“Le sang du mort” et “Kararat Al Khayt” : Révélations amères d’une tragédie humaine des marocains expulsés de l’Algérie

Rabat – “Kararat Al Khayt” et “Le sang du mort”, deux ouvrages à travers lesquels les écrivains Jamal El Othmani et Salem Moqran mettent en lumière la tragédie humaine qu’ils ont vécue avec leurs familles lorsque les autorités algériennes ont décidé, en 1975, d’expulser des milliers de Marocains, les condamnant ainsi à faire face à une condition douloureuse et à repartir à zéro, ont été présentés ce samedi à Rabat, lors d’une cérémonie organisée par l’Instance marocaine des droits de l’Homme.

S’exprimant à l’occasion de cette rencontre, initiée en collaboration avec le Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) 38 ans après l’expulsion collective et abusive de Marocains qui ont vécu en Algérie pendant des décennies, les deux écrivains ont évoqué l’ampleur de cette injustice commise par l’Algérie à l’encontre de citoyens marocains, faisant fi de l’innocence d’enfants et de l’impuissance de femmes et de vieillards qui ont combattu aux côtés de leurs frères algériens pour l’indépendance de leur pays.

Ainsi, Salem Moqran décrit, à travers les 16 chapitres de son ouvrage, la façon avec laquelle des milliers de marocains ont été expulsés de “sang-froid” de leurs maisons et comment leurs biens ont été spoliés et leurs enfants déplacés soudainement, ce qui a causé pour plusieurs d’entre eux de grands traumatismes psychiques.

Agé à l’époque de 21 ans, Moqran se rappelle toujours de l’accueil chaleureux qui a été réservé dans le pays aux 45.000 Marocains expulsés d’Algérie, une sympathie qui les a aidés à surmonter le sentiment d’amertume dû aux traitements inhumains qu’ils ont endurés dans les postes de police algériens lors d’un hiver glacial en 1975 avant leur déportation.

Son confrère, Jamal El Othmani, relate avec le même sentiment d’amertume, à travers son ouvrage “kararat Al Khayt”, comment son enfance lui a été volée lorsqu’il a été, avec sa famille, sévèrement expulsé et comment l’image de l’école, de ses amis d’enfance et de ses bons voisins a été défigurée.

“Kararat Al Khayt”, nous dit Jamal EL Othmani, est une autobiographie d’un homme brisé à cause d’une expulsion forcée lors d’un hiver glacial, devenu victorieux le jour où il a révélé, via un langage enfantin, les épisodes de son expulsion de façon inhumaine et qui a laissé en lui une profonde et incurable blessure.

Cette expulsion abusive dont été victimes des milliers de Marocains restera à jamais un point noir sur dans l’histoire de l’Algérie, a-t-il martelé.

Selon lui, l’ouvrage apporte une contribution pour briser le silence et constitue une brique dans l’édifice de l’histoire du Maroc et de la mémoire nationale.

L’écrivain a appelé à conjuguer les efforts de tous les acteurs concernés par cette question, pour accorder à leur cause l’importance qu’elle mérite, tant sur le plan des droits de l’Homme que sur celui de la recherche académique.