entre Républicains, phagocytés par les conservateurs radicaux du “Tea Party”, et des Démocrates, dont une bonne partie a été “scandalisée” puis très critique vis-à-vis des couacs à répétition rencontrés par le site de l’Obamacare, l’assurance maladie censée symboliser le fleuron des réformes qu’Obama veut léguer à une société américaine qu’il veut solidaire et attentive aux besoins des plus démunis.

Ce bilan peu reluisant s’est traduit par une chute de la cote de popularité du Président Obama dans les sondages et tout particulièrement au sein des groupes qui constituaient le socle de sa base électorale, à savoir les indépendants, les jeunes, les hommes, les femmes et chez les électeurs blancs. Même son de cloche chez les Hispaniques qui s’étaient portés massivement sur Obama aux présidentielles de 2012. Seuls les électeurs afro-américains semblent encore derrière le Président.

Il existe un consensus chez les observateurs selon lequel cette chute dans les études d’opinion aura un “impact certain” lors des élections de mi-mandat pour le renouvellement des sièges du Sénat et de la Chambre des représentants prévues au mois de novembre 2014.

Les chances des Démocrates de reprendre le contrôle de la Chambre basse sont quasi nulles, selon les différents médias américains, alors que le maintien de leur contrôle au Sénat est mis en doute.

Une majorité de sondages indique, à ce sujet, que 38 à 41 pc des électeurs affirment qu’ils voteraient pour le candidat républicain au congrès, alors que les électeurs Indépendants disent soutenir le GOP à hauteur de 41 pc contre 28 pc en faveur des Démocrates. Les personnes sondées affirment également souhaiter -par une marge de 42 à 47 pc- voir les Républicains reprendre le contrôle du Sénat.

Une récente étude d’opinion réalisée par CNN/ORC confirme ces tendances et démontre que pas moins de 55 pc des électeurs enregistrés indiquent qu’ils voteraient vraisemblablement pour le candidat au congrès qui “opposerait le Président”.

Les stratégistes démocrates s’alarment également du fossé en matière d’enthousiasme qui a atteint chez les électeurs républicains 36 pc, alors qu’il n’est que de 22 pc chez la base électorale démocrate.

Si les élections de mi-mandat connaissent un épilogue défavorable aux Démocrates, les deux dernières années du Président Obama à la tête de l’exécutif US risqueront d’être “difficiles”. Dans la conjoncture actuelle, il est protégé par un Sénat à majorité démocrate qui arrive à contrebalancer la domination du GOP à la Chambre des représentants.

La perte de la Chambre haute laisserait Obama avec l’unique option de brandir son véto à chaque fois que les Républicains proposeront un projet de loi que le locataire de la Maison Blanche verrait d’un mauvais oeil. Le risque est qu’il pourrait s’agir d’une législation qui pourrait être populaire aux yeux des Américains. Les nominations du Président dans les plus hauts échelons de l’appareil judiciaire et exécutif risquent aussi d’être bloqués par un congrès sous domination GOP.

Selon les observateurs, le Président Obama se retrouvera alors face au choix cornélien de “modérer” sa politique interne et s’atteler à aider les Démocrates dans leur conquête du Congrès, ce qui aura pour vertu d’atténuer les difficultés de ses deux dernières années à la Maison Blanche, ou alors continuer sur la même voie, ce qui équivaudrait à une chute de sa cote de popularité pour lui-même, mais aussi pour les Démocrates qui briguent des sièges au congrès.

Dans la conjoncture actuelle et au fur et à mesure que l’on s’approche des présidentielles de 2016, les Démocrates commenceront la quête de leur prochain champion ou championne pour assurer la continuité du parti à la tête de l’exécutif américain. Hillary Clinton apparaît comme la candidate la plus à même de succéder à Obama, les études d’opinion la donnant de loin favorite devant tout autre candidat démocrate potentiel.

Même scénario pour les Républicains qui seraient galvanisés par une reconquête au Sénat qui les encouragerait alors à s’unir. En attendant les sénateurs Rand Paul, Ted Cruz, ou encore le gouverneur Chris Christie, voire l’ancien gouverneur de Floride Jeb Bush tâtent déjà le terrain et se verraient bien hériter du maroquin du bureau ovale.